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Infos congo - Actualités Congo - Premier-BET - 08 avril 2024
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Enquête sur les "guérisseurs spirituels" qui abusent sexuellement des femmes

2023-08-16
16.08.2023
2023-08-16
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BBC Arabe a découvert un monde caché d'abus sexuels et d'exploitation par des hommes travaillant comme "guérisseurs spirituels".

La guérison spirituelle, également connue sous le nom de "guérison coranique", est une pratique populaire dans le monde arabe et musulman. Ce sont surtout les femmes qui vont voir les guérisseurs, persuadées qu'ils peuvent résoudre les problèmes et guérir les maladies en chassant les mauvais esprits appelés "djinns".

Les témoignages recueillis par la BBC auprès de 85 femmes, sur une période de plus d'un an, désignent 65 soi-disant guérisseurs au Maroc et au Soudan - deux pays où ces pratiques sont particulièrement populaires - avec des accusations allant du harcèlement au viol.

Nous avons passé des mois à nous entretenir avec des ONG, des tribunaux, des avocats et des femmes, recueillant et vérifiant les récits d'abus. Une journaliste infiltrée, qui a suivi un traitement chez l'un de ces guérisseurs dans le cadre de notre enquête, a elle-même subi des attouchements inappropriés avant de s'enfuir.

Dalal (nom d’emprunt) a consulté un guérisseur spirituel dans une ville proche de Casablanca il y a quelques années, alors qu'elle était âgée d'une vingtaine d'années, pour soigner une dépression. Elle raconte que le guérisseur lui a dit que la dépression était causée par un "amant djinn" qui l'avait possédée.

Lors d'une séance individuelle, il lui a demandé de sentir un parfum qu'il a qualifié de musc, mais dont elle pense aujourd'hui qu'il s'agissait d'une sorte de drogue, car elle a perdu connaissance.

Dalal, qui n'avait jamais eu d'expérience sexuelle auparavant, raconte qu'elle s'est réveillée en découvrant qu'on lui avait enlevé ses sous-vêtements et qu'elle s'est rendu compte qu'elle avait été violée. Elle raconte qu'elle a commencé à crier après le raqi (guérisseur coranique), lui demandant ce qu'il lui avait fait.

J'ai dit : "Honte à vous ! Pourquoi vous m’avez fait cela ? Il m'a répondu : "Pour que les djinns quittent ton corps".

Elle raconte qu'elle n'a révélé à personne ce qui s'était passé, parce qu'elle avait honte et qu'elle était sûre d'être blâmée. Lorsqu'elle a découvert quelques semaines plus tard qu'elle était enceinte, elle était terrifiée.

Elle a même pensé à mettre fin à ses jours.

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Lorsqu'elle a parlé de sa grossesse au guérisseur, celui-ci lui a répondu que le djinn avait dû la féconder. Dalal raconte qu'elle a été tellement traumatisée par cette expérience qu'à la naissance de son bébé, elle a refusé de le regarder, de le prendre dans ses bras ou même de lui donner un nom, et l'a fait adopter.

Elle nous a dit que si sa famille découvrait ce qui lui était arrivé, elle la tuerait.

De nombreuses femmes avec lesquelles nous nous sommes entretenues ont déclaré qu'elles craignaient d'être blâmées si elles dénonçaient les abus dont elles avaient été victimes, et c'est pourquoi très peu d'entre elles en ont parlé à leur famille, et encore moins à la police.

Certaines ont également dit craindre que le fait de signaler ce qui s'était passé n'incite les djinns à se venger d'elles.

Au Soudan, une femme nommée Sawsan nous a raconté que lorsque son mari a quitté le domicile familial pour vivre avec une seconde épouse - comme il en a le droit en vertu de la charia (loi islamique) - elle s'est retrouvée sans ressources et a demandé de l'aide à un guérisseur. Elle a dit qu'elle espérait qu'il pourrait lui donner une sorte de talisman pour son mari afin qu'il la traite mieux.

Mais elle ne s'attendait pas à ce qu'il lui propose un traitement.

"Il m'a dit qu'il aurait des rapports sexuels avec moi et qu'il utiliserait les fluides corporels qui en résulteraient pour concocter une potion que je devrais donner à mon mari".

Sa recommandation laissait entendre qu'il était "sans peur", a-t-elle ajouté.

"Il était persuadé que je ne le dénoncerais ni à la police, ni aux tribunaux, ni même à mon mari.

