Nord-Kivu : les enseignants suspendent les cours à Beni et réclament les enquêtes sur la mort de leurs collègues dans l'incursion attribuée aux Adf

Les cours sont suspendus en ville et territoire de Beni, dans la province éducationnelle Nord-Kivu 2. Les enseignants de cette zone réclament des enquêtes "crédibles" et "indépendantes" sur la mort de trois de leurs collègues tués dans une incursion attribuée aux rebelles des Forces démocratiques alliées (Adf) dans la commune d'Oïcha, lundi 23 octobre 2023.

Le Syndicat des enseignants du Congo (Syeco), à Oïcha, a décidé de suspendre les cours dès ce lundi 30 octobre 2023, jusqu'à ce que les résultats des enquêtes indépendantes seront communiqués et l’indemnisation des familles des enseignants victimes de ces tueries payées. Ce mot d'ordre a connu l'adhésion des enseignants de la ville, qui disent compatir avec leurs collègues.

À l'école primaire Masosi par exemple, une école publique, comme dans plusieurs autres écoles de la zone, dès les premières heures du matin, les cours étaient deserts. Les parents qui ont suivi le communiqué des enseignants n'ont pas envoyé leurs enfants à l'école. Ceux qui ont fait le déplacement, comme pour une journée ordinaire d’enseignement, sont retournés à leurs maisons face à l'absence des enseignants.

"Il n'y a pas de jour prévu pour la reprise des cours. Même si aujourd'hui les enquêteurs venaient et nous communiquaient le résultat, alors à ce moment-là, même demain, on va aller à l'école. Oui, c'est pour marginaliser les enfants, mais ceux qui ont été tués, ont-ils été privilégiés ou marginalisés ? Si les enquêtes démontrent qu'il y a eu des personnes qui peuvent avoir montré une légèreté dans la façon d'assumer leur service, ils seront des répondants [...]”, a expliqué Kakule Mathuko Angélus, enseignant d'histoire à l'Institut Maleki d'Oïcha.

Le syndicat des enseignants a échangé avec l'administrateur de territoire de Beni pour essayer de trouver une solution à ce problème, mais la réunion a accouché d'une souris. Les enseignants prévoient de se réunir mercredi 1ᵉʳ novembre, réunion à l'issue de laquelle une déclaration commune sera produite sur la reprise ou non des cours.

Par ailleurs, en ville de Beni, le chef de la sous-division urbaine de l'Enseignement primaire, secondaire et technique (Epst), Matsoro Lenge Olivier, appelle à la reprise des cours dans toutes les écoles publiques et privées. Il a lancé cet appel à l'issue d'une réunion extraordinaire du comité sous-provincial de la sous-division de l'Epst.

"Considérant la conjoncture et les circonstances du moment, dans le cadre de compatir avec les familles de nos collaborateurs enseignants, victimes des massacres perpétrés par les inciviques dernièrement à Oïcha, en attendant que la justice face son travail pour l'assistance objective, nous demandons aux enseignants de reprendre le chemin de l'école dès ce mardi 31 octobre 2023 [...]", a-t-il exhorté.

Lundi 23 octobre dernier, les hommes armés ont fait incursion dans le quartier Masosi à Oïcha, où ils ont tué 27 civils et blessé 6 autres. Les autorités locales ont attribué cette attaque aux Adf, un groupe ayant fait allégeance à l'État islamique.