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Politique

Affaire Faustin Kayumba : conflit Pretoria Kigali, Kinshasa interpellé

2014-03-11
11.03.2014 , Kinshasa
Politique
2014-03-11
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L’Afrique du Sud et le Rwanda sont au bord de la rupture de leurs relations diplomatiques. La pomme de discorde se trouve être un citoyen rwandais réfugié en territoire sud-africain, l’ex-général Faustin Kayumba, ancien chef d’état-major de l’armée rwandaise. Selon Pretoria, c’est Kigali qui est le commanditaire de l’attentat auquel il a échappé de justesse, le vendredi 07 mars, dans sa résidence de Johannesburg. D’où la décision d’expulser, dans les 72 heures, une partie des membres de l’ambassade du Rwanda à Pretoria. Brandissant pour sa part des accusations d’espionnage, le gouvernement rwandais a sommé six membres de l’ambassade sud-africaine de Kigali de plier bagages.

La colère des autorités sud-africaines tient au fait que le 1er janvier 2014, un autre réfugié rwandais, Patrick Karegeya, ancien responsable des services de renseignements, avait été retrouvé mort dans sa résidence de Johannesburg. Le coup était visiblement planifié par le pouvoir en place à Kigali et exécuté par des Rwandais, sous la couverture de l’ambassade du Rwanda à Pretoria. Comme chacun peut le constater, le pays de Jacob Zuma refuse d’être transformé en protectorat de Kigali, où Paul Kagame et ses acolytes peuvent commettre des crimes en toute impunité.

Lorsque l’on analyse le dossier sous un angle fermé, on peut être tenté de croire que les deux pays pourraient régler le problème à l’amiable, sur fond d’excuses diplomatiques. Mais lorsqu’on l’examine à fond, on se rend bien compte que Pretoria est irrité par la violation de sa souveraineté par un Etat tiers. Et, comme à ses habitudes, Kigali voudrait se faire passer pour la victime d’actes terroristes dont il ignorait les tenants et aboutissants. Pourtant, après l’assassinat de Patrick Karegeya, les autorités rwandaises s’étaient réjouies de la mort d’un traître, et prévenues que d’autres réfugiés politiques pourraient connaître le même sort.

Kinshasa interpellé

A cause d’un citoyen rwandais assassiné sur son territoire par un commando venu de Kigali et d’un attentat manqué sur un deuxième, Pretoria est prêt à rompre ses relations diplomatiques avec Kigali. Au pays de Mandela, la souveraineté nationale ne se négocie pas. En est-il de même de la République démocratique du Congo ? Il est permis d’en douter. En effet, depuis 1998, l’armée rwandaise ainsi que les mouvements rebelles parrainés par Kigali ont déjà causé la mort de plus de six millions de Congolais sur les terres de leurs ancêtres. Depuis 17 ans, les ressources naturelles congolaises, dont des minerais tels que le diamant, le cuivre, l’or, le coltan, la cassitérite, sont pillés systématiquement par le Rwanda selon plusieurs rapports de l’ONU, sans que les autorités congolaises ne prennent des mesures de nature à affirmer notre indépendance et notre souveraineté face à un voisin indélicat.

Que les Rwandais ou leurs rebelles commettent des massacres, des vols ou des viols en territoire congolais, cela n’affecte jamais les relations diplomatiques avec les deux pays. Au contraire, Kinshasa est aux côtés de Kigali aux Nations-Unies, à l’Union africaine, à la Conférence internationale sur la Région des Grands Lacs (CIRGL), à la CEPGL (Communauté Economique des Pays des Grands Lacs).

Après chaque épisode de tueries et de pillages des ressources naturelles congolaises dans l’Est du Congo, Kinshasa est toujours prêt à signer un nouvel accord de paix avec Kigali ou ses rébellions : tel était le cas avec le CNDP en mars 2009, avec le Rwanda à Addis-Abeba en février 2013 et tout récemment avec le M23 en novembre 2013 à Nairobi. Comme si la RDC et le Rwanda étaient deux pays « frères » et « amis », Kinshasa avait accepté une alliance militaire contre-nature avec le Rwanda, en février 2009, en vue de la traque conjointe des FDLR (Forces  démocratiques pour la libération du Rwanda), en territoire congolais. On ne compte plus, depuis 2003, les « Comités mixtes de vérification » constitués d’experts militaires congolais et rwandais, pour la certification ou l’infirmation d’infiltrations militaires rwandaises en République démocratique du Congo.

On peut se demander ce que cache cette « coopération active » entre Kinshasa et Kigali, sur le dos des millions de morts congolais et sur fond de pillage continu des ressources naturelles congolaises. Tout dernièrement, le Parlement congolais a voté une loi d’amnistie visiblement destinée à blanchir des criminels du M23, dont tout le monde sait qu’il s’agit de pions de Kigali, même si l’on affirme que les dossiers seraient traités au cas par cas.

Si la fermeté avec laquelle Pretoria a réagi contre Kigali dans l’affaire de Faustin Kayumba pouvait inspirer le gouvernement congolais, il est certain que Paul Kagame et les dignitaires de son régime auraient déjà mis fin à leurs aventures militaires et affairistes en RDC et que beaucoup de contradictions auraient déjà disparu dans les relations rwando-congolaises.


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