Société
Mais qu’est-ce qui a manqué ? Cette question est du Premier ministre, Sylvestre Ilunga Ilunkamba, visiblement pétrifié par l’état d’abandon du parc agro-industriel de Bukanga Lonzo. « L’amour du pays », lui répond son ministre de l’Agriculture, Joseph-Antoine Kasonga, qui l’accompagnait, ce mercredi 19 août 2020, vivre ce que des élus, non pas CACH mais labellisés FCC qualifieront de désastre financier. Il s’en suit une vive polémique sur le rôle de Matata Ponyo dans le gouffre de Bukanga Lonzo, notamment à travers des médias interposés.
« S’il y a eu mauvaise gouvernance dans ce projet, il faut que les responsabilités soient établies et que les corrections soient faites », a déclaré l’ancien Premier ministre Matata Ponyo, selon le site 7/7.cd.
L’ex-Premier ministre devenu député national reconnaît tout de même que le financement de ce programme s’est arrêté à fin décembre 2016 qui marque le départ de son équipe gouvernementale. « J’ai toujours été le mal aimé du parti de Kabila », dira Matata Ponyo à Jeune Afrique, annonçant Le 12 mars 2021 qu’il quittait le Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD) ainsi que le Front commun pour le Congo (FCC), pour des raisons de convenances personnelles. « Ce n’est pas lié à une demande extérieure », a-t-il ajouté.
Donc le camp Tshisekedi n’a jamais machiné une transhumance politique de Matata Ponyo, à en croire ses propres dires. Si l’ancien ministre des Finances (sous Adolphe Muzito) puis Premier ministre estime qu’il est victime d’un procès politique, il devrait alors pointer du doigt son ex-famille politique. Quelques mois plus tôt, avant même que le chef de service de l’IGF, Jules Alingete Key, ne lance des investigations sur le montage financier du projet Bukanga Lonzo, le sénateur Matata Ponyo a, au cours de la séance plénière du vendredi 5 juin 2020, présenté un exposé, en mode one man show, intitulé « l’émergence par le leadership et la gouvernance ».
En intelligence avec son mentor et président du Sénat, Alexis Thambwe Mwamba, Matata Ponyo s’y est affiché comme l’homme de la situation et Premier ministre idéal face à la crise conjoncturelle que traversait la RDC alors même qu’un gouvernement de coalition tshisekedistes (CACH) et kabilistes (FCC) dirigeait le pays. L’initiative de Matata a été très mal digérée. Et en réaction aux estocades de Matata, qui s’est employé à échafauder des statistiques comparatives par rapport à la gestion Ilunga Ilunkamba, ce dernier improvisera la visite de Bukanga-Lonzo avec une compagnie des journalistes, comme montrer à l’opinion « les prouesses financières » de l’homme à la cravate rouge. Et Ilunga Ilunkamba ne s’arrête pas là. Fin octobre 2020, le Premier ministre charge officiellement la ministre près le premier ministre, la PPRD Jacqueline Penge Sanganyoi, d’auditer la myriade de services non identifiés et budgétivores créés par Augustin Matata Ponyo Mapon et greffés à la primature.
Dans son envie brûlante de revenir à la primature, Matata Ponyo avait déjà fait, à l’occasion de la sortie de sa revue Congo Challenge, l’apologie de « la tempête orageuse » de l’économie congolaise sous Tshisekedi, du coup, sous Ilunkamba, apologie de la crise sociale, donc politique en oubliant l’érection du partenariat stratégique qui a étendu et amplifié indûment le régime d’exonérations fiscales sans citer la multiplication du nombre d’entités territoriales, en rajoutant plus de 500 d’un coup, à la veille de l’alternance… Dans la Kabilie, l’on estime que Matata en fait trop alors qu’il a un poulain au ministère des Finances, Sele Yalaghuli, qui a offert des marchés ténébreux, de gré à gré, pour des millions de dollars, à Congo Challenge.
Agacé, Aubin Minaku, ex-speaker PPRD de l’Assemblée nationale, n’a pas manqué de recadrer Matata Ponyo. « D'aucuns se posent plusieurs questions sur la situation socioéconomique actuelle du pays. Pour une frange de l’opinion, on se demande pourquoi, contre toute attente, nous nous sommes retrouvés dans une situation de profonde précarité au moment où le pays devait bénéficier des retombées d’une croissance proche de 10 % enregistrée sur trois exercices… », crache Aubin Minaku.
Le président de la Chambre basse du Parlement avait précédemment décrié ce qu’il a qualifié de « comble d’une gestion sur base caisse » dont de Matata Ponyo. Et quand l’IGF rendra public son rapport. Matata Ponyo est accusé de détournements de deniers publics (à hauteur de 205 millions de dollars) et d’association de malfaiteurs, (avec l’ex-gouverneur de la BCC, Deogratias Mutombo Mwana Nyembo et l’homme d’affaires sud-africain Christo Grobler), durant son mandat de Premier ministre. Au lieu de monter une stratégie de défense pour faire face à son procès devant la cour constitutionnelle, l’homme à la cravate rouge a multiplié des subterfuges sans grand succès. Il a eu tort. Son sort est scellé… politiquement. Le 23 mai prochain, la haute cour s’en déclarera officiellement.
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Augustin Matata Ponyo et Ilunga Ilunkamba, les deux ex-chefs du gouvernement congolais @Photo Droits tiers.