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Infos congo - Actualités Congo - Premier-BET - 08 aout 2024
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Afrique

30 ans après le génocide rwandais : une épuration ethnique méthodiquement orchestrée en RDC

2024-04-01
01.04.2024
2024-04-01
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« Il est inadmissible qu’il y ait eu autant de morts ici alors qu’en face, d’immenses espaces vides existent». C’est en ces termes (à peu près), que s’exprimait, quelques mois après le tristement célèbre génocide rwandais de 1994, la Japonaise Sadako Ogata, Haut-Commissaire des Nations-Unies pour les réfugiés de 1991 à 2000. Les propos rendus par une radio périphérique très suivie de l’époque, résonnent encore aux oreilles de ceux des Congolais qui les avaient entendus sans y rien comprendre, nécessairement. Vaste, le pays de Lumumba l’est (encore) immensément, et loin de leurs terres martyres de l’Est, peu de compatriotes mesuraient la portée du drame qui prenait ainsi irrémédiablement forme. Et qui allait s’étendre sur plus d’un quart de siècle.

Ogata n’était pas la plus mal placée pour évoquer le sujet. Puisqu’elle eut, dans les semaines et mois qui suivirent cette saison sèche 1994, à faire face à ce qui fut considéré et présenté comme un des plus grands déplacements de populations civiles de la planète. Début août 1994, l’équation posée au HCR consistait au rapatriement de quelques 3,5 millions de réfugiés hutu rwandais de la République du Zaïre, dont au moins 1 million avant la fin de cette année-là. «Je ne leur conseillerai pas de rentrer chez eux tant que je ne suis pas absolument convaincue que tout est en ordre», déclarait Sadako Ogata aux médias le 1er août 1994. Une trentaine d’années après, il n’est toujours pas clairement établi que tout soit en «ordre» pour que les hutus retournent et demeurent chez eux, au Pays de Paul Kagame, qui tient les rênes du pays des mille collines depuis lors. Ni, encore moins, que la communauté dite internationale soit disposée à les y aider.

Pas de place pour les Hutus chez eux

Cependant, près d’un quart de siècle après, alors que Kigali s’apprête à commémorer le trentième anniversaire des tristes événements de 1994, les langues se délient.

Il apparaît ainsi que le nouveau pouvoir Tutsi à Kigali ne voulait nullement du retour des hutus réfugiés au Zaïre. Fin septembre 1995, alors que les autorités zaïroises menaçaient d’expulser des millions de ces Rwandais de son territoire, et que le HCR revendiquait haut et fort sa «capacité logistique de rapatrier cinq à six mille réfugiés par jour», le vade-mecum des négociations convoquées à cet effet à Genève révélait que Kigali se satisferait plutôt «du nombre le plus faible de rapatriés». Un doux euphémisme pour indiquer que des Hutus, le nouveau Tutsi power ne voulait plus jamais.

A quelques jours de la célébration des 30 ans du génocide rwandais, le 7 avril 2024, l’équation ainsi posée demeure la même : le retour et le droit à la vie, notamment politique, chez eux au Rwanda des Hutu n’est pas encore envisageable. Mais nul à travers la planète ne s’en émeut outre mesure.

Le «crédit génocide», cette sorte de dette insolvable contractée par l’humanité (ou ce qui se présente comme telle) en raison des suppliciés de 1994 continue de faire son effet sur la bienpensante communauté internationale. Autant qu’il en fit sur la patronne du HRC au moment du drame, Sadako Ogata. La Japonaise a multiplié réflexions et publications autour de la prévention des drames génocidaires qui, toutes sans exception, n’envisagent aucunement des approches internes du drame. La solution face au génocide semble ainsi, systématiquement, se rechercher à l’externe. Parfois loin du centre du séisme d’où, pourtant, il pourrait de nouveau ressurgir. En 1994, le Rwanda, rappellent les historiens, n’en était pas à ses premières conflagrations ethniques du genre.

