Politique
A la veille des élections, le Rwanda s’invite encore une fois dans la campagne, lors de laquelle les candidats ne pourront pas faire l'impasse sur un point : les inimitiés entre les deux pays.
Erection d’un mur, arrestation de Paul Kagame, arrivée de l’homme providentiel pour ramener la paix à l’est du pays… Dans l’attente des programmes de campagne des 24 candidats au scrutin présidentiel de décembre prochain, les inscrits sont force de proposition.
Récemment, l'ancien Premier ministre sous Joseph Kabila, Adolphe Muzito, a proposé l’érection d’un mur entre la RDC et le Rwanda, ainsi que l’Ouganda. S'il dit ne pas avoir de problème avec le peuple rwandais, il souhaite en revanche "réguler la question migratoire" et ainsi protéger le Congo de son voisin rwandais. "C’est le leadership rwandais qui pose problème", a expliqué le leader du parti Nouvel élan et candidat à la présidentielle à la DW, "le peuple rwandais est libre de venir, mais pas à l’est du Congo."
Adolphe Muzito
Si Adolphe Muzito est sur la défensive, Constant Mutamba, autodésigné "candidat de la jeunesse et de la rupture", privilégie-lui l'option militaire "pour rompre avec l’insécurité à l’est du pays". Son Ambition ? "Pouvoir mettre en place une unité spéciale qui sera chargée de rétablir définitivement la paix" dans la région. A cette fin, l’avocat de profession s’est donné comme objectif l’arrestation du président rwandais, Paul Kagame.
Et tout cela sans parler de Denis Mukwege, témoin de l’arrivée des premiers rwandais dans l’hôpital d’Uvira, dans lequel il travaillait en 1996. Il y a quelques mois, il avait demandé que des sanctions soient prises contre Kigali, en raison de son soutien au groupe rebelle du M23, ce que nie la capitale.
Un sujet incontournable
L’histoire et les relations entre les deux pays sont chaotiques. Les braises du génocide rwandais se sont envolées sur les collines de l’est de la RDC à la fin des années 1990 et ne se sont jamais éteintes depuis. C’est pourquoi, le Rwanda, dont le rôle dans les différentes rébellions armées du Nord-Kivu a été reconnu à de multiples reprises par les Nations unies, est désormais un sujet incontournable des campagnes présidentielles. Déjà en 2018, donc bien avant la résurgence du M23, l'actuel président Félix Tshisekedi avait promis de déplacer l'état-major des armées à Goma, ville située à la frontière rwando-congolaise.
Pour Trésor Kibangula, analyste du Centre de recherche Ebuteli, le fait que le voisin s'invite dans la campagne n'est donc pas une surprise et "les attentes de la population sur le sujet obligent les acteurs politiques à se positionner régulièrement sur la question". Quitte à "verser malheureusement dans le populisme en essayant d’identifier le Rwanda comme la seule cause des problèmes du Congo", souligne le chercheur.
Et Malgré les propositions, malgré les tentatives de rapprochement et de médiation entre les deux pays, la situation est loin d’être réglée. Les combats contre les rebelles du M23, épine dans le pied dont Kinshasa peine à se débarrasser depuis la fin de l’année 2021, ont repris de plus belle, créant de nouveaux déplacements de populations et menaçant ainsi les élections de décembre prochain dans la région.
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