Politique
Les élections de 2023 s’annoncent ethniques et linguistiques, mais politiquement chaotiques. Les blocs linguistiques et culturels vont surgir avec force et se renforcer autour des leaders qui seront à même de rassembler, de fédérer et de représenter les aires géographiques du pays.
Ce point de vue est partagé par la plupart des acteurs politiques et analystes de la géopolitique du Congo-Kinshasa. La confirmation de la candidature de Moïse Katumbi provoque un tsunami à l’Union sacrée de la nation. Après débat, sa candidature sera sûrement avalisée au congrès d’Ensemble pour la République ouvert lundi décembre à Lubumbashi. Le parti de Katumbi risque de faire des vagues jusque dans la famille politique de Félix Tshisekedi.
L’Union sacrée se fissure
Après le départ de Jean-Marc Kabund-A-Kabund de l’Union sacrée, le président national de l’Union pour la nation congolaise (UNC) ne se sent pas du tout en confiance en la machine présidentielle actuelle. Vital Kamerhe serait donc livré à lui-même, ne sachant pas si sa place à l’Union sacrée demeure intacte. Éjecté du cabinet du chef de l’État après son arrestation dans le cadre du “procès 100 jours”, il fut chargé en septembre dernier d’aller tâter le terrain dans une tournée de sensibilisation de la paix dans les provinces de l’Est en proie à l’insécurité.
Court-circuité par quelques leaders de l’Union sacrée originaires de l’espace swahilophone, l’ancien dircab de Tshisekedi vit sous haute tension, acculé par ses militants qui ne demandent qu’à être fixés sur sa probable candidature à la présidentielle de 2023.
2023, un cortège de candidats tous déterminés
Les candidats déjà déclarés se comptent par dizaine. Ceux dont les organisations politiques se sont officiellement prononcées, préparent déjà leurs dossiers de candidature. Les six sont tout autant redoutables.
Si Moïse Katumbi a lâché son augure présidentielle sur France 24 et RFI depuis Paris le vendredi 16 décembre courant, Martin Fayulu Madidi, un autre poids lourd de l’opposition politique congolaise, avait déjà été plébiscité candidat à la course électorale de 2023 lors du congrès de son parti politique « Engagement pour la citoyenneté et le développement (Écidé) » organisé en juillet dernier à Kisangani (Tshopo). Le chef de file de Lamuka est un opposant politique expérimenté sachant malmener celui qui gênerait la bonne marche de la démocratie. Ses tournées dans l’ex-Equateur, ex-Bandundu et dans l’ex-Province Orientale l’ont politiquement réanimé pour mener la grande bataille. Fayulu, candidat malheureux à la présidentielle de 2018 a la parfaite maîtrise de l’électorat congolais et de vraies stratégies.
L’autre candidat menaçant pour Félix Tshisekedi est Frank Diongo Shamba, ancien député national et président du Mouvement lumumbiste progressiste (MLP). L’opposant radical a annoncé ses couleurs en déclarant, le 18 septembre dernier, vouloir barrer la route au régime actuel. Lumumbiste, Diongo Shamba se réclame aussi Etienne Tshisekediste.
D’autre part, au terme d’un congrès de son parti LGD (Leadership pour le développement et la gouvernance), l’ancien Premier ministre Augustin Matata Ponyo s’est positionné en mai 2022 comme candidat sérieux à l’élection présidentielle de 2023. Malmené par la justice, le sénateur élu du Maniema affiche toujours sa pleine détermination à affronter les échéances électorales prochaines contre Félix Tshisekedi.
Dans l’entre-temps, au cours d’une conférence de presse animée le 8 novembre 2022, Jean-Pierre Lisanga Bonganga a, lui aussi, annoncé son ambition. L’ancien ministre intérimaire des Sports sous Joseph Kabila n’apprécie pas du tout la gouvernance sous Félix Tshisekedi et entend battre campagne pour limiter ses chances de réélection.
Félix Tshisekedi tient à son second mandat
Après avoir annoncé sa candidature début juillet dernier pour sa reconduction à la tête du pays, Félix Tshisekedi est sur tous les chantiers pour tenter de satisfaire ses promesses de campagne vis-à-vis de la population congolaise. Le 13 décembre courant, devant les deux Chambres du Parlement réunies en Congrès, le président de la République a présenté un pré-bilan de mandature, estimant se déployer énergiquement pour être à la hauteur des attentes de ses électeurs.
Le président multiplie des alliances politiques avec ses partenaires au sein et en dehors de l’Union sacrée, même si le camp de ses opposants ne cesse de s’élargir. L’opinion congolaise l’attend fermement sur le dossier de la sécurité, de la cohésion nationale et de la libéralisation effective de l’espace politique. Quant à ses soutiens politiques, ils ont déjà débuté la campagne et n’entendent pas désarmer.
Des élections pour mettre fin à la guerre ?
Les premières élections de 2006 ont permis de jeter les bases d’une paix durable après la guerre de l’Alliance des forces démocratiques de libération du Congo (Afdl). Joseph Kabila fut ainsi récompensé au deuxième tour de l’élection présidentielle pour avoir su mettre fin à la guerre. Les élections de 2011 pilotées par le protestant Daniel Ngoy Mulunda Nyanga furent le couronnement des efforts de paix visant à mettre un terme à la guerre du CNDP (Congrès national pour la défense du Peuple) dirigé par le général Laurent Nkunda Mihigo. Une conférence sur la paix, suivie du programme Amani, créée à la suite des accords de Goma de janvier 2008 devraient mettre en place de meilleures conditions d’organisation des élections générales de 2011.
Malheureusement, le cycle de violence ne s’arrêtera pas en dépit de l’installation de nouvelles institutions issues des urnes. La naissance du M23 et la prolifération des groupes armés dans l’Est de la RDC feront partie d’ingrédients ayant concouru au report des élections de 2016 à 2018.
Après une victoire militaire en 2013 sur le M23 et toutes les troupes rwando-ougandaises en appui, un accord sera signé à Kampala. Ainsi, les élections de 2018 viendront installer un nouveau climat de stabilité avant d’être de nouveau perturbé par la résurgence du M23 fin mars dernier. Ainsi, des efforts de paix se multiplient pour endiguer la menace avant la tenue des scrutins de décembre 2023.
Guerre électorale où tous les coups sont permis
Il n’y aura aucun débat lucide serein autour des idées et projets politiques, signale l’analyste Kudura Kasongo. “Il y a de tendances qui se dessinent soit pour Félix Tshisekedi, soit contre lui. Les voies médianes n’existeront pas à mon sens. Probablement, le bloc Est va se ragaillardir contre le bloc centriste phagocytant l’Equateur et le Kongo central”, a-t-il expliqué dans une publication le week-end. Dans ce contexte, toute fraude massive difficilement justifiée aggravera la crise post-électorale.
L’analyste Claude Shabani pense sereinement que Katumbi, Kamerhe, Kabila, Mukwege, Matata et d’autres leaders ne sont pas loin de présenter un programme ou projet de société unique pour le développement de la RDC dans l’objectif de coincer systématiquement Félix Tshisekedi. Dans ces conditions, le bloc Est pourrait décrocher un réel avantage dans les intentions de vote dans l’espace linguistique swahiliphone qui est le plus grand réservoir électoral de la République démocratique du Congo.
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