Politique
Le sens de l’État implique l’esprit de servir, au mieux de mes capacités, ceux et celles qui m’ont élu. Ceci veut dire que je sers en priorité l’intérêt et le bien communs dans l’exercice de mes fonctions en tant que chef de l’État, sénateur, député, ministre, gouverneur, fonctionnaire ou mandataire public. M’enrichir au plus vite et le plus longtemps possible? Une telle question ne devrait pas se poser à une personne représentant la population au sein d’une institution publique. Servir est ce principe altruiste qui vaut également pour les responsables des entreprises publiques qui sont censées contribuer à l’accroissement de la richesse nationale et au mieux-être collectif.
Avoir à la tête de l’État des personnes dévouées à la cause des populations, œuvrant sans relâche au progrès de leur communauté constitue une norme pour que nous puissions leur déléguer nos pouvoirs au sein des institutions publiques. De cette manière, la société sera à même d’améliorer continuellement les services offerts aux citoyens.
Un esprit sain dans un corps sain
Le savoir-vivre ensemble requiert une sensibilisation commune aux règles et normes qui régissent notre comportement dans diverses situations sociales. Le choix de nos gouvernants constitue un privilège que nous leur accordons en leur faisant confiance pour gérer au mieux la société, c’est-à-dire nous les humains et les infrastructures essentielles de notre milieu de vie.
Les institutions physiques et morales que nous nous sommes données représentent le corps de la république dans laquelle nous vivons. Le respect de l’esprit des lois émanant de notre volonté commune en est le thermomètre de santé mentale. Nous ne sommes pas sans savoir que nos lois sont élaborées par le législatif et mises en œuvre par l’exécutif. L’irrespect de celles-ci, est impérativement sanctionné par le judiciaire. Cet esprit, disons-nous, insuffle une orientation continue vers des actions individuelles et collectives révérencieuses, façonnant un environnement politique, économique et social imprégné et des droits et des obligations des citoyens envers l’État et les autres.
L’effondrement de cet univers mène à la désintégration du corps lui-même, en l’absence d’actions correctrices musclées pour susciter une prise de conscience des anomalies. Il y a donc une interdépendance inéluctable entre le développement de notre pays -le corps- et la culture qui le sous-tend, soit l’esprit.
Ce que nous vivons comme misères physiques, matérielles et morales aujourd’hui reflète la matérialisation de la culture affairiste en vogue dans notre pays, c’est-à-dire la recherche effrénée des intérêts privés à travers un mandat public, dans un esprit contraire à la préséance du droit sur n’importe quel individu et une mentalité réfractaire au respect des lois, des personnes ainsi que de leurs biens, le pouvoir judiciaire étant devenu inefficace pour sanctionner les hors-la-loi.
Cette ambiance socio-politique de la loi du plus fort écrasant sans état d’âme le faible s’est développée sous le mobutisme et a pris son plus bel élan sous le kabilisme pour atteindre des sommets inégalés. Nous avions, sous l’ancien président Kabila, des dirigeants qui ont fait preuve d’un égoïsme sordide alors que le sens de l’État exige la mise à l’écart de ses propres intérêts au profit de l’intérêt général. Il s’agit de préserver l’intégrité de ce qui nous est confié pour un temps donné, un mandat bien défini. Nous avons vécu des scènes rocambolesques et tragiques lors de dernières élections présidentielle, législatives, sénatoriales ainsi que celles des gouverneurs de province.
Affairistes ou hommes d’Etat ?
Le monnayage des voix a sidéré l’électorat congolais et nous a convaincus du fait que, la précipitation et l’engouement vers les postes politiques le sont davantage pour se servir des institutions du pays afin de promouvoir des intérêts privés. Nous avons affaire à des affairistes plutôt qu’à des hommes d’État. Un homme ou une femme d’État recherche avant tout la réalisation du bien commun; cette personne ne cherche nullement à s’enrichir grâce à sa situation. Dans l’imbroglio de multiples partis politiques congolais, cette personne est censée s’élever au-dessus de la mêlée partisane pour l’intérêt public.
Une femme verse le bulletin de vote dans l’urne pendant les élection de 2011
En matière d’affairisme, les Forces armées congolaises ne sont pas en reste et des officiers affairistes se consacrent à des activités lucratives au vu et au su des dirigeants politiques.
L’indépendance de la magistrature face au pouvoir politique est une condition sine qua non de l’État de droit. Aux États-Unis, en février 2017, le président Trump a été débouté en Cour d’appel fédérale de San Francisco; cette Cour a maintenu la suspension du décret présidentiel anti-immigration concernant des ressortissants de certains pays. En France, le ministre de la Transition écologique a dû démissionner en juillet 2019 pour avoir fait des dépenses excessives alors qu’il était président de l’Assemblée nationale en 2017 et 2018 et aussi pour l’exécution des travaux dans son logement de fonction au ministère. L’ancien président Sarkozy a maille à partir avec la justice française pour une affaire de corruption. Dans la même veine, l’ancien président brésilien Lula, lui, s’est retrouvé en prison. Plus près de nous, en Angola, le clan de l’ancien président Dos Santos doit justifier les milliards de dollars volatilisés des entreprises pétrolières nationales.
