Patrick Muyaya attribue le drame de Bukavu au Rwanda

Au cours du briefing de presse du jeudi 27 février 2025, le ministre de la Communication et Médias, Patrick Muyaya, a démontré que les explosions survenues le même 27 février lors du meeting de l'AFC/M23 à Bukavu, est l'œuvre du Rwanda qui cherche des stratagèmes et des prétextes pour salir l'image de la RDC.

Pour le porte-parole du gouvernement congolais, beaucoup d'indices démontrent qu'il s'agit d'un acte prémédité, œuvre du régime sanguinaire de Kigali. Il en veut pour preuve notamment le fait que ces bombes ont exploré juste après que les organisateurs de ce meeting forcé soient partis.

"Les événements de ce matin attestent le caractère terroriste du Rwanda. Les compatriotes qui vivent à Bukavu ont été obligés de participer à ce meeting, comme il y a quelques semaines au Nord-Kivu. C'est malheureusement ce meeting forcé qui a conduit à la mort des compatriotes. Les faits sont troublants. Comment vous expliquer qu'il y ait des détonations après le départ de principaux animateurs et que, par la suite, qu'il y ait des morts. Tout ceci se passe dans un contexte où le président de la République et tout le gouvernement sont mobilisés pour que la justice se mette en place très rapidement. Vous avez vu la présence du procureur de la CPI en RDC qui a exprimé la détermination de son institution à aller jusque dans les zones en conflit pour que justice soit faite à tous les Congolais", a-t-il déclaré.

Réagissant à une question à propos des rumeurs alimentées sur les réseaux sociaux par le Rwanda qui tente de faire porter le chapeau de la responsabilité de ces tueries à Kinshasa, Patrick Muyaya a mis en garde contre ce qu'il qualifie de poison rwandais.

"À propos des événements de Bukavu, je dois juste rappeler que vous avez vu, il y a quelques jours, une sorte de parade nauséabonde où on présente des policiers et militaires sous contrainte en disant qu'on les a retenus. Alors que, dans une ville surarmée, parce que c'est l'armée rwandaise qui devrait assurer la sécurité, on devrait prendre des dispositions pour quadriller tout le secteur. A quel moment on pouvait laisser de l'espace à des gens qui viendront agir après la tenue du meeting. Ici on assiste au bourreau qui crie à la victime. Cela ne passera pas. On a déjà vu ce qu'ils font à Goma. On a vu ce qu'ils ont fait à Bukavu quand ils sont arrivés. Ce qui s'est passé aujourd'hui, est un acte prémédité parce que c'est des terroristes dans leur ADN. Il y a eu des explosions d'une part et des tirs à bout portant d'autre part", a-t-il indiqué.

Patrick Muyaya rassure par ailleurs que le gouvernement congolais poursuit son travail de documentation des faits avec des éléments probants à l'appui pour que, le moment en venu, les véritables responsables soient placés devant leurs responsabilités. Selon lui, le Rwanda cherche un prétexte pour attaquer, dans les jours à venir, un autre territoire ou une autre ville.

"Pour ce qui s'est passé à Bukavu comme pour les autres événements passés et à venir, il y a des éléments documentés que nous gardons. Au moment donné, ils pourront servir dans les différents procès qui seront organisés. C'est des éléments qui intéressent au plus haut point notre justice, mais aussi la CPI, ainsi que la mission qui viendra dans le cadre du Haut commissariat pour les droits de l'homme. Tous ces faits doivent être élucidés. Comment pouvez-vous imaginer que le gouvernement congolais soit derrière un tel acte ? Tout ça c'est du poison rwandais qui vient dans un strict objectif. C'est ainsi que nous continuons sur le front diplomatique pour qu'il y ait des sanctions. Nous connaissons les intentions. Nous connaissons aussi le prétexte. Après, on va dire qu'on attaque les populations et le lendemain, c'est l'armée rwandaise qui redéclenche les opérations. Je ne suis pas prophète mais c'est ce qui risque d'arriver. Quoi qu'il en soit, nous allons demander à nos populations de Bukavu de rester vigilantes. Vous avez contraint le matin les populations d'aller au meeting de manière obligatoire, après pour les tuer. Ensuite, vous voulez commencer à fabriquer des vidéos, des audios, pour dire que ce sont des actes prémédités. Mais si c'est des actes prémédités par Kinshasa, vous auriez dû prendre des dispositions puisque c'est vous qui contrôlez la ville pour ne pas être le premier facteur d'insécurité. Donc, tout ça, c'est du mensonge, du poison rwandais auquel il faut accorder aucun crédit", a-t-il fait remarquer.

Parlant des processus de paix en cours, Patrick Muyaya a réaffirmé la volonté de la RDC à continuer à y participer de manière active. Il a cependant tenu à rappeler la position de la RDC qui refuse catégoriquement de dialoguer avec les rebelles.

"Il ne faut pas parler de fusion. Il faut plutôt parler d'alignement. Je dois ici rappeler ce que la RDC a comme ligne depuis le début. Nous ne négocions pas directement avec les supplétifs du M23. C'est une position connue. A Luanda, nous avons déjà tout fini. En termes du travail des experts, en termes de travail ministériel, il ne restait plus que les signatures. C'est donc des procédures qui s'alignent mais qu'on ne fusionne pas. Ici, le président de la République l'a rappelé le samedi. On a le Rwanda qui nous agresse, qui crée des supplétifs, et le président de la République l'a dit, que c'est avec eux que nous devons finir ce que nous avons commencé. Sur le processus de Nairobi, le président honoraire du Kenya, Uhuru Kenyatta, avait commencé le travail. Le processus a connu un coup parce que le Rwanda a décidé de commencer à opérer avec ses supplétifs. Il a été convenu déjà à l'époque d'exclure le M23 parce qu'il est hors de question qu'on donne une prime à ceux qui tuent. Il faut donc dissocier ce qui relève du bilateral entre les deux pays et ce qui relève du processus politique de Nairobi avec tous les groupes armés, y compris le M23 ", a-t-il martelé.

Avançant les chiffres sur les morts survenus lors de ce meeting de jeudi dernier à Bukavu, le ministre de la Santé publique a donné un bilan provisoire de 7 morts sur place et des blessés graves. Il a souligné que d'autres cas de décès ont été signalés au niveau des hôpitaux.

Le ministre de la Santé publique a, en outre, indiqué que depuis l'agression du Sud-Kivu le 14 février dernier, la province a enregistré 52 décès et 179 blessés graves, notamment à Uvira. Ce, en dehors des victimes du meeting de jeudi à Bukavu.

Donnant le bilan actualisé de la crise sécuritaire dans le Nord-Kivu, le ministre de la Santé a affirmé qu'à ce jour, 8 500 personnes ont été enterrées et une trentaine de corps sont encore dans les morgues.

Il affirme que depuis le début de ces événements, la province du Nord-Kivu enregistre en moyenne 10 à 15 morts par jour. Il a soutenu que le nombre des blessés se chiffre actuellement à 5 597.

Avant de clore ce chapitre, le ministre de la Santé a félicité tous les Congolais qui ont fait le don de sang au profit des FARDC et des Wazalendo. À l'en croire, à ce jour, 5 000 poches de sang ont été collectées dont 1 200 déjà acheminées dans les zones en conflit à travers l'OMS, via le couloir humanitaire ouvert.