La RDC, exutoire des haines ethniques rwandaises

Dans la région de l’Afrique des Grands Lacs, la RDC a ainsi été choisie pour servir d’exutoire au trop plein de haine et de rancœur tribales de ses voisins rwandais. Plutôt que d’œuvrer à la cohabitation pacifique entre Hutu (majoritaires) et Tutsi (minoritaires) au Rwanda, il apparaît de plus en plus clairement que la communauté internationale – les Etats-Unis, l’Union Européenne et le Royaume Uni, en fait – ait choisi d’exporter le chaos rwandais en RDC voisine et d’y faire place nette pour le trop plein de populations rwandaises. Dans le drame qui sévit à l’Est de la RDC depuis le génocide rwandais, le maître d’ouvrage est connu. Le maître d’œuvre et ses méthodes qui ont fait tant de preuves, aussi. Les occidentaux financent à coups de dollars et de livres sterling le Rwanda qui met en œuvre une politique expansionniste extrêmement couteuse en vies humaines (rd congolaise).

Derrière le génocide rwandais se dissimule, de plus en plus maladroitement, la mise en œuvre cynique de guerres d’agressions au cours desquelles sont massacrées des millions de civils sans défense depuis près de 30 ans. A cet égard, la notion de génocide est hautement dissimulatrice, ainsi qu’on peut en juger par le silence complice qui occulte l’élément déclencheur des tueries de 1994 : l’assassinat du président rwandais Juvénal Habyarimana, survenu le 6 avril de la même année. Sans cet attentat dans lequel trouva également la mort le chef de l’Etat du Burundi voisin, Cyprien Ntaryamira, il n’y aurait jamais eu de génocide, selon les conclusions du juge anti-terroriste français, Jean-Louis Bruguière.

Le mode de conquête territoriale de l’armée de Paul Kagame, mis en œuvre depuis l’agression du Rwanda avec le soutien de l’armée ougandaise (les missiles Sam utilisées pour abattre l’avion du président Habyarimana appartenait à l’armée ougandaise) début octobre 1990 sont connues et, pour le moins, encouragées. Elle procède par agressions armées, massacres et déportations des civils, pillages des ressources qui profitent à ses sponsors occidentaux. Une véritable culture d’extermination des masses est ainsi dupliquée en RDC, au vu et au su de ce monde pourtant devenu un village planétaire.

Modus operandi : massacres méthodiques des civils

Judi Rever, une journaliste canadienne, rapporte de nombreux crimes à l’actif du FPR de Paul Kagame (Rwanda, Eloge du sang, éditions Max Milo, 2020), dont le massacre de plusieurs centaines de paysans Hutu inoffensifs au stade de Byumba en avril 1994. Ces malheureux avaient auparavant échappé au pilonnage en règle du camp de réfugiés de Nyacyonga (Nord de Kigali) par le FPR (Front patriotique rwandais), lorsqu’ils s’entendirent proposer par leurs bourreaux de regagner, enfin, leurs foyers et récupérer leurs biens. «C’était un piège», écrit Judi Rever, dont la suite du récit illustre l’extraordinaire cynisme et la cruauté caractéristiques des méthodes de conquête de Paul Kagame. Les réfugiés Hutu de Byumba reçurent l’ordre de patienter devant l’hôtel de ville où de la nourriture et des boissons ainsi que des ustensiles de cuisine allaient leur être distribués. De là, ils furent conduits vers le stade de football de Byumba où ils furent systématiquement et méthodiquement massacrés à l’aide de grenades et d’armes à feu. «C’est l’actuel général Dan Munyuza, oeuvrant alors dans la Division de formation du FPR et prêtant main-forte à la DMI qui a lancé la première grenade sur la foule des déplacés pendant que d’autres éléments du FPR ouvraient le feu sur eux», révèle la Canadienne.

Kishishe, près de 300 civils massacrés en 2023

28 ans après la boucherie kagaméenne de Byumba au Rwanda, Kishishe, paisible village du groupement de Bambu en chefferie de Bwito dans le territoire de Rutshuru(Nord-Kivu), vivait son jeudi noir le 29 novembre 2022. Un commando RDF-M23 y massacrait aveuglément de nombreux civils, dont des enfants, dans le pur style des exterminations de masses dont le régime rwandais détient le secret depuis les années ’90. Selon les premières informations officielles communiquées par les FARDC dénonçant la violation du cessez-le-feu décrété quelques jours plus tôt à Luanda, au moins 50 civils avaient été abattus dans cette bourgade où étaient signalés plusieurs dizaines de disparus. Ce bilan macabre a été revu à la hausse 24 heures plus tard. En effet, vendredi 30 novembre 2022, le gouvernement congolais faisait état d’une centaine de morts à Kishishe, et décrétait un deuil national de 3 jours à dater du samedi 1er décembre 2022.