Le peuple congolais ne demande pas au président Tshisekedi de fouiner dans le passé, mais plutôt de clarifier comme il se doit le climat politique sans se mêler des affaires déjà confiées à la justice. Dans les cas d’allégations, les enquêtes sont nécessaires pour établir la vérité. Quand les plaignants et les accusés sont connus, nous devons laisser la justice suivre son cours sans ingérence politique.
Pour que Fatshi soit au pouvoir aujourd’hui, il a fallu que des compatriotes descendent sans cesse dans la rue au prix de leur vie. Celles et ceux qui sont morts dans ce combat pour la démocratie méritent que le pays n’oublie pas leur sacrifice suprême, quelles que soient les alliances politiques nouées au gré des vagues idéologiques et personnelles. Le président Trump des États-Unis vient de lâcher ses alliés kurdes qui ont pourtant combattu les djihadistes à côté des soldats américains en Syrie, les laissant ainsi à la merci de la Turquie!
S’agissant du respect des alliances, Fatshi lui-même en sait quelque chose. Ceux et celles qui ont trempé dans des crimes graves contre des personnes, des propriétés publiques et privées doivent en répondre devant la loi. L’ancien président du Sénat Kengo wa Dondo avait lui-même admis à l’époque que la misère du peuple congolais avait atteint les limites de l’invivable.
Nous nous rendons donc compte que nous ne sommes pas les seuls à patauger dans cette mare de comportements humains déviants, à la seule différence que notre justice n’est pas indépendante du pouvoir politique et qu’elle n’affiche pas encore une véritable image d’impartialité..
Issues de secours
La fameuse affaire de 15 millions de dollars n’est qu’une facette de ce qui se trame depuis belle lurette au niveau des recettes de l’État congolais. Nous n’avons qu’à observer la multitude de fonctionnaires et de travailleurs réclamant des arriérés de salaires et diverses primes impayées durant plusieurs mois à la grandeur du pays, au gouvernement comme dans les grandes entreprises publiques. Le président de la Fédération des entreprises du Congo (FEC), M. Yuma pour ne pas le citer, a reconnu dernièrement que c’était « une grave erreur politique » d’avoir démantelé la Gécamines, privant durant une quinzaine d’années l’État congolais d’une source vitale de recettes.
Le rapport Luzolo Bambi sur l’univers de la corruption dans notre pays met en cause des hauts fonctionnaires et mandataires publics ainsi que des hommes d’affaires nationaux et étrangers dans les opérations de détournements des deniers publics, de malversations financières, de fraudes fiscales et douanières, de transferts de fonds sans contrepartie des marchandises et de financement des conflits. Il y est question de l’inexistence des sanctions et aussi des complicités entre les sociétés pétrolières et des banques pour priver le Trésor public de sommes dues.
Dépoussiérer ce rapport et le considérer comme un outil de travail essentiel dans la lutte contre la gouvernance erratique et la corruption doivent constituer une priorité de l’action gouvernementale. Si nous voulons réellement réaliser le programme actuel de développement du pays, c’est une exigence du sens de l’État que de chercher à verrouiller les vannes des crimes économiques qui minent d’autres projets sociaux et perpétuent la pauvreté en nous poussant à tourner nos yeux, comme des éternels assistés, vers les organisations internationales telles que la Banque mondiale, le FMI et la BAD, pour des prêts coûteux dont les impacts ne sont pas si évidents sur le développement socio-économique durable du pays.
Mettre l’Homme au centre de toute initiative
La trousse médicale de ces organisations tourne autour, entre autres, des plans d’ajustement structurel, des privatisations, des dévaluations, de la promotion des exportations, du renforcement des capacités et des mesures d’austérité, au détriment des besoins locaux. Des séminaires interinstitutionnels et multidisciplinaires sont organisés, mais les rapports finissent par devenir poussiéreux dans les tiroirs des ministères. Il est logique de vouloir moderniser l’économie, mais l’humain constitue la finalité de toutes ces initiatives. Nous devons évaluer à tout moment les effets de tels programmes sur les populations.
Notre président Fatshi a posé des gestes pour décanter l’atmosphère politique en libérant des prisonniers politiques et en fermant les nombreux cachots de l’Agence nationale de renseignements (ANR) transformée en police politique sous Kabila. Un autre genre de prisonnier mérite qu’on s’y attarde. Ce phénomène découle de notre pauvreté extrême et de la morosité du monde du travail; il n’honore pas du tout les anciens dirigeants kabilistes. C’est le calvaire des anciens patients retenus « prisonniers de la pauvreté » dans les hôpitaux faute de moyens financiers leur permettant de s’acquitter du coût des soins reçus. Nos mamans en particulier, après un accouchement, doivent vivre ces moments pénibles qui leur enlèvent toute dignité humaine.
