Politique
Véritable patate chaude, sujet brûlant, le débat s’était vite introduit dans les salons privés de grandes villes de la RD Congo tout comme dans les coulisses feutrées des chancelleries étrangères dans la capitale congolaise. Au palais du peuple, même les honorables députés nationaux, toutes obédiences confondues, cachaient mal leurs appréhensions de voir le pays basculer dans le chaos et l’anarchie au cas où…
Et tandis que les médias nationaux et étrangers continuaient d’en faire leurs choux gras, il n’était pas jusqu’à l’église catholique qui n’avait donné de la voix pour mettre en garde contre toute velléité de « tripatouillage constitutionnel ».
Ainsi, dans la dernière semaine de février 2014, très exactement du 24 au 27 dudit mois, les évêques membres du comité permanent de la Conférence épiscopale nationale indépendante (Cenco) s’étaient invités à réfléchir sur les perspectives de la feuille de route présentée par la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), en rapport avec le cycle électoral et d’autres contraintes constitutionnelles.
Parmi les points figurant à l’ordre du jour, les têtes couronnées de l’église catholique en RDC avaient eu à cœur de passer au crible tout ou partie des canaux globaux destinés à baliser la voie à un cycle électoral dépouillé de tout risque de contestations politiciennes ou contentieux byzantins pour les élections législatives et présidentielle de 2016.
LE FLOU ARTISTIQUE ENTRTENU PAR LA CENI
En bout de cause, l’épiscopat catholique congolais était parvenu à la conclusion que la proposition de la Ceni relative aux suffrages indirects pour les élections des députés provinciaux, maires, bourgmestres, chefs de secteurs et autres conseillers municipaux, était porteuse de germes de nature à frustrer le peuple congolais de son droit constitutionnel de prendre une part active et directe à la vie politique de son pays.
Dans la restitution qui en sera faite par M. l’abbé Satedi, secrétaire général de la Cenco, il avait été souligné avec insistance que, conformément aux prescrits de la constitution, spécialement en son article 197, les électeurs au niveau provincial, municipal, urbain et local, ne devaient en aucun cas être détournés de leur cadre fondamental original de « suffrage universel direct ». Ceci aux fins de promouvoir la démocratie à la base par le renforcement du contrôle du souverain primaire sur ses représentants légaux à différents niveaux des institutions nationales, provinciales ou autres…
Et la Cenco d’indiquer la conscience morale des congolais au double respect de la constitution ainsi que la participation réelle et directe des électeurs congolais au choix des animateurs desdites institutions de la république par vote.
Ceci ajouté à cela, le président du Sénat lui-même, Léon Kengo wa Dondo, ne s’était pas fait faute de rappeler l’engagement maintes fois réitéré d’une bonne frange de politiciens congolais de s’en tenir à la stricte observance du pacte républicain en s’abstenant scrupuleusement, en leur âme et conscience, entreprendre quoi que ce soit de nature à favoriser, d'une manière ou d'une autre, toute procédure scélérate de révision de la constitution. Particulièrement ses dispositions sensibles réputées intangibles…
En l’occurrence, l’article 220, relatif à la limitation du mandat présidentiel et autres dispositions périphériques y afférentes. Il va sans dire que cette démarche de Kengo faisait suite à la tenue de la session parlementaire ordinaire de la mi-mars 2014 visant à optimiser l’esprit et la lettre de la cohésion nationale par la mise en branle des recommandations des concentrations nationales. L’occasion était donc toute trouvée, pour le Sénat, d’en appeler à la mise en place d’une nouvelle administration électorale concertée… « pour des élections démocratiques crédibles et apaisées en RDC ».
LES FAUCONS « KABILISTES » S’Y MELENT
Du fait que les faucons « kabilistes » étaient sortis du bois pour proposer une contribution esquissant les voies et moyens de contourner l’article 220 de la constitution sur la limitation des mandats présidentiels, la rue fut mobilisée en janvier 2015. L’appel venait des plus radicaux des opposants. Le schéma burkinabé était à l’essai…
On n’avait pas fait dans le détail. A l’exemple de Vital Kamerhe, président de l’Union pour la nation congolaise (UNC) pour qui le projet secret de la majorité préfigurait un « un recul de soixante ans en arrière », tandis que le député de l’opposition, Martin Fayulu, avait qualifié la démarche de « totalement anticonstitutionnellement », allant jusqu’à l’assimiler à une véritable « déclaration de guerre ».
Très révoltés par l’arrogance des communicateurs de la ajorité présidentielle, les frondeurs avaient pris l’option d’affronter la mort en face. Les victimes se comptaient par dizaine dans les quartiers les plus chauds de la capitale. Au terme de trois folles journées, les parlementaires congolais, tenaillées par la peur, avaient fini par respecter la constitution dans sa forme actuelle et passer la main… pour sauver la démocratie et garantir la paix. C’est ainsi que Kabila était parvenu à conserver son fauteuil au même moment où les projecteurs étaient branchés sur Blaise Compaoré, balayé de l’espace politique par le mouvement citoyens.
TROP DE PINCEAUX AU TABLEAU
Disons – le net : la RDC est à la veille d'un grand tournant. Pour atterrir en douceur le pilote qui est dans le cockpit doit opérer à la manière d’un plasticien qui veut donner à son œuvre les traits de la brillance. Au constat actuel, le tableau tant attendu pour la grande expo est sérieusement malmené par des coups de pinceau intempestifs.
Avec sept scrutins en moins de 18 mois, le calendrier électoral risque de ne pas aboutir. Alors qu’il était prévu en 2006, le découpage territorial se fait dans la précipitation, au même moment qu’un dialogue hypothétique et qui n’intéresse pas l’aile dure des anti-Kabila. Dans la foulée, des balles crépitent dans le « Far East » où des bandes nébuleuses imposent leurs lois. Les viols et les vols sont toujours à la hausse. Les droits de l’homme sont foulés aux pieds. Parce qu’ils voulaient réfléchir autrement, des opposants continuent à humer l’air frais des cachots. Leur libération n’est pas à l’agenda d’un pouvoir qui a connu beaucoup de revers et qui n’est pas prêt d’accuser d’autres signes de faiblesse. Le temps passe, et jusqu’à ce jour, la Majorité présidentielle ne connait pas le nom du champion qui sera dans les « starling blocks ».
En décryptant toutes ces réalités, une question centrale domine les tendances : où va la République démocratique du Congo ?
Le code à 7 caractères (précédé de « @ ») à côté du Nom est le Code MediaCongo de l’utilisateur. Par exemple « Jeanne243 @AB25CDF ». Ce code est unique à chaque utilisateur. Il permet de différencier les utilisateurs.
Les plus commentés
Société Félix Tshisekedi crée un département d'intelligence économique et financière au sein de l'ANR
13.08.2024, 13 commentairesPolitique Kagame propose à Tshisekedi de s’attaquer conjointement aux FDLR et M23
15.08.2024, 12 commentairesPolitique Conflit RDC-Rwanda : Paul Kagame doute de la présence de ses militaires sur le sol congolais
15.08.2024, 8 commentaires
Ils nous font confiance