Mais on était encore loin du compte. Se référant à des sources dans la société civile de Kishishe lundi 5 décembre, le gouvernement, par l’entremise des ministres de l’Industrie et de la Communication, a revu le bilan des massacres de Kishishe à la hausse, le portant à 272 civils froidement assassinés parmi lesquels des femmes et des enfants. Ressortissant et ancien gouverneur du Nord-Kivu, le ministre Julien Paluku Kahongya de l’Industrie a communiqué plus de détails sur les circonstances qui ont entouré ce carnage. «A Kishishe, chaque communauté a pu recenser les personnes qui sont mortes. Une de ces communautés en a dénombré à elle seule plus de 105 tués», a révélé Paluku, précisant qu’il s’agissait de «gens connus, habitant régulièrement à Kishishe, qui n’ont rien à voir avec les FDLR ni les combattants maï-maï». Selon ces sources, la communauté Hunde a déploré quelques 30 morts, contre 95 pour la communauté Nande et 102 pour leurs congénères Hutu de Kishishe. Parmi les victimes de Kishishe figurent au moins 17 enfants qui s’étaient réfugiés avec leurs parents dans l’église adventiste locale et dans un hôpital.

Liste macabre interminablement longue

Kishishe s’ajoutait ainsi à une liste interminablement longue de massacres des populations civiles par l’armée rwandaise et ses supplétifs en RDC depuis 1996. Les plus notoires de ces tueries de masses, qui ont fait des milliers de victimes, ont été perpétrés à Ngenge, Kalehe, Kilambo, Katogota, Kamanyola, Lubarika, Luberizi, Cidaho, Uvira, Shabunda, Lusenda-Lubumba, Lulingu, Butembo, ainsi qu’à Makobola, et à Mwenga où 15 femmes furent enterrées vivantes après avoir été torturées.

Les statistiques de ces exactions sont effarantes. En 2006, une enquête de l’International Rescue Comittee (IRC) chiffrait à 6,9 millions de morts le nombre des victimes des affrontements récurrents depuis 1996 en RDC. «Il y meurt chaque mois 51.000 personnes de plus qu’avant la guerre, sur un total de 807.000 morts. La mortalité est également nettement plus élevée dans les provinces instables de l’Est du Congo (Kivu, Ituri, Maniema, Province Orientale)», écrivaient déjà les rapporteurs de l’ONG internationale.

Depuis l’invasion de la RDC par l’armée de Paul Kagame en 1996, ces massacres de civils de ne se comptent donc plus, en réalité. A ce jour, près de 10 millions de Congolais sont morts du fait des agressions à répétition du pays par le Rwanda. C’est le nombre des victimes du génocide rwandais de 1994 multiplié par 10. Mais rien ne semble encore pouvoir arrêter la folie meurtrière du despote rwandais qui brigue, depuis quelques jours, son 4ème mandat à la tête de la principauté militaire. Puisque les occidentaux, Etats-Unis, Canada, France et Union européenne en tête, portent plus que jamais à bout de bras le maître d’ouvrage de leur propre politique d’accaparement des ressources naturelles de la RDC.

Concours des maîtres d’oeuvre

En mars 2022, le Royaume-Uni a annoncé la signature d’un accord de réinstallation de migrants au Rwanda, assorti d’un pactole de 120 millions de Livres Sterling versés au régime de Paul Kagame dès le 14 avril de la même année. Alors qu’aucun migrant n’a encore foulé le sol rwandais, il apparaît que cette perfusion de l’économie (de guerre) de Paul Kagame épouse opportunément et dramatiquement les contours des conflagrations armées provoquées par Kigali en RDC.

