Santé
C’est une information qui a circulé dès le début de la pandémie : les personnes appartenant au groupe sanguin O semblaient protégées vis-à-vis du coronavirus.
Après deux ans de pandémie et beaucoup de publications sur le sujet, le chercheur français Jacques Le Pendu confirme : il y a bien un lien entre groupe sanguin et protection vis-à-vis du virus.
Mais cette conjonction est bien plus complexe et nuancée. Surtout, il n’est pas certain qu’elle soit toujours d’actualité, puisque aucune étude ne s’est encore penchée sur Omicron.
« Tu penses qu’on va avoir une médaille nous, les derniers Français qui n’ont jamais eu le Covid-19 ? » « C’est fou qu’en ayant passé une semaine enfermée à m’occuper de mon fils, je ne l’ai pas attrapé »… Olivier Véran expliquait mercredi soir sur BFM-TV qu'un Français sur deux «au moins» avait été touché par le Covid-19 depuis le début de la pandémie. Pourquoi certains sont tombés malades trois fois… et d’autres zéro ?
Deux ans après l’arrivée dans nos vies du coronavirus, il reste encore beaucoup de mystères. Parmi les hypothèses, une piste intrigue beaucoup et est explorée par des chercheurs français : celle du groupe sanguin. Est-ce que réellement, les Français du groupe sanguin O sont plus protégés ? Et pourquoi ? 20 Minutes fait le point.
Que disent les études ?
Beaucoup d’études se sont intéressées à la question. Dont une britannique, publiée dans la revue scientifique Epidemics en juin 2021, qui concluait que le groupe sanguin avait un impact sur les risques de transmission.
Si toutes les études ne vont pas toutes dans le même sens, on peut retenir qu’« il y a un petit lien, pas considérable, entre groupe sanguin et infection au Sars-Cov-2, résume Jacques Le Pendu, directeur de recherche à l’Inserm à Nantes en immunologie. Il existe une petite différence, bien documentée, via un ensemble d’études et une méta-analyse [une méthode scientifique combinant les résultats d’une série d’études indépendantes sur une même question] montrant que les personnes du groupe 0 auraient un risque diminué de 20 % par rapport aux autres citoyens et ceux du groupe A un risque augmenté d’environ 20 %. »
Comment l’expliquer ?
Pour arriver à suivre, il faut avoir en tête deux informations importantes. La première, c’est que les groupes sanguins sont inéquitablement répartis en France. En gros, les groupes A (44%) et O (42%) sont les plus répandus, les B (10%) et AB (4%) beaucoup plus rares. « De ce fait, les données sont moins solides », explique Jacques Le Pendu. Deuxième donnée de base : le groupe sanguin nous renseigne sur les anticorps que cette personne produit. Un Français qui appartient au groupe A a des anticorps anti-B, celui du groupe B des anticorps anti-A, en revanche celui du groupe O a des anticorps anti-A et anti-B. C’est pour cela qu’une personne de groupe O pourra donner son sang à la fois au groupe A et au groupe B, mais ne pourra recevoir de sang que du groupe O.
L’équipe de Jacques Le Pendu s’est demandé si la logique de la transfusion sanguine pouvait s’appliquer pour l’infection au Covid-19. « Car le virus porte le groupe sanguin de la personne », précise l’immunologue.
Comment vérifier cette intuition ? « On a regardé ce qui se passe dans un couple, infecté et symptomatique, qui partage la même chambre, donc pour lequel le risque d’être infecté est maximal, détaille-t-il. On a demandé non seulement leur groupe sanguin mais dans quel sens le virus est transmis. Ce que l’étude conclut, c’est que dans les cas d’incompatibilité entre les deux conjoints, le risque que le partenaire attrape un Covid-19 symptomatique diminue de moitié. » En gros, si votre partenaire ne peut pas vous donner son sang, vous avez moins de risque d’attraper le Covid s’il est positif. Cette étude observationnelle a été publiée le 5 janvier 2022 dans Frontiers in Microbiology.
Une protection très relative
Est-ce à dire que quand on appartient au groupe sanguin O, nul besoin de respecter restrictions et gestes barrières ? Loin de là. Pour quatre raisons. Tout d’abord, le groupe sanguin n’est qu’une donnée parmi d’autres qui renseigne sur la santé d’un individu et on parle bien de protection partielle. Si une personne de 75 ans (on sait que l’âge élevé est la première des comorbidités pour le Covid-19), diabétique, très exposée au virus, appartient au groupe O, elle a toujours d’immenses risques d’attraper le virus !
Deuxième limite : « tout le monde est à risque quand même, c’est juste une question de probabilité, insiste Jacques Le Pendu. Par exemple, si vous êtes A, vous n’êtes partiellement protégé que si le donneur est B ou AB. Or, seulement 10 % des Français sont B ou AB, donc vous êtes en situation d’incompatibilité avec 10 % des personnes rencontrées. Pour les O, en revanche, c’est dans 58 % des cas. Donc tout le monde peut bénéficier de cet effet de protection, mais cette probabilité est plus élevée pour les O que les A. »
Troisième frein : cet effet de protection a été confirmé au sein d’un couple. « A l’échelle plus globale, l’effet est dilué parce que vous aurez d’autres personnes du même groupe sanguin compatible, nuance le chercheur. Dans une fête avec trente personnes, par exemple, il y a de fortes chances pour que vous tombiez sur quelqu’un qui a le même groupe sanguin que vous ! »
Enfin, et c’est un détail de taille, toutes les études sur cette question datent d’avant l’arrivée du variant Delta et Omicron. « Sur ce dernier variant, on n’a pas de donnée, reconnaît l’immunologue. Je ne serai pas surpris que face à un virus aussi contagieux, cette protection disparaisse. »
Un effet également sur la gravité de la maladie ?
Voilà pour la partie infection. Mais est-ce que les personnes du groupe O, si elles attrapent le Covid-19, ont moins de risque d’en mourir ? « Il y a quelques données qui vont dans ce sens, mais ça ne se voit que chez les patients qui sont à un stade très grave », répond Jacques Le Pendu. En gros, chez des patients en réa, il y a un effet protecteur pour les O. « Qui n’est que partiel encore une fois ! Si vous êtes O, vous risquez tout de même d’être hospitalisé et d’aller en réa. Mais vous avez de meilleures chances de vous en sortir… et un peu plus vite. »
Pourquoi ? « C’est dû à un tout autre phénomène, connu depuis longtemps et visible dans d’autres maladies. Les gens de groupe O sont moins sujets aux thromboses et aux défauts de coagulation. » Or, quand l’état d’un patient Covid se dégrade, le système immunitaire peut surréagir, faire des dégâts sur la circulation du sang et entraîner le décès. Une bonne raison d’aller chercher votre carte de groupe sanguin perdue au fin fond d’un dossier ?
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