Politique
Elle brise le silence. Elle, c’est Tina Salama, Porte-parole adjointe du Président de la République, Félix Tshisekedi. A l’aube de la commémoration de l’an un de l’alternance au sommet de l’Etat, ce 24 janvier, cette journaliste chevronnée et talentueuse, qui a émerveillé pendant des longues années d’innombrables auditeurs sur les ondes de la célèbre Radio Okapi, éclaire la lanterne de ses millions de compatriotes sur l’action du Chef de l’Etat, Félix Antoine Tshisekedi, au cours de ces douze mois, à travers l’interview, ci-dessous.
Concrètement, Tina Salama passe en revue la mesure phare de la gratuité de l’enseignement, la problématique de la balkanisation, le marasme socio-économique, etc. Selon elle, le bilan de l’an un est plutôt satisfaisant, mais, en même temps, elle met en garde contre l’autosatisfaction.
Car, beaucoup restent à faire notamment, dans le chantier de la lutte contre la corruption. Elle indique, par ailleurs, que le Chef de l’Etat est passé à une vitesse supérieure en plein 2020 qu’il a décrété : année de l’action. « Vous avez entendu déjà des positions de fermeté qui tranchent avec la « complaisance » d’hier : renvoi pour les ministres qui traineraient les pieds, menace de dissolution de l’Assemblée Nationale, en cas de crise, audit… Clairement, on passe à la vitesse supérieure, et ce, dans tous les domaines du gouvernement», prévient l’une des voix autorisées du premier citoyen congolais. Fini la recréation !
La Prospérité : En tant que Porte-parole adjointe du Chef de l’Etat, madame Tina Salama dresse quel bilan de l’an un de l’alternance pacifique et démocratique en RDC ?
Tina Salama (T.S.): Vous le dites bien, alternance pacifique. Cela aurait pu déraper durant les élections, ou même après. La paix est une chose importante dont on ne s’aperçoit que quand on l’a perdue. L’an un a d’abord consolidé ce climat de paix entre les acteurs et partis politiques. Ce n’était pas gagné d’avance.
L’an un c’est aussi libération de la parole, liberté de presse, liberté de manifestation, etc. En un mot, les droits des citoyens ont connu une embellie. Il reste encore beaucoup à faire, notamment dans le droit en général, droit en tant qu’objet de la justice. Lutte contre la corruption, voilà un chantier à venir, parmi d’autres.
Sur le plan diplomatique, le Congo redevient fréquentable. Vous entendez que des investisseurs s’intéressent, s’annoncent… Il n’est pas facile de renverser l’opinion lorsque votre pays est fiché « zone économiquement dangereuse. » Vu l’état quasi d’arrêt de l’Etat à sa prise de pouvoir, et les difficultés de mise en place du Premier ministre et du Gouvernement, le Président s’est lancé personnellement dans la diplomatie pour obtenir ces premiers résultats.
Je présume que nous allons parler un peu plus en détail d’autres domaines dans la suite de l’entretien. Donc, globalement, le bilan de l’an un est plutôt satisfaisant. Mais ne tombons pas dans l’autosatisfaction, tout n’a pas été et tout n’est pas parfait, il y a encore beaucoup à faire ou à améliorer.
La Pros. : La morosité, le marasme socio-économique ont élu domicile en RDC. « Le peuple d’abord » n’est-il pas un vœu pieux ?
T.S. : Le Congo n’a cessé de s’enfoncer de manière continue depuis trente ans. Félix Tshisekedi est aux commandes depuis un an seulement. La situation socio-économique ne peut pas changer brutalement en si peu de temps. Il faut créer la richesse, c’est le préalable, car sans argent, comment améliorer les choses ? Le peuple d’abord c’est un leitmotiv qui va nous accompagner durant tout le mandat et dans tous les domaines. On ne peut pas le circonscrire seulement au social.
Néanmoins, dans ce secteur précis du social, on citera des gestes symboliques qui sont une précieuse indication. Notamment, l’attention portée aux militaires et à leurs familles. Faites un tour au camp Tshatshi et Kokolo, vous vous apercevrez que l’école et l’hôpital, en tant que bâtiments, ont reçu un sérieux coup de neuf.
Une autre mesure phare c’est la gratuité de l’enseignement. Au moins deux millions d’enfants remis sur le chemin de l’école, ce n’est pas rien.
La Pros. : Certains se disputent la paternité de la gratuité de l’enseignement. Où en est-on à ce jour ?
T.S. : On se dispute rarement un échec. Si donc, il y a dispute sur la gratuité, c’est qu’il y a du bon là-dedans. Tant mieux. Ceci dit, ce n’est pas Félix Tshisekedi qui a inventé quoi que ce soit ici. La gratuité est une disposition constitutionnelle qui existe avant lui. Il a le mérite d’avoir eu le courage de la mettre en œuvre, à son corps défendant même. Au peuple de le mettre sur son bilan, actif et passif.
