
Le gouverneur de la banque centrale du Congo (BCC), Déogratias Mutombo Mwana Ngongo a appelé le gouvernement à mener une politique économique contra-cyclique afin de préserver d’une part, la stabilité macroéconomique et d’autre part de soutenir l’activité économique en RDC, au cours de la cérémonie d’échange de vœux organisée jeudi à Kinshasa.
Selon M. Mutombo, cet appel est consécutif à l’atonie de l’activité économique mondiale ayant une pesanteur sur l’économie interne caractérisée par la faiblesse de l’investissement, qui impliquerait des corrections budgétaires de 2015, en 2016.
Il a fait savoir que la BCC préconise la mise en œuvre des réformes structurelles visant à stimuler l’investissement et la demande intérieure à l’effet de renforcer la résilience de l’économie nationale. Il s’agit, a-t-il dit, de poursuivre une orientation prudente de sa politique monétaire et de change en cas de choc majeur susceptible de perturber durablement la stabilité du cadre macroéconomique. La Banque centrale du Congo veillera à amortir l’impact de la politique monétaire à travers une régulation appropriée de la liquidité bancaire afin de demeurer dans l’objectif d’inflation de 3,5% fixé pour l’année 2016.
Sur le plan social, le gouverneur de la BCC préconise une amélioration de la rémunération décidée lors de la session budgétaire en vue de maintenir le pouvoir d’achat du personnel. Les avantages sociaux, et la politique des crédits seront poursuivis dans la mesure du possible pour maintenir le gap, a-t-il ajouté.
Bien que pessimistes, les perspectives de 2016 incitent à la vigilance et à redoubler d’ardeur au travail. Son institution est appelée à contribuer et apporter à la construction de la RDC en vue de son émergence, a affirmé M.Mutombo.
Le secteur primaire soutient la croissance économique en RDC
L’économie congolaise à l’instar de celles d’autres pays africains à ressentie les effets néfastes de la conjoncture internationale difficile au cours de l’année 2015. Celle-ci était caractérisée par la baisse de l’activité économique due essentiellement à la chute des prix des matières premières sur le marché international, notamment, le cuivre, le cobalt, l’or et le pétrole.
Toutefois, la croissance économique de la RDC est restée soutenue par le secteur primaire en dépit du fléchissement de sa contribution à 3,4 points revenant de 5,5 points en 2014. Le secteur tertiaire vient quant à lui en deuxième position avec une contribution de 3,1 points liée au dynamisme des activités de commerce, de transport et télécommunication.
L’autorité monétaire a fait remarquer que cette évolution a été attestée par une baisse sensible du moral des chefs d’entreprises, indiquant qu’à fin novembre 2015, le solde brut d’opinions favorables des chefs d’entreprises a été au plus bas, s’établissant à 5,1 contre 21,8 à la période correspondante de 2014. Cette baisse de confiance a affecté l’investissement dont la contribution à la croissance est passée de 1,6 point à 0,6 point de pourcentage d’une année à l’autre.
Cette situation était consécutive à l’exécution du budget de l’Etat, dont la contraction des réserves budgétaires et la chute brutale des réserves internationales se situant à USD 1,48 milliard au 29 décembre 2015 contre USD 1,64 milliard à fin décembre 2014, a dit le gouverneur.
Il a relevé qu’en dépit de ces résultats, le cadre macroéconomique est demeuré globalement stable. Le taux d’inflation annuel se situe à 0,8% contre 1,0% l’année précédente. Les cours de change indicatif et parallèle n’ont enregistré que des dépréciations marginales, respectivement de 0,3% et 0,1%.
Mutombo s’est félicité du fait que l’activité bancaire est demeurée dynamique et le secteur continue de s’étendre progressivement à l’intérieur du territoire national. Il a relevé que les dépôts bancaires et les crédits accordés à la clientèle ont enregistré des hausses annuelles respectives de 10,5% et 14%, alors que leurs taux moyens de progression se sont situés à 19,7% et 24,6% entre 2012et 2014. Le rythme moyen d’accroissement des actifs des banques sur cette même période était de 18,4%et augmenté de 12,2% en 2015.
Il a déploré par contre le niveau élevé de la dollarisation de l’économie et le coût élevé du crédit, influencé notamment par d’importantes charges d’exploitation supportées par les banques.
Il a cependant noté que l’activité de la Banque centrale du Congo a été marquée par la poursuite de la mise en œuvre du plan stratégique 2014-2017, dans un contexte particulièrement difficile induit par l’effritement des ressources et moyens d’action.
Malgré ces difficultés, elle a maintenu la stabilité de la monnaie et des prix dans la durée, le taux directeur à un niveau bas de 2%, baissé le coefficient de la réserve obligatoire sur les dépôts à vue en monnaie nationale de 7% à 2%, en vue de fournir la liquidité aux banques, et de contribuer au processus de dédollarisation de l’économie congolaise et injecté près de 60 milliards de la liquidité au moyen du bon BCC.
Sur le plan financier, la Banque centrale a renforcé son dispositif de surveillance des intermédiaires financiers par en alignant son cadre réglementaire aux normes internationales et s’est dotée d’un système interne de notation des banques dans le cadre de la supervision basée sur les risques.
Appel au soutien des réformes
Par ailleurs, le gouverneur de la Banque centrale du Congo a appelé le gouvernement à appuyer les réformes initiées pour accélérer le développement du système financier national et améliorer l’offre des services financiers au public.
Ces réformes concernent notamment six projets de lois sur, la Banque centrale, la recapitalisation de la Banque centrale, l’activité des établissements de crédit, le système national des paiements, la défiscalisation des provisions pour les créances douteuses ainsi que le bénéfice de banques aux avantages se rapportant au code des investissements.
Il a souhaité que le gouvernement accélère, d’une part, le processus de transformation du Fonds de promotion de l’industrie (FPI), en banque de développement afin que le pays dispose d’une banque publique spécialisée et, d’autre part, la création d’un fonds de garantie des crédits afin d’encourager le financement des entreprises, notamment des PME. La République démocratique du Congo a terminé l’année 2015 avec une croissance économique de 7,7%, rappelle-t-on.