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Au nom de Trump : en Chine, des boursicoteurs férus du candidat américain

2024-11-04
04.11.2024
2024-11-04
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L’action d’une petite société chinoise en difficultés financières a explosé ces derniers jours. Le seul atout de cette entreprise est son nom : Wisesoft, qui, en chinois, est proche d’une expression signifiant "Trump va gagner gros". Et ce n’est pas la première fois que les investisseurs privés chinois parient en Bourse uniquement en fonction d’un nom.

Donald Trump fait tourner les têtes, et pas seulement aux États-Unis. En Chine aussi, son nom a poussé des individus à d'étranges comportements… boursiers.

Depuis lundi 28 octobre, l'action d'une petite société appelée Wisesoft connaît une hausse supérieure à 10 % à la Bourse de Shenzhen. Ce ne sont pas les résultats financiers de ce spécialiste du logiciel informatique qui justifient cet engouement : ils sont en chute libre et la société a enregistré 21,73 millions d'euros de pertes en 2023. Le seul attrait de Wisesoft pour les investisseurs locaux : en chinois, le nom de l'entreprise est phonétiquement proche de l'expression "Trump gagne gros", souligne le South China Morning Post, mercredi 30 octobre.

Ils voient des homonymes et homophonies partout

L'homonymie comme unique raison d'investir ? Ce n'est pas la première fois que la bonne forme boursière de Wisesoft semble liée à la seule actualité outre-Atlantique du candidat républicain. Fin juin, son action avait bondi au lendemain du débat qu'il avait remporté contre le président Joe Biden, alors encore candidat à sa succession. Les boursicoteurs s'étaient aussi rués sur Wisesoft en 2015, lorsque les rumeurs sur l'annonce de candidature de Donald Trump a commencé à prendre de l'ampleur.

Si cette stratégie boursière peut sembler pour le moins coupée des réalités économiques, "elle n'est pas forcément surprenante, et l'histoire des marchés financiers chinois est truffée d'exemples du même genre", souligne Johannes Petry, spécialiste d'économie politique et des marchés financiers chinois à l'université Goethe de Francfort.

En restant dans le registre des trumpismes, le spécialiste chinois des composants acoustiques Goertek a connu une vive envolée de son cours en juillet après la première tentative d'assassinat contre Donald Trump. La raison : le nom chinois de cette société – phonétiquement "ge er" – est un homonyme pour l'expression chinoise qui signifie "oreille coupée". Une référence capillotractée mais évidente à l'oreille blessée du candidat républicain lors de cette tentative d'assassinat.

Mais Donald Trump n'est pas le seul à inspirer les boursicoteurs. En 2024, les groupes dont le nom contenait une référence aux dragons ont le vent en poupe. Et pour cause : c'était l'année du dragon dans le zodiaque chinois.

Les paroles du président Xi Jinping sont aussi avidement écoutées par ces investisseurs. Ainsi, le 22 octobre, à l'occasion d'un discours économique, Xi Jinping s'est demandé "combien de fois dans une vie on peut saisir l'opportunité de se battre". Une référence à une "célèbre phrase" chinoise qui a poussé les boursicoteurs à miser sur Edadoc Technology, une entreprise dont le nom en chinois signifie "se battre pour la technologie", explique le South China Morning Post.

Des investisseurs particuliers peu matures ?

Cette incroyable chasse aux homonymes et homophonies est principalement le fait de particuliers et non d'investisseurs institutionnels, comme des banques. "Il y a 200 millions d'investisseurs actifs sur les marchés financiers chinois, soit davantage que la population de la France, de l'Allemagne et du Royaume-Uni réunis", explique Johannes Petry. Et une importante partie de ces boursicoteurs sont des petits porteurs.

"Il y a une raison sociale à cela. Les filets de sécurité sociale sont faibles en Chine, et les autorités ont longtemps incité la population à investir en Bourse pour compenser l'absence d'un système de retraite public. Sans compter la nouvelle classe moyenne qui cherche des moyens pour investir son argent", affirme l'économiste. Les incitations étatiques n'ont pas, pour autant, été accompagnées par suffisamment de programmes de formation aux finesses boursières et à l'art de la spéculation.

Ces paris sur Wisesoft ou autres sociétés aux intitulés évocateurs seraient ainsi le reflet d'un "marché financier chinois qui manque encore en maturité", affirme Wang Zichen, un analyste financier interrogé par le South China Morning Post. Après tout, il n'a rouvert ses portes que dans les années 1990, après une longue parenthèse d'hostilité à la bourse du Parti communiste chinois.

Aujourd'hui, cette activité serait encore celle de millions de particuliers passant leurs ordres d'achat et vente depuis leur téléphone entre deux réunions de travail au bureau ou le soir sur leur canapé.

Trump, roi des "actions mèmes" ?

Mais ce n'est qu'une partie de l'histoire, affirme Maxime Raturat, analyste des marchés financiers pour XTB, un courtier boursier. Pour lui, l'affaire Wisesoft n'aurait rien d'irrationnel : il s'agirait d'un d'école d'"action mème" ("mème stock"). Wisesoft serait le versant chinois de l'affaire Gamestop qui avait défrayé la chronique médiatique en 2021.

Gamestop, c'est cette société de jeux vidéo qui ne valait plus rien ou presque en Bourse, contre laquelle s'acharnaient d'importants spéculateurs institutionnels… et qui avait trouvé un soutien inespéré auprès de millions d'investisseurs individuels qui s'étaient organisés sur Internet.

Une "action mème" "comporte trois caractéristiques constitutives : un nom amusant ou familier – ici l'association entre Wisesoft et Donald Trump –, une société qui connaît d'importants problèmes financiers et une forte liquidité [c'est-à-dire qu'il y a beaucoup de transactions autour de cette valeur, NDLR]", énumère Maxime Raturat. Pour lui, l'affaire Wisesoft les coche toutes.

Le scénario type dans le cas d'une "action mème" est le suivant : des investisseurs institutionnels commencent à spéculer contre une société perçue comme fragile en Bourse. Ils se prémunissent contre le risque de perte avec un système automatisé qui prévoit de recommencer à acheter si la tendance s'inverse, et si le cours de l'action prise pour cible remonte.

C'est là qu'interviennent les armées de petits porteurs qui vont acheter les actions de la société en difficulté qui ne valent plus rien ou presque – ici Wisesoft – pour contrer les stratégies des gros spéculateurs. Et si ces simples particuliers parviennent à faire remonter l'action, le mécanisme automatisé des investisseurs institutionnels va s'enclencher pour éviter des pertes et ils vont aussi acquérir les actions des ces petites sociétés, amplifiant la hausse de l'action. Dernier acte : les petits porteurs peuvent alors revendre leurs titres en réalisant un profit au passage.

C'est ce qui s'est passé avec Gamestop, et aussi avec Wisesoft et d'autres actions du même genre en Chine, d'après Maxime Raturat. "La grande spécificité en Chine est cet attrait pour les homonymes", résume Maxime Raturat.

Ce qui ne veut pas dire que ces investisseurs particuliers sont tous des petits malins et que l'image des boursicoteurs du dimanche peu familiers des subtilités de la finance est un mythe. Ces derniers existent, mais il y en a aussi d'autres sont très portés sur "l'action mème", qui a explosé ces dernières années, et jouent justement sur l'appétence des homonymes chez les petits porteurs chinois pour identifier des opportunités, d'après l'analyste financier. Et pour eux, Donald Trump est un mème à ne surtout pas rater.

 

 

Sébastian Seibt
France 24 / MCP, via mediacongo.net
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