Marche Lamuka du 30 Juin : manifestation, insurrection populaire ou « révolution » pour la vérité des urnes ?

Ce jeudi 27 juin, les leaders Lamuka, l’actuelle plateforme de l’opposition, ont appelé a une mobilisation de tous les Kinois pour une « marche de dignité » ce dimanche 30 juin jour de l’indépendance à partir de toutes les communes.

Cet appel à une marche intervient quelques jours après le retour du principal acteur de la plateforme Jean-Pierre Bemba, aussi après plusieurs annonces des différents leaders, adeptes de « la vérité des urnes ».

Lamuka qui souffrait déjà d’une certaine méfiance entre ses leaders, certains accusant d’autres d’être pro-pouvoir, a connu une forme d’unité avec la décision de la cour constitutionnelle qui a invalidé une vingtaine de députés de cette plateforme. N’eût été cela, la fissure entre Moïse Katumbi, Martin Fayulu et Adolphe Muzito était déjà grande.

Martin Fayulu, le candidat malheureux aux élections du 30 décembre dernier a toujours, lui, cru à l’arrivée de la vérité des urnes. Dans tous ses meetings ou toute autre sortie, il n’a jamais été tendre envers le pouvoir de celui qu’il a appelé dans le temps « mon frère ».

Il estime que Félix Tshisekedi fait le jeu de Kabila et ne peut oser se rapprocher de lui. Il a plusieurs fois appelé le peuple à chasser Tshisekedi qui fait l’ombre de Kabila car il est « illégitime ». Il l’a d’ailleurs un jour traité de « pantin ».

L’autre cacique et très farouche au pouvoir de Félix, c’est le dernier venu dans l’opposition, monsieur Adolphe Muzito. Depuis la proclamation des résultats des élections, il a été très critique et n’a pas hésité de dire à qui veut l’entendre qu’ils ne laisseront jamais Félix réussir, ce serait légitimer sa fraude. C’est ce qu’il a dit à nos confrères de Jeune Afrique, il y a quelques jours.

Bemba qui du reste n’est plus très mordant, a semblé être pragmatique et apparemment avoir tourné la page de la vérité des urnes.

Mais il n’a pas déchanté malgré les 10 ans passés à la CPI. Il estime aussi que Félix Tshisekedi ne mérite aucun soutien, car selon lui, il n’a pas suivi ce qu’ils s’étaient dit à Genève lors de la création de Lamuka avant que l’actuel chef de l’Etat ne claque la porte. Il a demandé à Félix de rendre public l’accord qu’il a conclu avec Kabila.

De son côté, l’homme d’affaires Moïse Katumbi semble avoir un pas dedans, un pas dehors.

Accusé plusieurs fois par ses collègues, Martin Fuyulu et Muzito en particulier d’avoir des relations étroites avec le pouvoir, Katumbi lui estime qu’il faut une opposition républicaine et non radicale comme le souhaitent les autres. Il soutient quand même la marche du 30 juin prochain car, elle a pour but principal, « le respect de la volonté du peuple ».

La marche programmée partira des vingt-quatre communes de Kinshasa selon Ève Bazaiba, secrétaire générale du MLC.

Est-ce une marche ou manière voilée de vouloir lancer leur insurrection ou alors révolution comme ils l’ont souvent appelée ?

Martin a promis plusieurs fois que la vérité des urnes s’obtiendra par une révolution. N’est-ce pas la face cachée de la prochaine « marche pacifique » de la coalition Lamuka ? En tout cas, plusieurs congolais sont curieux de voir comment les forces de l’ordre congolaises vont maîtriser une manifestation qui doit partir de toutes les communes de Kinshasa sans pouvoir répondre aux dérapages de certains militants des partis politiques qui créent des désordres pour un affrontement avec les éléments de la police. 

Faiblesse des institutions, misère du peuple, salaire dérisoire, vérité des urnes, toutes ces revendications pour la marche du 30 juin. Il faut reconnaître que c’est trop comme revendication et il est clair que ces principaux opposants ont choisi de surfer sur l’actuelle misère des congolais pour appeler à l’adhésion de leur schéma.

Peut-on supposer qu’à travers l’assaut que prévoit Lamuka sur Kinshasa, celle-ci prendra les institutions pour les rendre fortes, améliorer les conditions des vies du peuple congolais et autres ? En tout cas, en provinces comme au Sud-Kivu par exemple, plusieurs leaders Lamuka n’hésitent pas à parler de « l’assaut final » contre des « institutions illégitimes ».

Une communication qui jusqu’à moins de 48 heures reste ambiguë et mérite d’être clarifiée par les organisateurs de la manifestation. Sinon, il n’est pas exclu que le Congo puisse sombrer dès le 30 juin prochain dans une nouvelle spirale des violences et de confusion principalement dans sa capitale alors que la situation actuelle est déjà très inconfortable pour le nouveau pouvoir qui peine à imposer sa marque.

Manifestation pacifique, insurrection populaire ou alors « révolution »? Rien n’est exclu !