Où en est-on ? Eh bien, deux millions d’enfants remis sur la route de l’école, c’est un résultat parlant. Il y a aussi des défis à relever. D’abord le surpeuplement des classes. C’est une chose naturelle. Lorsqu’il n’y a pas de transport, on voit des bus et des taxis surpeuplés, même les motos (les wewas) sont mises à contribution. Cela veut dire que nous devons construire de nouvelles écoles, et renforcer les effectifs et les conditions de travail des enseignants, et toute la logistique qui va avec.
Le surpeuplement c’est aussi au détriment de la qualité, là où l’UNESCO recommande une vingtaine d’élèves par classe. Mais qui va faire des omelettes sans casser des œufs ? Le changement est progressif. Il faut aller de l’ avant et faire de son mieux.
La Pros. : Le Président Félix Tshisekedi a décrété 2020, année de l’action. A quoi doit s’attendre la population au cours de cette année ?
T.S. : Si cette année est proclamée année de l’action, on comprendra mieux, par contraste, en se demandant ce qu’a été l’année précédente. Justement, 2019 peut être considéré comme une année de mise en place, d’observation, de grâce. On sortait d’élections difficiles, avec une coalition à mettre en place et jusqu’à ce jour, avec une opposition qui peine à se définir. Chaque acteur devait trouver ses marques, car on ne peut pas bien jouer si chacun n’est pas à son poste. Cela explique la grande flexibilité qui a été constatée et parfois décriée auprès du Chef de l’Etat.
Mais on ne peut pas rester indéfiniment dans l’observation. Une année sur un mandat de cinq, c’est largement suffisant. Vous avez entendu déjà des positions de fermeté qui tranche avec la «complaisance» d’hier : renvoi pour les ministres qui traineraient les pieds, menace de dissolution de Parlement en cas de crise, audit… Clairement, on passe à la vitesse supérieure, et ce, dans tous les domaines du gouvernement.
La Pros. : Le concept balkanisation est sur toutes les lèvres. Quelle est la position officielle du Chef de l’Etat sur cette question houleuse ?
T.S. : Le spectre de la balkanisation est évoqué au Congo depuis l’indépendance. Lumumba fut le premier à en parler dès 1960. Mais faut-il parler de balkanisation ou de tentative de sécession ? Dans une déclaration récente, Leila Zerrougli, la Représentante Spéciale du Secrétaire Général de l’ONU en RDC, a posé la question de savoir s’il y a au Congo des peuples qui veulent se détacher du pays ? La réponse est évidente : même au plus fort des crises, aucun peuple n’a jamais voulu se détacher. Donc, la balkanisation n’a pas de sens.
Sécession ? On a connu de brèves sécessions pilotées par la Belgique au lendemain de l’indépendance. Elles ont toutes échoué.
Les Congolais sont tous attachés à leur unité et à leur territoire. Et le Président de la République a déclaré que sous son mandat, aucun centimètre du territoire ne sera perdu ou cédé. C’est une vérité de Lapalisse, au regard déjà de l’attachement des Congolais à leur pays et à leur nation.
Pourquoi parle-t-on de balkanisation alors ? Parce qu’il y a une pression de pays voisins pour occuper les terres de l’Est. Il y a trois raisons à cela : la pression démographique, les conflits ethniques des pays voisins et les matières premières. C’est un problème sérieux, qui a causé des millions de morts directs et indirects parmi nos populations, ce qui explique les manifestations récentes autour de Beni et dans le reste du pays. Nous sommes dans une dynamique globale de résolution de ce problème complexe, qui se cache sous ce qu’on appelle «balkanisation».
La Pros. : Dans son discours sur l’état de la nation, le Président Félix Tshisekedi avait suggéré aux parlementaires la révision constitutionnelle sur la problématique de la double nationalité, le mode de désignation des gouverneurs et sénateurs, et sur le retour du second tour à l’élection présidentielle. Comment va-t-il s’y prendre ?
T.S. : Il a suggéré, ce n’est pas à lui de le faire, car il n’est pas le Parlement. La question de comment il va s’y prendre ne devrait pas se poser. Le Parlement est là pour collaborer avec le Président, et en matière de lois, c’est lui (le Parlement) qui détient la technicité. En déclarant que 2020 est l’année de l’action, il s’adresse aussi au Parlement pour faire sa part, et nous n’avons aucune raison de douter de la bonne foi de celui-ci.
La Pros. : Enfin, est-ce que les élections auront bel et bien lieu en 2023 ? Beaucoup pensent que la coalition FCC – CACH préparent le glissement vu que plusieurs préalables dont l’audition du Rapport de la CENI, le renouvellement du Bureau de la CENI et le recensement général de la population ne sont toujours pas à l’ordre du jour. Qu’en pense Tina Salama ?
T.S. : Nous ne sommes qu’au début du mandat et on parlerait déjà de glissement ? Ce serait un procès d’intention trop précoce. L’année 2019 a évolué à «un faux rythme», pour parler comme en football, et je viens de vous expliquer pourquoi. La rupture d’avec ce rythme vient d’avoir lieu avec le passage à la vitesse supérieure marqué par le mot d’ordre «année de l’action». Cette question sur le glissement aura peut-être un sens à la fin de cette année. Je vous remercie.
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