Politique
Tout en paraissant comme un signal fort de la tolérance-zéro à l’endroit des groupes armés qui entretiennent l’insécurité dans cette partie de la République démocratique du Congo, pareille initiative n’en constitue pas moins un aveu d’impuissance de la part des gestionnaires du système national de défense. L’entrée en scène d’officiers et soldats égyptiens se veut l’expression du refus ou de l’incapacité des décideurs politiques et militaires congolais de mettre hors d’état de nuire des miliciens sans « base logistique » ni commandement de nature à faire face aux FARDC.
Et pourtant, depuis des années et des mois, l’Etat congolais semblait se livrer au jeu de cache-cache avec les « Bakata-Katanga », arrêtant et libérant mystérieusement leurs chefs de guerre (cas de Gedéon Kyungu), fermant les yeux sur leurs attaques à répétition sur la ville de Lubumbashi ainsi que d’autres villes et villages du Katanga. Aucune fois, l’on n’a senti la volonté politique ou militaire de mettre un terme aux aventures des membres de cette force négative. Au contraire, l’opinion nationale était surprise de voir des missions de bons offices conduites en direction des « Bakata-Katanga », en vue de les réconcilier avec des populations qu’ils n’hésitent pourtant pas à massacrer, piller, torturer. Des campagnes de désarmement et des promesses de réinsertion dans l’armée ou la vie civile étaient aussi menées à leur endroit, laissant l’impression que l’on cherchait à octroyer des primes spéciales à des criminels sans foi ni loi.
Certes, la Monusco, à travers les casques bleus égyptiens, va opérer en synergie avec les FARDC. Il n’en reste pas moins vrai que la présence d’une force étrangère dans une province qui ne connaît ni rébellion, ni agression extérieure est de nature à faire penser à notre incapacité à faire nous-mêmes le ménage. A propos de notre système national de défense, la communauté internationale a souvent reproché à nos gouvernants de ne pas s’impliquer assez dans le processus de réforme de l’armée, de la police et des services de sécurité. Pourtant, depuis le Dialogue intercongolais en 2003, le gouvernement congolais n’a cessé de promettre de se doter d’une armée et d’une police républicaines, et d’humaniser ses services de sécurité.
FARDC d’abord…
Le pays n’en serait pas aujourd’hui à compter d’abord sur des armées étrangères sur son sol pour éradiquer les forces négatives, si tous les plans de réforme de son armée, de sa police et de ses services de sécurité avaient été exécutés conformément au chronogramme arrêté sous la Transition du Régime 1+4. Réputée priorité des priorités dans les discours, la reconstruction d’une armée forte et dissuasive ne l’est pas encore dans la pratique.
Il est encore loin, le temps où les Congolaises et Congolais pourraient dormir tranquilles, car convaincus qu’en cas de menace à leur sécurité intérieure ou extérieure, ce sont d’abord les FARDC qui organiseraient la riposte. Pourtant, une belle éclaircie est apparue au firmament national, avec la cinglante fessée donnée aux rebelles du M23 et à leurs parrains rwandais, en octobre 2013. La communauté nationale s’est mise à rêver de victoires faciles sur des forces négatives moins bien organisées et équipées telles les nébuleuses Maï-Maï du Nord et du Sud-Kivu, ainsi que les Bakata-Katanga au Nord-Katanga.
Il est à espérer que la mission du contingent égyptien dans cette partie de la République ne va pas s’inscrire dans la durée, comme c’est le cas d’autres casques bleus au Nord-Kivu, et que les FARDC en construction vont prendre leur relève à bref délai. Un éventuel enlisement de la situation sécuritaire au Nord-Katanga serait la preuve que la RDC se complaît dans sa situation de « colonie » des Nations-Unies, incapable de se prendre en charge pour sécuriser ses citoyens, ses villes, villages, ses infrastructures, ses mines, ses forêts, etc. On aimerait apprendre, à l’avenir, qu’une insurrection interne ou une agression extérieure a été étouffée dans l’œuf grâce à un bataillon venu de Rumangabo, Kotakoli, Kamina, Kananga, Kibomango, Mbanza-Ngungu, Kitona…
Il est paradoxal que des soldats congolais se retrouvent à Bangui pour y construire la paix, pendant que certaines parties du territoire national brûlent et requièrent des interventions étrangères.
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