Sawsan raconte qu'elle a quitté la séance immédiatement et qu'elle n'est jamais revenue. Elle n'a pas dénoncé le comportement du guérisseur.

Trois des 50 femmes avec lesquelles nous avons parlé d'exploitation ou d'abus au Soudan ont cité le même chef religieux, le Cheikh Ibrahim. L'une d'entre elles, que nous ne nommerons pas, a déclaré qu'il l'avait manipulée pour qu'elle ait des relations sexuelles avec lui. Une autre, Afaf, nous a dit qu'elle avait dû le repousser lorsqu'il lui avait demandé d'avoir des relations sexuelles avec elle. Elle a déclaré qu'elle se sentait impuissante.

"Les gens n'acceptent pas que les cheikhs disent et fassent ces choses. Ils n'y croient pas. Comment puis-je trouver des témoins ? Personne ne m'a vue dans la pièce avec lui".

Une journaliste infiltrée travaillant avec notre équipe a donc accepté de rendre visite au cheikh Ibrahim afin de recueillir davantage de preuves.

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La journaliste, que nous appellerons Reem, s'est fait passer pour une cliente souffrant d'infertilité.

Le cheikh Ibrahim lui a dit qu'il ferait une prière pour elle et lui a préparé une bouteille d'"eau de guérison" - connue sous le nom de "mahayya" - qu'elle pourra emporter chez elle et boire.

Reem raconte qu'il s'est ensuite assis très près d'elle et a posé sa main sur son ventre. Lorsqu'elle lui a demandé de retirer sa main, il l'a simplement descendue le long de son corps, sur ses vêtements, jusqu'à ses parties génitales. Elle a quitté la pièce en courant.

"J'ai été très perturbée par lui", nous a-t-elle dit après coup. "Il avait un air inquiétant. "

Elle dit avoir eu l'impression que ses manières laissaient penser que ce n'était pas la première fois qu'il se comportait ainsi.

La BBC a interrogé le cheikh Ibrahim sur ce qui était arrivé à Reem. Il a nié avoir harcelé ou agressé sexuellement des femmes qui lui demandaient de l'aide et a brutalement mis fin à l'entretien.

Sheikha Fatima est une femme qui offre une alternative à celles qui souhaitent une guérison spirituelle sans risque d'exploitation.

Installée près de Khartoum, elle a ouvert un centre de guérison réservé aux femmes. Depuis 30 ans, c'est l'un des rares endroits où les femmes peuvent faire l'expérience de la ruqyah ou de la guérison par d'autres femmes.

Nous avons eu un accès unique à cet espace privé. Au cours de notre visite, j'ai trouvé intense de voir les femmes autour de moi perdre toute conscience de ce qui les entoure. Sheikha Fatima m'explique comment les femmes peuvent être vulnérables dans cet état, ce qui permet à d'autres guérisseurs de profiter d'elles.

"De nombreuses femmes nous ont dit qu'elles croyaient que le cheikh extrayait le diable en les touchant. Elles pensaient que cela faisait partie du traitement", explique-t-elle. "Ce que nous disent ces femmes est choquant."

Nous avons contacté les autorités politiques du Maroc et du Soudan pour leur présenter nos preuves.

Au Soudan, le Dr Alaa Abu Zeid, chef du département de la famille et de la société au ministère des Affaires islamiques, s'est d'abord montré réticent à l'idée qu'un si grand nombre de femmes nous aient signalé des cas d'abus. Il a toutefois admis que l'absence de réglementation en matière de guérison spirituelle entraînait "le chaos" et que ce rôle était utilisé comme "une profession pour ceux qui n'ont pas d'emploi".

Il a déclaré à la BBC qu'il avait envisagé de réglementer cette pratique par le passé, mais que l'instabilité politique du pays ne faisait pas de cette question une priorité à l'heure actuelle.

Au Maroc, le ministre des Affaires islamiques, Ahmed Toufiq, a déclaré qu'il ne pensait pas qu'il était nécessaire d'adopter une législation spécifique concernant les guérisseurs spirituels.

"Il est difficile d'intervenir légalement sur ces questions. La solution réside dans l'éducation religieuse et la prédication", nous a-t-il dit.

Malgré toutes les preuves que nous avons rassemblées, les autorités marocaines et soudanaises sont réticentes à prendre des mesures. Il incombe donc aux femmes de dénoncer ceux qui se cachent derrière une profession de guérisseur.


bbc/MCP, via mediacongo.net
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