Monde
Les Indiens ont commencé à voter vendredi dans le cadre d'élections générales que le Premier ministre nationaliste hindou Narendra Modi semble presque assuré d'emporter. Le scrutin doit s'étaler jusqu'au 1er juin.
Une longue file d'attente s'est formée tôt devant un bureau de vote à l'ouverture à Haridwar, important lieu de pèlerinage hindou sur les rives du Gange et l'une des premières villes à voter dans le cadre de ces élections.
Uday Bharti, un saddhu de 59 ans, est catégorique, le parti Bharatiya Janata (BJP) de Narendra Modi agit en faveur de ce qui "compte le plus". "Modi a assuré la protection de notre pays et de notre foi", affirme-t-il à l'AFP devant un bureau de vote. "Nous sommes ici pour garantir que Modi continue de faire du bon travail".
Le Premier ministre indien Narendra Modi a exhorté dès le début du vote les électeurs de la première phase du scrutin, qui en compte sept, à "exercer leur droit de vote en nombre record", en particulier les jeunes et ceux qui votent pour la première fois. "Chaque vote compte et chaque voix est importante", a-t-il ajouté sur le réseau social X.
De son côté, le Congrès, principal parti d'opposition, a rappelé aux électeurs, toujours sur X, que leur "vote peut mettre fin à l'inflation, au chômage, à la haine et à l'injustice". "Assurez-vous de voter", "N'oubliez pas de voter", a-t-il souligné.
Sept phases de vote
La première étape de ce scrutin s'est achevée vendredi à 18 h, heure de l'Inde (12 h 30 GMT), avant les six prochaines prévues entre le 26 avril et le 1er juin.
Au total, 968 millions d'Indiens sont appelés à élire les 543 membres de la chambre basse, soit plus que la population totale des États-Unis, de l'Union européenne et de la Russie réunis.
Le vote s'est déroulé pour l'essentiel sans incident, mais un bureau de vote du Manipur, secoué par un conflit inter-ethnique, a été la cible de tirs par des assaillants non identifiés. Cet État éloigné, divisé par des clivages entre la majorité hindoue Meitei et la communauté majoritairement chrétienne Kuki, a été le théâtre de violents combats l'an dernier, ayant conduit au déplacement de milliers de personnes.
Les bulletins de vote de tout le pays seront dépouillés le 4 juin. Les résultats sont généralement annoncés le même jour.
Narendra Modi, âgé de 73 ans, est encore très populaire après deux mandats, au cours desquels l'Inde a accru son influence diplomatique et son poids économique. Une enquête Pew de 2023 indiquait qu'il était perçu favorablement par près de 80 % des Indiens.
Il a déjà donné au BJP deux victoires écrasantes en 2014 et 2019 en jouant sur la fibre religieuse de l'électorat hindou.
"Nous n'avons pas d'argent pour faire campagne"
Ses perspectives ont été renforcées par plusieurs enquêtes criminelles contre ses opposants.
Les comptes bancaires du Congrès, principal parti d'opposition, sont gelés depuis février par le fisc indien, à la suite d'un différend sur des déclarations de revenu datant d'il y a cinq ans.
"Nous n'avons pas d'argent pour faire campagne, nous ne pouvons pas soutenir nos candidats", a prévenu en mars son chef, Rahul Gandhi. "Notre faculté de livrer la bataille électorale a été endommagée."
Rahul Gandhi, 53 ans, dont le père, la grand-mère et l'arrière-grand-père ont tous été Premiers ministres, a été brièvement écarté du Parlement l'an dernier après avoir été reconnu coupable de diffamation.
Présenté par Narendra Modi comme déconnecté de la réalité indienne, Rahul Gandhi a cherché à se rapprocher de la population en organisant deux marches à travers le pays. Mais après deux défaites successives contre Narendra Modi, rien n'indique que ses efforts pour entamer la popularité du Premier ministre soient couronnés de succès.
Il accuse le gouvernement d'un certain recul démocratique et fustige ses appels à la foi majoritaire de l'Inde, au détriment d'importantes minorités, dont 210 millions d'Indiens musulmans, inquiètes pour leur avenir.
Les mandats de Narendra Modi ont été marqués par "un modèle de répression visant à saper la démocratie et l'espace civique", a dénoncé mercredi l'association de défense des droits Civicus dans un rapport.
Le parti du Congrès n'est plus que l'ombre de lui-même
Le Congrès, qui a dirigé le pays presque sans interruption pendant des décennies après l'indépendance de l'Inde, n'est plus que l'ombre de lui-même et ne gouverne plus que dans trois des 28 États du pays. Ses dirigeants ont constitué une coalition avec plus d'une vingtaine de partis régionaux pour affronter le BJP et ses rouages électoraux bien huilés et généreusement financés.
Mais le bloc est en proie à des différends sur les accords de partage des sièges et a subi la défection d'un de ses dirigeants en faveur du gouvernement.
La coalition accuse le gouvernement de Narendra Modi d'instrumentaliser la justice pour neutraliser certains dirigeants de l'opposition, comme le ministre en chef de Delhi, Arvind Kejriwal.
Arrêté en mars, ce dernier est actuellement en détention, son parti ayant été accusé d'avoir perçu des pots-de-vin en échange de licences d'alcool accordées à des entreprises privées.
Sous les mandats de Narendra Modi, l'Inde est devenue la cinquième économie mondiale devant le Royaume-Uni, l'ancienne puissance coloniale. Et les pays occidentaux se pressent de courtiser cet allié potentiel pour lutter contre l'affirmation croissante de la Chine, grande rivale dans la région et ce, malgré les avertissements des défenseurs des droits humains sur le recul de la liberté de la presse.
Depuis l'arrivée au pouvoir de Narendra Modi en 2014, l'Inde a perdu 21 places dans le classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières (RSF), se situant au 161e rang sur 180 pays.
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