Politique
RFI : Que répondez-vous à ceux qui disent que ces concertations nationales, c’était de la poudre aux yeux ?
Aubin Minaku : La réponse est simple : ils ne pouvaient que dire cela, parce qu’ils n’ont pas pris part aux travaux. Tous ceux qui ont pris part aux travaux, les délégués, les experts, les observateurs nationaux comme étrangers, et finalement, même les membres permanents du Conseil de sécurité, se sont rendu compte que les concertations ont été sérieuses. Les délégués ont débattu en toute liberté. Ce sont des résolutions fondamentales qui ont été adoptées. Reste maintenant leur mise en œuvre à partir du discours du président de la République devant le Congrès.
Officiellement, ces concertations réunissaient le pouvoir et l’opposition. Mais les deux principaux opposants, Etienne Tshisekedi (UDPS) et Vital Kamerhe (UNC), ont boycotté ces rencontres. Alors, le jeu n’est-il pas faussé depuis le début ?
Les concertations nationales ne concernaient pas que la majorité et l’opposition. Il y a la société civile, les chefs coutumiers, les experts, etc. J’ajouterai qu’en réalité, l’UDPS évolue en parallèle avec le cadre institutionnel, parce que le chef de l’UDPS se considère comme le président de la République, c’est une situation insolite. Cependant, les élus de l’UDPS à l’Assemblée nationale – une bonne vingtaine – ont pris part aux travaux de concertations nationales.
Vous évoquez les dissidents de l’UDPS qui ont participé à ces concertations, mais depuis vingt ans on compte des centaines de dissidents de ce parti, ce qui n’empêche pas Etienne Tshisekedi de rassembler des millions de voix à chaque nouvelle élection. Est-ce que son absence ne nuit pas à la crédibilité de ces concertations ?
Il a été absent aux élections de 2006 proclamées crédibles par tous. Donc, ce n’est pas sa présence qui crédibilise, même s’il est vrai qu’il a obtenu des voix pendant les dernières élections de 2011. Mais la crédibilité des concertations nationales, on la voit à travers le sérieux des recommandations issues de ces concertations. La République ne peut pas être l’esclave d’un parti politique.
A l’issue de ces concertations, les délégués ont fait de nombreuses recommandations en faveur de l’ouverture démocratique. Le président Kabila leur a répondu qu’il présentera bientôt des mesures importantes. Pouvez-vous nous en donner des exemples ?
Je n’ose pas devancer le président de la République dans ses prérogatives constitutionnelles, mais en tout cas il a clairement dit que l’ouverture politique prônée par lui depuis sa prestation de serment, il va davantage la mettre en œuvre.
Avec la nomination d’un nouveau Premier ministre ?
Le Premier ministre émane de la majorité. Ce n’est pas une affaire de Premier ministre tout seul ou d’autres institutions. L’essentiel, c’est que rapidement les recommandations soient mises en œuvre.
Mais si le prochain Premier ministre émane de la majorité, est-ce que ce sera un Premier ministre d’ouverture ?
Nécessairement, le prochain Premier ministre devra gérer un gouvernement où l’on retrouverait des membres de l’opposition. C’est cela aussi, l’ouverture.
Vous parlez ouverture, vous parlez consensus, cela peut-il être l’occasion de changer la Constitution ?
La Constitution congolaise est claire, il faut la respecter. Et le président de la République l’a toujours dit. Et si dans cette Constitution, les dirigeants estiment qu’il y a nécessité d’une révision dans l’intérêt de la République sur la base de la même Constitution, ce ne doit pas être un tabou. Mais si la Constitution prévoit quelques dispositions intangibles, on ne touche pas aux dispositions intangibles. Donc pour moi, la révision de la Constitution, ce n’est pas un tabou, mais il s’agit d’une révision des dispositions révisables. On ne touche pas aux dispositions intangibles.
Parmi les dispositions intangibles, il y a l’article 220, qui interdit au président Kabila de se présenter en 2016 pour un troisième mandat. A vous écouter, on ne touche pas à l’article 220 ?
C’est une disposition intangible ! On ne touche pas à cette disposition. Ca signifie qu’il y a respect des deux mandats non renouvelables. C’est clair.
Donc, si on ne touche pas à l’article 220, est-ce que ça veut dire que le président Kabila partira en 2016 ?
Le président de la République partira après les prochaines élections. Parce que selon la Constitution congolaise, une institution libère les fonctions quand il y a un autre qui a été élu de façon démocratique. Le jour où on organisera les élections présidentielles dans cette République, et que ce sera gagné par quelqu’un d’autre, celui-là remplacera Kabila.
Mais vous savez bien qu’il y a des figures de la majorité présidentielle, comme Evariste Boshab, qui se prononce en faveur de la révision de la Constitution. Visiblement, vous n’êtes pas d’accord avec elles ?
Je suis quand même secrétaire général de la majorité présidentielle et je ne sais pas s’il y a un organe de la majorité présidentielle qui réclame une révision constitutionnelle pour prolonger le mandat. Je sais qu’il y a des écrits scientifiques. Chacun a le droit de s’exprimer, mais il n’y a aucun organe de la majorité présidentielle qui s’est prononcé dans ce sens-là.
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