Afrique
Cru, dur et grave, Emmanuel Macron a bouclé sa tournée africaine sur un ton excessif et assumé. Tranchant, le président français a rappelé que le cessez-le-feu de ce mardi 7 mars 2023 doit marquer le début du retour de la paix dans la partie orientale de la RDC. À côté d’un Félix Tshisekedi offensif, direct et intransigeant, Macron soulignera que la solution à crise congolaise est dans un réveil collectif, dans la prise de conscience à l’échelle régionale. “C’est l’affaire de tous et de toute la région”. Mots révélateurs de la détermination de la France à mettre fin à la tragédie de l’est congolais.
Le président français s’est exprimé samedi 4 mars au Palais de la Nation à Kinshasa. Il a vidé son sac. Avec son cœur et en lui, le point de vue de l’ensemble des grandes puissances occidentales membres de la “communauté internationale”, celle-là même qui dorlote Paul Kagame pour motiver ses projets expansionnistes sur la République démocratique du Congo.
Pour Emmanuel Macron, ce mardi 7 mars 2023 débute une nouvelle saison vers la fin du cycle perpétuel de déstabilisation de la République démocratique du Congo. Un cessez-le-feu concerté, mais non encore définitivement conclu avec toutes les puissances impliquées dans la guerre.
À cause, reconnaît-il, des “crimes et tragédies” qui s’y déroulent sous les yeux des grands du globe. Pour lui, il ne faut pas y ajouter “l’oubli et l’abandon”. Le chef de l’État français a émis un vœu : “Je souhaite aujourd’hui que la France reste fidèle à son rôle d’allié indéfectible de la RDC pour défendre son intégrité et sa souveraineté”, a-t-il solennellement proclamé.
La ligne rouge
Des sanctions seront prises contre les récalcitrants. De la foi d’Emmanuel Macron, rien ne sera laissé au hasard. Plus d’impunité. Si le cessez-le-feu est à nouveau violé, les responsables payeront le prix. Macron est conscient d’énormes frustrations du peuple congolais. En diplomate, il a voulu donner la dernière chance aux chiens de guerre de la région.
Ainsi, le président français a annoncé avoir pris langue avec le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, qui, selon lui, est engagé pour faire jouer aux Nations unies leur rôle indispensable. “Ensemble, nous devons travailler, Union européenne, Union africaine, Organisation sous-régionale, pays de la région et Nations unies”.
Travailler à ce que chacun apporte sa contribution pour enfin imposer la désescalade et la paix. Le plan qui est aujourd’hui sur la table, qui a été agréé par tous, qui est en train d’être mis en œuvre, c’est le processus de Luanda. À condition qu’à chaque étape, il soit respecté et que le chronogramme qui a été décidé à partir du 28 février soit dûment respecté. “Cessez-le-feu sur le terrain, mécanisme de vérification sous supervision angolaise, cantonnement du M23 sur votre sol, processus de désengagement, désarmement et réinsertion, déploiement de forces régionales”, expliquera Emmanuel Macron.
Tout cela dépend des pressions politiques, diplomatiques et économiques pour que cela soit respecté. “Exigence légitime : que tout ce qui s’y engage respecte la parole donnée, les rendez-vous, les dates et l’effectivité des choix pris et des promesses tenues”.
Ni pillage, ni balkanisation, ni guerre
La République démocratique du Congo ne doit pas être un butin de guerre, a indiqué Emmanuel Macron. “Le pillage à ciel ouvert de la République démocratique du Congo doit cesser”, a-t-il spécifié. Macron s’est inscrit dans la politique de “ni pillage, ni balkanisation, ni guerre”. C’est le sens même de sa présence à Kinshasa. “Dire à tous qu’il ne peut y avoir deux poids deux mesures entre la tragédie qui se joue en Ukraine sur le territoire européen et celle qui se joue sur le sol africain”, a-t-il signifié. Une façon de rappeler que la solidarité ne saurait être à géométrie variable.
Macron a fait savoir que “c’est en République démocratique du Congo que se jouent nombre de combats du siècle“. Il ajoute que sa venue lui a permis de palper les réalités d’un peuple, d’un pays qui vit le nouvel acte d’une tragédie qui, depuis près de 30 ans, ne s’est jamais vraiment éteinte. “Des centaines de milliers de Congolais vivent, revivent le cauchemar de la guerre, de la fuite, du dénuement absolu.
Une ville, Goma, est à nouveau sous la menace d’une rébellion qui emprunte de nouveaux acronymes. Aujourd’hui, le M23, dont le visage et les soutiens extérieurs et l’agenda sont connus”, a-t-il souligné. Sa visite de quatre jours qui l’a conduit de Libreville à Luanda, puis de Brazzaville à Kinshasa a été riche en enseignements.
Pont humanitaire
Face à une histoire dont le nombre de victimes équivaut à celui des guerres mondiales que nous avons vécu, la France ne prétend pas avoir seule une solution. Pour Marcon, la France sera le premier État à répondre à l’initiative de l’Union européenne, annoncée le même samedi. Initiative qui permettra de mettre en place un pont aérien humanitaire à destination de Goma. “Nous allons débloquer une contribution immédiate de 34 millions d’euros d’aide humanitaire, laquelle s’ajoutera au montant de près de 50 millions annoncé par l’Union européenne.
Nous nous tenons également à la disposition de l’Union européenne pour fournir des moyens de transport civils ou militaires et pour procéder à leur acheminement”, a annoncé le président français. Solidarité européenne qui se concrétisera dans les jours qui viennent par l’acheminement de plusieurs tonnes de matériel humanitaire au profit des populations déplacées dans la région de Goma et dans toutes les régions qui ont été affectées par ces mouvements rebelles et groupes terroristes, a affirmé Emmanuel Macron.
Le Congo ne peut être le Congo sans la grandeur
Dans une région où la France a su regarder en face son propre passé, le poids de la sanction de l’histoire peut être accablant, reconnaît Emmanuel Macron. “Vous êtes un grand pays et nos deux pays ont en quelque sorte en commun aussi de voir grand”, a indiqué le chef de l’État français. Et pour transposer un mot célèbre du Général De Gaulle, Macron rappelle que : « le Congo ne peut être le Congo sans la grandeur ».
Il a affirmé sans détours qu’aucun pays d’Afrique n’est plus doté que la République démocratique du Congo de richesses de toutes sortes et d’une capacité à saisir un destin d’exception. C’est pourquoi, souhaite-t-il bâtir avec la RDC un nouveau partenariat sur plusieurs axes. Mais d’abord, aider à la pleine souveraineté sur le plan sécuritaire et militaire, a-t-il déclaré.
Premier partenaire de la RDC en termes de formation militaire, la France souhaite faire davantage parce que la condition pour qu’il y ait dans la durée la fin des pillages, la fin du risque de balkanisation, c’est le retour rapide de l’État régalien partout sur le territoire congolais.
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