A-t-on réfléchi à cette problématique insolite pendant qu’au même ministère des millions de dollars destinés à combattre le virus Ebola ont pris la tangente? La couverture médicale universelle doit encore être bien planifiée et le système de santé du pays adéquatement organisé avant de pouvoir bénéficier de ce service médical capital à travers tout le pays.
Entre temps, nous devons bannir cette pratique dans nos murs. Sans préjuger des abus, un système temporaire pourrait pallier cette lacune en orientant les malades vers les hôpitaux généraux enregistrés pour ce faire auprès du ministère de la santé, par exemple. Notre pays est très vaste et les moyens de transport sont bien difficiles.
Dans tous les cas, nous devons éradiquer cette réalité de notre société, surtout que même les personnes qui travaillent sont impayées; quand elles le sont, le climat politique et économique terne reprend le dessus. Le salaire ne suffit pas à couvrir les besoins primaires du travailleur. L’assurance-maladie, voilà un autre « mouton» qui exige une planification très rigoureuse dans le contexte général d’un pays malade de ses finances.
Nécessité d’un travail en amont sur l’éducation
Une disposition de notre Constitution exige une déclaration du patrimoine de la part du chef de l’État et des membres du gouvernement. Le respect de celle-ci n’a jamais été une réalité dans notre pays. Une contrainte positive serait de lier le versement des indemnités à l’entrée en fonction et à la fin du mandat au dépôt préalable de la déclaration du patrimoine. Quoi qu’il en soit, la personne qui ne le fait pas est réputée démissionnaire conformément à la loi.
L’éducation des partisans est un instrument de l’exercice de la démocratie. Nous avons assisté à bien des scènes de spéculation lors de la disparition de l’Antonov 72 au service de la présidence de la république. Chaque parti a la responsabilité de donner des directives claires à ses partisans concernant la paix sociale, sinon nous avons l’impression d’avoir affaire à des aventuriers qui profitent d’une situation spécifique pour troubler l’ordre social.
Nous, comme citoyens devons travailler en amont et miser sur l’éducation pour modifier en profondeur nos mœurs. L’école est appelée à socialiser les élèves aux valeurs de liberté d’expression, d’opinion et de religion, au respect de l’autre, aux principes de responsabilité et de dignité humaine. L’éducation populaire doit emboîter le pas à travers les médias et des activités animées par des ONG.
Nous devons réfléchir et agir ensemble avec les agents de l’armée, de la police et de la sécurité publique pour éviter des scènes de barbarie auxquelles on a assisté lors des manifestations pacifiques. Ces unités de maintien de l’ordre dans notre pays ont besoin d’une réforme profonde en matière de sens du devoir envers la population et la nation. Cette restructuration de nos forces armées est plus que nécessaire d’autant plus que notre armée est polluée d’éléments disparates intégrés lors des opérations douteuses de brassage d’anciens rebelles sans foi ni loi. Nous devons vulgariser les différents thèmes de notre Constitution et remettre le civisme à l’honneur à la grandeur du pays.
Entre philosophie du développement et le bonheur du peuple
Le président Fatshi s’est engagé à restaurer la paix dans toute l’étendue du Congo. Nous sommes derrière lui pour que cet engagement prenne corps. Nous ne sommes pas sûrs de pouvoir compter sur certains dirigeants politiques. La mue est le renouvellement de la peau chez les reptiles, celui du plumage chez les oiseaux et la chute du pelage chez certains mammifères. Sur la scène politique nous assistons à un autre visage de la mue, une image des hommes politiques qui, brusquement, tournent casaque et disent le contraire de ce qu’ils défendaient la veille. Il n’est plus inhabituel de voir un (e) élu (e) retourner sa veste et applaudir les idées combattues avant. Ces politiciens réversibles ne sont pas rares dans notre pays. Ils n’hésitent pas à changer d’alliance en fonction de leurs intérêts personnels et non selon des convictions idéologiques. C’est souvent l’appât du gain qui facilite ce passage d’un bord à un autre.
Le travail doit pouvoir nourrir son homme, comme on dit. Tout travail mérite salaire et celui-ci doit pouvoir suffire pour ne pas le clochardiser. Si le peuple congolais a la profonde conviction que le pays entreprend un vrai virage vers les changements désirés économiquement et socialement, ce peuple sera prêt à prendre part activement à l’effort collectif de se sortir de ce mélange de pauvreté, de misère et d’injustice. Il soutiendra sans réserve Fatshi dans la lutte commune contre la corruption et l’impunité, œuvrant pour des horizons meilleurs vers la prospérité et la jouissance des richesses nationales au profit de tous les enfants de notre pays sans exception. C’est à cette seule condition que le président Tshisekedi aura l’appui essentiel de ses compatriotes et pourra se passer des diables du FCC. Ce sera l’alliance entre sa philosophie du développement et le bonheur du peuple congolais, son seul bouclier
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