Moïse Katumbi Chapwe : Audace, Subtilité et controverse dans la course Présidentielle de 2023

Dans une démonstration de force qui a surpris plus d’un observateur politique, Moïse Katumbi Chapwe, candidat numéro 3 à l’élection présidentielle de 2023 en République démocratique du Congo (RDC), a livré un discours martial devant une foule immense à Goma le jeudi 23 novembre. Dépeignant son approche comme plus subtile que celle des va-t-en-guerre en carton, l’homme d’affaires a défendu avec véhémence sa vision pour la nation, promettant de défendre chaque centimètre du territoire congolais contre les étrangers et de neutraliser le M23 en équipant l’armée congolaise et en augmentant le salaire des militaires.

Contexte complexe et terrain conquis

Katumbi se trouve en terrain conquis, notamment dans la région du Kivu, où un désamour manifeste s’est installé entre Félix Tshisekedi et la population. Ce désamour découle en partie du rapprochement initial du président Tshisekedi avec le criminel et sanguinaire Paul Kagame qui, il faut le rappeler, a été ovationné au stade des martyrs par les partisans de l’UDPS lors de l’investiture de Felix Tshisekedi en janvier 2019. De plus, les erreurs commises lors de l’état de siège, qui n’a pas mis fin à l’insécurité, mais a préparé dans l’imaginaire collectif l’arrivée des militaires de l’EAC sans amélioration significative de la situation, font partie des éléments qui ont également alimenté ce sentiment.

Le bilan

Le bilan du candidat Katumbi dans la riche province du Katanga dont il fut gouverneur plaide largement en sa faveur. Ses réalisations sont visibles à travers plusieurs coins du pays, et sa capacité financière quasi illimitée incline largement la balance. Le riche homme d’affaires mène une campagne à l’américaine en fonds propre. Ce qui contraste avec les bruits des détournements de deniers publics de certains proches de l’actuel président de la république ou caciques du régime épinglés par l’IGF ou la cour des comptes. Le président Félix Tshisekedi, lui, est séjourné à Kindu après son périple au Kongo-Central. La rivalité entre les deux hommes s’intensifie chaque jour un peu plus. Ce qui éclipse les autres candidats de l’opposition qui devront se prononcer dans les semaines à venir s’ils se rallieront à l’un ou l’autre.

Le Joker

L’approche adoptée par Moïse Katumbi dans sa campagne présidentielle est sans conteste iconoclaste. En défiant ouvertement le M23 à Goma et en promettant de mettre fin aux influences étrangères, notamment rwandaises sur les innombrables groupes armés qui créent la mort et la désolation depuis trois décennies en seulement six mois, il s’engage sur un terrain où les politiciens traditionnels ont souvent échoué. D’ailleurs, le président Felix Tshisekedi lui-même s’engagea à être jugé sur ce seul critère pour lequel il promit de s’installer dans la partie orientale. Promesse partiellement tenue et qui lui vaut l’hostilité féroce d’une partie de la population. La volonté de Moïse Katumbi de défendre chaque centimètre du territoire congolais contre les étrangers suscite déjà des débats passionnés sur les réseaux sociaux, car cela implique des compromissions géopolitiques complexes et des défis sécuritaires considérables.

La campagne présidentielle de 2023 en RDC est marquée par l’émergence de Moïse Katumbi Chapwe, un candidat audacieux, subtil et controversé. Son discours martial à Goma a captivé une foule immense et débordante, et ses promesses de défendre le territoire congolais contre les étrangers ont trouvé un écho particulier dans une région où le mécontentement envers le président actuel, Félix Tshisekedi, est palpable. Avec un bilan solide au Katanga et des moyens financiers considérables à sa disposition, Katumbi s’impose comme un sérieux prétendant à la présidence. Alors que la rivalité entre lui et Tshisekedi s’intensifie, l’avenir politique de la RDC reste incertain, mais une chose est sûre : Moïse Katumbi a réussi à se faire une place dans le paysage politique congolais en proposant une vision iconoclaste et en défiant les attentes traditionnelles.