Politique
Alors que les regards étaient tournés vers Kinshasa pour suivre les consultations nationales convoquées par le président Tshisekedi, l’enthousiasme suscité par cette initiative s’est rapidement estompé au sein d’une partie de l’opinion congolaise.
Parmi les voix critiques qui se sont élevées, celle de Fabrice Kasongo résonne avec une force particulière. Dans une analyse transmise à Ouragan depuis Bruxelles, le président des Jeunes patriotes congolais de la diaspora (JPCD) dresse un tableau sévère mais argumenté d’un processus qu’il qualifie de biaisé, exclusif et contre-productif.
Un processus verrouillé et orienté
Selon Fabrice Kasongo, les consultations, clôturées le 8 avril 2025 par le facilitateur Eberande Kolongele également Mr sécurité du chef de l’État, ont échoué à incarner le principe fondamental qui fonde leur légitimité : l’inclusivité. De nombreuses organisations de la société civile, pourtant actives et enracinées dans les réalités locales, n’ont pas été conviées. Des partis politiques légalement établis sont restés sans réponse après avoir sollicité leur participation. Une sélection qui, selon l’analyste, reflète une volonté manifeste de verrouiller le débat.
“Ce verrouillage du débat entame sérieusement la confiance des citoyens dans les institutions censées les représenter”, affirme-t-il dans sa réflexion. À l’appui de sa thèse, il considère que l’initiative a davantage relevé d’un exercice de contrôle politique que d’un véritable moment d’échange démocratique.
Une orchestration politique sous contrôle
La désignation du facilitateur, proche collaborateur du président de la République, est également pointée du doigt. Elle a contribué à renforcer l’image d’un processus téléguidé, davantage soucieux de préserver une certaine ligne narrative que d’accueillir une diversité d’opinions. Pour le président de JPCD, les profils retenus pour participer aux travaux ont été choisis moins pour leur représentativité que pour leur proximité avec le pouvoir.
“Ce qui devait être un espace d’écoute s’est transformé en une mise en scène politique, un monologue institutionnalisé”, résume-t-il. Un constat sévère, mais partagé par de nombreux observateurs de la scène politique congolaise. Le message implicite envoyé, selon l’analyste, est celui d’un pouvoir qui redoute la contradiction, préférant un récit uniforme à un véritable échange pluraliste.
L’oubli stratégique de la diaspora
L’un des points les plus sensibles soulevés dans cette analyse concerne l’absence remarquée de la diaspora congolaise. L’analyste politique déplore que cette frange dynamique et hautement qualifiée de la population congolaise soit une fois de plus tenue à l’écart. Une erreur stratégique, selon lui, dans un pays qui a pourtant besoin de toutes ses forces vives pour affronter les défis du moment.
“Ce choix n’est pas seulement politique : il est contre-productif”, tranche Kasongo, en rappelant que la diaspora, bien que géographiquement éloignée, reste profondément engagée dans les enjeux de redressement national.
Une jeunesse en rupture
L’analyse de Kasongo dépasse le seul prisme de la diaspora. Elle met en lumière une fracture plus profonde, celle d’une jeunesse congolaise de plus en plus désabusée. Marginalisée des processus décisionnels, elle ne se reconnaît plus dans un système politique qu’elle juge sclérosé et incapable de répondre à ses aspirations.
“Cette jeunesse, souvent qualifiée de silencieuse, commence à hausser le ton. Elle est déterminée à faire entendre sa voix, avec ou sans invitation”, avertit-il. Une mise en garde qui passe pour un signal d’alarme dans un pays où plus de 60 % de la population a moins de 25 ans.
Un appel à l’ouverture
Nonobstant la dureté de son constat, le leader des Jeunes patriotes congolais de la diaspora ne ferme pas la porte à un sursaut salvateur. Il prie les autorités à reconnaître les erreurs de méthodologie et à rouvrir l’espace de dialogue à toutes les composantes de la nation, y compris celles jugées dérangeantes.
“Un pouvoir fort n’est pas celui qui parle seul, mais celui qui accepte d’écouter, même les voix les plus critiques”, insiste-t-il, en plaidant pour une véritable co-construction démocratique.
La copie de Fabrice Kasongo fait écho à une inquiétude partagée, celle d’un processus qui, au lieu d’unir, divise. Les consultations nationales auraient pu être un moment historique de refondation du contrat social congolais. Elles risquent, selon lui, de n’en être qu’un épisode de plus dans une série de rendez-vous manqués.
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