En RDC, les massacres de Kishishe en novembre 2022 sont intervenus peu de temps après que l’Union européenne eût accordé un soutien financier de 20 millions d’Euros à l’armée rwandaise en opérations au Mozambique (sic !). Le 19 décembre 2023, la Banque européenne de développement (BED) annonçait une alliance stratégique avec Kigali, visant à renforcer les investissements dans les chaînes de valeur des matières premières critiques dont il est pourtant de notoriété universelle que le pays des mille collines est particulièrement dépourvu. C’est donc dans la même veine et sans grande surprise pour les observateurs, que l’UE et le Rwanda ont annoncé, le 24 février 2024, la conclusion d’un protocole d’accord sur les mêmes matières premières critiques – Tantale, étain, tungstène, or, nobium, lithium et autres terres rares – … qu’on ne trouve que chez le voisin rd congolais.

Ce n’est pas tout puisque le 17 mars courant, des médias occidentaux ont révélé que l’UE prévoit de financer de nouveau l’armée rwandaise avec un déboursement de 20 millions d’Euros via le mécanisme de Facilité européenne pour la paix. Le décaissement, soutenu par la France, viserait à appuyer les opérations de l’armée de Paul Kagame dans les districts mozambicains de Palma et Cabo Delgado.

Remake du scenario yougoslave en RDC

Rien de neuf sous les tropiques, en fait. Derrière Kagame s’abritent les Etats-Unis, le Royaume-Uni, la France, l’Union Européenne, manifestement lancés dans une gigantesque opération d’accaparement des ressources naturelles de la RDC. Les stratégies mises en œuvre pour décider du destin du pays de Lumumba ressemblent à tous points de vue à celles qui rayèrent la Yougoslavie, à jamais, de la carte du monde il y a 25 ans. Selon l’historien américain Michael Parenti (To Kill a Nation-The Attak on Yougoslavia), l’objectif visé par les Etats-Unis (déjà !) était de transformer la Yougoslavie en une région du tiers monde, un ensemble de principautés faibles de droite présentant les caractéristiques suivantes : «incapable de poursuivre un parcours indépendant de développement personnel ; ressources naturelles pleinement ouvertes à l’exploitation par les sociétés transnationales, y compris les vastes richesses minières du Kosovo, une population pauvre mais instruite et qualifiée travaillant pour des salaires de misère, une réserve de main-d’œuvre bon marché qui contribuera à faire baisser les salaires en Europe occidentale et ailleurs ; démanteler les industries pétrolière, mécanique, minière, des engrais, pharmaceutique, de construction, automobile et agricole afin qu’elles ne représentent plus une concurrence pour les producteurs occidentaux».

Un «génocide» pour déclencher la ruée vers l’Est

Au pays du défunt Maréchal Tito, ce sont les troupes onusiennes qui se chargèrent de bombarder le pays d’obédience marxiste-léniniste. En RDC, c’est le Rwanda de Kagame, et accessoirement l’Ouganda de Yoweri Museveni, parfois soutenus par les troupes onusiennes, qui ont en charge de l’ouvrage destructeur. La déferlante de l’armée mono-ethnique tutsie sur le Rwanda au début de la décennie ’90 fut amplement facilitée par les Etats-Unis, le Canada et le Royaume-Uni. C’est au nez et à la barbe des troupes onusiennes de la MINUAR (dirigées par le général canadien Roméo Dallaire) que l’APR de Kagame viola les Accords de paix de Lusaka, signés avec le président Habyarimana, en introduisant armes, munitions et hommes de troupes jusque dans la capitale Kigali. Avant d’attenter (avec succès) à la vie des présidents rwandais et burundais de retour d’une conférence sur la paix à Arusha en Tanzanie le 6 avril 1994. Et d’installer un pouvoir dictatorial sans nom qui lui permettra d’envahir la RDC deux ans plus tard, atteignant ainsi un des objectifs qui lui étaient assignés par ses parrains : ouvrir la voie à l’exploitation des richesses naturelles de ce pays par les multinationales occidentales.

Conséquences : ni condamnations, ni sanctions dignes de ce nom ne sont infligées à la principauté militaire installée pour les besoins de la cause au Rwanda. Les loups ne se mangent pas entre eux.

 

J.N.
Le Maximum / MCP, via mediacongo.net
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