Politique
Nangaa est parti mais la nouvelle CENI est toujours incomplète et contestée. Ce samedi, plusieurs forces politiques et sociales maintiennent leur démonstration anti-Kadima.
L’équipe Kadima garde une grosse écharde dans les pieds faute d’une adhésion globale des forces vives de la nation au nouveau leadership électoral. Ces dernières 48 heures, les diplomates occidentaux ont finalement décidé de commencer à franchir un à un les grilles bleues de la centrale électorale à la gare centrale de Kinshasa/Gombe pour rencontrer le nouveau président de la CENI afin de mieux comprendre sa vision du processus électoral en République démocratique du Congo.
Les occidentaux qui avaient déjà noté une investiture difficile de la nouvelle CENI faute de consensus auront mis du temps avant de se résoudre finalement de serrer la main du nouveau patron des élections congolaises. Après la représentante de l’ONU-Femmes, c’était le tour le mercredi 10 novembre dernier du docteur Olivier Schnakenberg, ambassadeur d’Allemagne à avoir un tête-à-tête avec Denis Kadima Kazadi au siège de la CENI.
L’Allemand a aussitôt emboité le pas au député européen André Flahaut en déclarant : «nous devons maintenant tourner la page et travailler pour des élections crédibles». Mais comment tourner une page non encore minutieusement disséquée par les acteurs majeurs du processus électoral.
Comme il faut être à deux pour danser le tango, l’actuelle CENI n’a pas encore ouvert le dialogue avec les parties prenantes au processus électoral afin de convenir ensemble de tourner définitivement cette page de chamailleries interminables autour du leadership et de l’indépendance de la CENI.
Les occidentaux veulent jauger Kadima
Ils vont désormais défiler au siège de la commission électorale nationale indépendante (CENI) à la recherche des garanties sérieuses et suffisantes d’un processus électoral équitable, transparent et inclusif. Si le président de la CENI peut rassurer du professionnalisme des élections attendues en 2023 au regard des atouts techniques et de la technicité des experts de carrière trouvés sur place, il sera difficile pour le nouveau patron de la CENI de convaincre autour de l’inclusivité et du consensus nécessaires à la bonne marche des élections en RDC. Il faut le reconnaitre, le processus de désignation des animateurs de la CENI a laissé des fissures au sein de la communauté congolaise et rien n’est encore véritablement fait pour cicatriser les blessures. Il conviendra inévitablement de colmater les brèches, ressouder les chaînes brisées, raccommoder les liens fendus entre acteurs, entre individus et entre structures et organisations politiques pour tenter de rassurer pour rassembler autour des élections générales de 2023.
C’est donc autant de garanties qu’aimeraient détecter les pays amis de la RDC à travers leurs diplomates respectifs établis à Kinshasa, même s’ils ne diront jamais en public. Premièrement, chaque diplomate veut savoir si Denis Kadima est à l’aise en sa qualité de président de la centrale électorale du plus grand pays d’Afrique centrale. A l’aise par rapport à lui-même en tant que principal manager des élections et en tant que leader chargé de coordonner la machine, mobiliser l’ensemble du personnel technique, former et orienter l’action électorale. Deuxièmement, il est question de tester ses aptitudes à concilier les différents courants politiques et sociaux de la nation autour de lui et du processus électoral. Troisièmement, il doit édifier les partenaires sur les possibilités de financement des élections et les besoins réels attendus de la communauté internationale en termes d’accompagnement du processus électoral. Quatrièmement, Kadima est attendu aussi sur le terrain de la réconciliation nationale après les déchirements spectaculaires entres les confessions religieuses et les discordes persistantes entre acteurs politiques principalement. Sur ce chapitre, une question taraude les esprits des diplomates occidentaux à savoir, que fera Denis Kadima pour sortir Martin Fayulu Madidi, leader de la coalition Lamuka du désappointement et le pousser à adhérer à un processus électoral dont il conteste la forme et le fond. Quel miracle occultera le nouveau président de la CENI pour attirer les indécis, les méfiants et autres incrédules de s’aligner en ordre utile dans le processus ? Cinquièmement, les occidentaux ne le diront jamais si ouvertement, mais ils voudraient comprendre comment l’actuel président de la CENI échappera-t-il réellement à la mainmise du pouvoir de Félix-Antoine Tshisekedi dont les fanatiques jubilent jusqu’à présent pour l’investiture de Denis Kadima à la tête de la CENI.
100 millions de dollars comme paquet de départ
Il y a lieu de féliciter le gouvernement pour son tout premier geste en appui à la nouvelle administration électorale. Le montant, bien qu’insignifiant au vu de l’ampleur des besoins immédiats, apporte d’ores et déjà la preuve d’une certaine volonté de soutien à la CENI dans ses premiers défis d’opérationnalisation administrative et technique. Des défis immenses qui partent de la liquidation attendue des arriérés de salaire des agents et cadres de l’administration électorale à la réhabilitation de l’outil de gestion des élections sans compter les premières activités de renforcement du leadership institutionnel de la CENI vis-à-vis de ses principaux partenaires. Mais le plus dur sera de rassurer la nation qu’il est possible d’aller aux élections sans contraintes logistiques insurmontables.
