Monde
Des milliers de manifestants sont descendus samedi sans les rues de Valence et à Madrid pour protester contre la classe politique espagnole, accusée d'avoir sous-estimé les risques et mal coordonné les secours après les inondations meurtrières dans le sud-est du pays. Au moins 220 personnes sont mortes et des dizaines d'autres toujours portées disparues.
Presque une semaine après l'explosion de colère qui avait visé à Paiporta le Premier ministre Pedro Sanchez, le chef de l'exécutif régional Carlos Mazón et les souverains Felipe VI et Letizia, des milliers de manifestants ont défilé samedi 9 novembre 2024 dans les rues de Valence et à Madrid pour protester contre la gestion des inondations du 29 octobre qui ont fait au moins 220 morts et des dizaines de disparus.
Les manifestants se sont rassemblés en fin d'après-midi devant la mairie de Valence avant de rejoindre le siège de la région, a constaté un journaliste de l'AFP.
Une grande partie de la colère se concentre sur le président de la région de Valence Carlos Mazon (PP, droite) mais le Premier ministre socialiste Pedro Sanchez n'a pas non plus été épargné par les critiques dans les rangs de la manifestation.
Les deux hommes sont accusés d'avoir sous-estimé les risques et mal coordonné les secours après les inondations du 29 octobre.
Les habitants évacuent la boue des rues de Massanassa, dans la région de Valence, le 8 novembre 2024 © Jose Jordan, AFP
"Les citoyens avaient besoin d'aide et n'en avaient pas"
Ana de la Rosa, 30 ans, regrette des "guerres politiques alors que ce n'était pas le moment parce que les citoyens avaient besoin d'aide et n'en avaient pas". La jeune archiviste réclame "justice" pour ce qu'elle qualifie d'"homicide involontaire".
Pour Julian García, 73 ans, "la gestion de Mazon a été indécente et il devrait démissionner. Le gouvernement valencien est responsable et n'a pas voulu demander ce qu'il pourrait demander au gouvernement central, aussi un peu responsable", estime le retraité.
Originaire de Valence, Trini Orduna a manifesté contre "la classe politique honteuse". "Nous sommes la risée du monde entier", juge-t-elle.
La tête de cortège a défilé sous une large banderole "Mazon démission" où figurait le portrait retourné du président de la région de Valence.
À Madrid, des centaines de personnes se sont également réunies, en scandant notamment "Mazon démission", "le peuple uni ne sera jamais vaincu", a constaté un journaliste de l'AFP.
"Coordination chaotique"
Parmi les accusations également formulées par les sinistrés, le fait que l'ensemble de la population n'ait été alertée via ses téléphones portables que dans la soirée, alors que de nombreuses zones étaient déjà submergées. La principale responsable des urgences de la région, Salomé Pradas, a admis jeudi qu'elle ignorait l'existence de ce système d'alerte, avant de se rétracter.
En Espagne, un pays très décentralisé, la gestion des catastrophes relève en effet de la responsabilité des administrations régionales, mais le gouvernement central, chargé, lui, d'émettre les alertes via l'Aemet, peut fournir des ressources et même prendre la main dans des cas extrêmes.
C'est précisément ce dernier point qui motive les critiques de l'opposition de droite, qui accuse le chef du gouvernement socialiste d'avoir laissé sombrer la région par calculs politiques au lieu de reprendre la main. Pedro Sánchez a agi "de mauvaise foi", a tancé Miguel Tellado, le porte-parole du PP au Parlement.
Des habitants tentent de déplacer une voiture dans la ville de Massanassa, dans la région de Valence, le 8 novembre 2024. © Jose Jordan, AFP
Des sources proches du gouvernement assurent de leur côté vouloir en temps utile définir les éventuelles responsabilités de chacun et les éventuelles défaillances dans la gestion de la catastrophe, tout en affirmant que le gouvernement a fait tout ce qu'il pouvait faire dans le cadre institutionnel actuel.
Mais pour le maire socialiste d'Alaquas, Toni Saura, "la coordination entre les administrations a été chaotique", selon des propos rapportés dans le quotidien valencien Levante.
"C'est une honte nationale", abonde le comédien Jose Antonio López-Guitian, originaire de Valence. De retour d'une opération de nettoyage, l'humoriste connu en Espagne sous le nom de Tonino fustige "un abandon de poste de toutes les institutions, car elles auraient dû fonctionner et ne pas penser que quelqu'un d'autre le ferait à leur place".
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Des habitants nettoient leurs maisons en évacuant la boue à Massanassa, dans la région de Valence, le 8 novembre 2024. © Jose Jordan, AFP