Economie
Ce n’est pas la Banque centrale qui nous contredira, encore moins la Gouv Kabedi Malangu qui est passée par les institutions financières internationales : il faut au moins, six à huit trimestres, donc 18 à 24 mois, pour des économies solides afin que les interventions en matière de politique monétaire portent des effets escomptés sur l’économie et jugulent véritablement les vagues inflationnistes. Ainsi, tout gouverneur d’une Banque centrale qui s’y connait bien, sait que les effets de l’ajustement du taux directeur sur le taux d’inflation se projettent dans l’avenir et nullement sur le taux d’inflation observé au moment de la prise de décision de relever le taux directeur.
La dernière décision (8 août 2023) du Comité de politique monétaire de relever le taux directeur de la BCC, de 11 à 25 %, pour, selon Mme Kabedi Malangu, “resserrer davantage la politique monétaire et neutraliser tout excès de liquidité et mieux soutenir la stabilité macroéconomique”, n’aura aucun effet immédiat ni à court terme.
Le taux directeur est le principal outil conventionnel de la politique monétaire. C’est, en pratique, le taux d’intérêt fixé par la Banque centrale pour les prêts qu’elle accorde aux banques commerciales qui en ont besoin. Le taux directeur est aussi le taux d’intérêt auquel les institutions financières sont censées, selon la Banque, se prêter des fonds sur les marchés financiers. Les banques commerciales (Access Bank, Rawbank, Equity…) et autres institutions financières s’appuient sur ce taux directeur pour établir le taux d’intérêt applicable sur les prêts personnels, les prêts hypothécaires et les autres formes de prêts qu’elles proposent.
La Banque centrale relève ou abaisse son taux directeur pour mieux gérer l’inflation. Quand celle-ci dépasse le taux cible, la Banque pourrait hausser le taux directeur. Ce faisant, elle incite les institutions financières à majorer le taux d’intérêt applicable sur les prêts personnels et hypothécaires qu’elles proposent, et décourage les emprunts et les dépenses, ce qui relâche les tensions inflationnistes.
La BCC a sacrifié l’administration sur l’autel du personnel politique
Ce n’est pas la BCC qui nous contredira : il est, dans le circuit fiduciaire, une grande masse monétaire qui échappe à tout contrôle. Chiffrée à 4 000 milliards de francs du temps de Deogratias Mutombo, se serait, au bas mot, quintuplé, selon diverses sources. Et l’injection, à brûle-pourpoint sur le marché du gros stock de billets de 5 000 francs, naguère boudé dans l’opinion, n’aura pas été pour aseptiser le circuit financier. L’opinion se souviendra également de la polémique sur les billets de 10 et 20 000 francs, avec pour la toute première fois, la signature de Kabedi Malangu, mis sur le marché, durant la période de festivités de fin d’année. Il fallait assouvir les besoins en liquidité du personnel politique toujours plus pléthorique et gonflé par des “homo novus”, venus de l’étranger, tirant des années de fauche et de galère derrière eux. Les effets de cette gestion ludique des finances publiques et de son corollaire de la masse monétaire devraient se faire ressentir à moyen et long termes. Nous y sommes. Comme le dit si bien cet adage sous les tropiques, ce n’est pas le jour où tu manges le crapaud que tu auras la gale…la galère.
Kamerhe, les assurances mal fondées
Et quand le VPM de l’Économie, Vital Kamerhe, s’emmêle, ses propos suscitent davantage questionnements et scepticisme sur le court terme. “Ceux qui pensent que la stabilité du franc congolais est conjoncturelle, se trompent”, a déclaré Vital Kamerhe, au sortir d’une nième réunion à la Primature sur la déconfiture ralentie du franc congolais. Et le VPM de l’Économie d’ajouter, “C’est qu’il y a à la fois des mesures de politique monétaire qui sont bien menées par Mme la gouverneure de la BCC. Il y a aussi des mesures d’ordre économique et budgétaire au niveau du gouvernement. Des résultats inévitablement seront en faveur du pouvoir d’achat de la population”.
L’évidence est que l’administration publique a été soumise à jeun, pas de prime, pas de salaire ! Même les cabinets ministériels n’ont pas été épargnés du régime du pain de sec. Dans certains cabinets, la dernière paie concerne le mois de mai, dans d’autres juste la moitié ou le tiers pour le mois de juin. Déjà, ça gronde au ministère des Finances, où les recrues dans les cabinets en ont ras-le-bol de verser le tribut dû aux partis politiques d’où elles ont obtenu leurs embauches. D’ailleurs, le ministre de tutelle, Nicolas Kazadi Kadima Nzunji, jouerait au Litho Moboti, qu’il me haïsse pourvu qu’il me craigne, selon les milieux syndicaux. La plupart de fois, il se fait représenter par son adjointe ou son Dircab dans des réunions, même à la Primature. Alors de quelle politique Kamerhe parle-t-il? Sinon cette politique d’étranglement financier de l’administration que les finances publiques qui maintiennent encore une certaine coloration pas tout à fait rouge.
Pas question de couvrir la BCC
Le gouvernement aurait fait œuvre utile en plongeant dans les livres comptables du trésorier national. Comment le pays qui se targuait, il y a peu, d’avoir plus de quatre milliards des réserves en billets, équivalent à plus de deux semaines d’importations des biens et services, peut-il basculer aussi facilement vers…un dépôt de bilan, une faillite ! Du temps de Deogratias Mutombo, la Banque centrale imprimait 360 millions de billets l’an avec un subtil équilibrage sur des billets à valeur faciale élevée. Qu’en est-il pour Kabedi ? La BCC n’a plus un directeur chargé des opérations de la paie comme s’y employait cahin-caha Jean-Louis Kayembe pour la paie de la fonction publique ? Bizarrement, le gouvernement a rassuré que la paie de l’administration ne torpillera pas le cadre macroéconomique qui, il est pourtant, vrai que c’est un navire fissuré par endroits qui navigue à vue pour ne pas dire à vau-l’eau.
Revoir les ambitions du cadre macroéconomique
Il est certain, à un quadrimestre de fin 2023, que le taux d’inflation à fin période ne serait pas de 6,8 % ni le taux de croissance du PIB à 6,7 %. Et le taux de change à fin décembre à 2 034 FC/USD à moins d’une décision propagandiste. Le gouvernement devrait, raisonnement, s’atteler à prendre des mesures urgentes pour la survie de la population dont il est censé assurer le bien-être. Il s’agit notamment, de l’avis des experts, de renvoyer la rentrée scolaire à un mois plus tard, au moins, au mois d’octobre, pour soulager les ménages. La décision serait la bienvenue, foi de ces agents de l’État. Contraindre aussi les expatriés qui contrôlent tous les marchés des biens de consommation et même certains services à se soumettre effectivement au taux de change fixé par la BCC, lequel doit être rationnel, découlant des paramètres économiques et non des décisions type “AFDL”. Pas comme dans la jungle, pour reprendre les termes de Vital Kamerhe, au sortir de la réunion du Comité économique, le 9 août 2023, sous la présidence du 1ᵉʳ ministre, Sama Lukonde.
Dans certains hôpitaux tenus par des Indiens, le taux de change est à 2600 FC le dollar, et le patient est prévenu qu’à tout moment ce taux peut évoluer. À l’État d’adopter des mesures monétaires adaptées aux réalités socioéconomiques congolaises, notamment le gel des dépenses de prestige.
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Ils nous font confiance
Le Premier ministre, Sama Lukonde, le vice-Premier ministre de l’Économie, Vital Kamerhe et la gouverneure de la Banque centrale du Congo, Malengu Kabedi.