Selon le rapport de Corneille Nangaa (ancien président) à l’Assemblée nationale en avril 2021, les frais de fonctionnement ne sont plus versés à la CENI depuis plusieurs mois. Cette situation a pour conséquence, entre autres, l’impaiement de plusieurs mois d’arriérés des loyers d’une centaine d’entrepôts dans les 145 territoires et 32 villes du Pays, l’incapacité de renouveler le loyer du segment spatial des V-SAT, l’impaiement des factures d’eau et d’électricité, l’instabilité des sources d’énergie, mettant en péril la gestion efficiente de son système d’information (réseaux, serveurs des bases des données électorales).
Quant à la rémunération, le même rapport précisait que le personnel permanent accuse plus de huit mois d’arriérés de salaires pour l’année 2019 et depuis janvier 2020, un rabattement arbitraire de plus de la moitié des salaires est appliqué à la CENI. Ce rabattement est le deuxième de ce genre, après celui de 20% opéré en 2012, une pratique en totale contradiction avec les articles 6 et 23 de la loi organique de la CENI qui consacrent son autonomie administrative et financière à travers un budget propre sous forme d’une dotation, ainsi que l’impératif d’allouer une rémunération équitable de nature à garantir leur indépendance.
En outre, la CENI n’a pas de siège et des entrepôts propres, car son siège national actuellement installé à la gare centrale sur le boulevard du 30 juin fait l’objet d’un gros contentieux, alors que le site qui abritait ses entrepôts centraux a été cédé par le gouvernement à l’Ambassade des Etats-Unis d’Amérique. Plus grave, tous les matériels et les équipements électoraux de la CENI à Kinshasa, se trouvent entreposés en plein air à l’aéroport international de N’djili jusqu’à ce jour. Et à travers toutes les provinces, les menaces de déguerpissement se multiplient, faute de paiement de plusieurs mois de loyer. A cette allure, 100 millions de dollars ne représenteront qu’une goutte d’eau dans l’immense océan des besoins prioritaires de la CENI.
Qu’en est-il de l’état des machines à voter ?
Devant le défi logistique lors des cycles précédents, notamment le volume impressionnant des imprimés (bulletins de vote, procès-verbaux et fiches de résultats), et autre quincaillerie électorale à déployer, la machine à voter est apparue comme un outil de simplification de l’organisation des élections du 30 décembre 2018. Suite au débat suscité sur sa nature, son coût et son utilisation, cet outil n’a pas rassuré les Congolais. Le système a coûté 1.465 dollars américains l’unité pour une commande de 106.457 machines à voter. Le coût cumulé desdites machines et des services connexes y afférents était évalué à 176.468.116 dollars américains.
Malheureusement, un incendie s’était déclaré dans les entrepôts centraux de la CENI à Kinshasa dans la nuit du 13 au 14 décembre 2018, soit dix jours avant la date prévue pour la tenue des scrutins, portant ainsi un coup dur au processus électoral, en termes de dégâts. Il eut fallu recourir à des fonds additionnels alloués par le gouvernement pour venir à bout de contingences déclarées pour la matérialisation des scrutins dans tout le pays. Sans entretien efficient, les machines à voter ne seraient plus du tout adaptées à prendre en charge des nouveaux scrutins attendus en 2023.
Marches programmées contre Denis Kadima ce samedi 13 novembre 2021
La plus grosse panne qui gêne le démarrage sans faille du cycle électoral reste cette campagne de contestation qui ne s’arrête pas contre le président de la CENI, Denis Kadima Kazadi. Si MILAPRO et CALCC (laïcs catholiques et protestants) ne faiblissent pas dans l’action en saisissant cette-fois-ci toute l’administration nationale, provinciale et territoriale de la République de l’organisation des processions populaires dans tout le pays, les plateformes politiques de l’opposition avec le FCC (Front commun pour le Congo) et Lamuka en tête ne jurent que par l’anéantissement du président de la CENI. La fronde va se généralisant lorsque l’on note que plusieurs mouvements citoyens s’y mêlent et s’y entremêlent.
La matière contestable reste la même : arracher coûte que coûte la dépolitisation de la CENI avec ses corollaires RAM, amélioration du système de notre enseignement de base, insécurité et tentatives de rébellion dans les Kivu (Bukavu et Rutshuru), vicissitudes dans l’opérationnalisation de l’état de siège au Nord-Kivu et en Ituri, la problématique des voyages présidentiels et même la dernière bourde autour de la censure sur des chansons d’éveil de conscience nationale. Le cocktail est juteux pour les marcheurs.
C’est dans ces conditions qu’il faut déplorer le vide toujours criant de trois membres au sein de l’équipe actuelle de la CENI. Le deuxième vice-président de la centrale électorale qui, selon la loi, est chargé de l’éducation civique et électorale et de la tenue des cadres de concertation est toujours attendu de l’opposition politique, son entité de désignation.
Ce qui bloquera la machine lorsqu’il est établi que le 2ème vice-président supervise les activités de sensibilisation et éducation civique et électorale ; d’élaboration et production des outils d’éducation civique et électorale et surtout de la tenue du cadre de concertation avec les acteurs non étatiques. Décidemment, la demande du consensus national autour de la CENI continue de se faire entendre.
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