Félix Tshisekedi: fini le temps de grâce, le peuple attend le vrai changement

Depuis le samedi 1 er juin, Etienne Tshisekedi wa Mulumba repose dans le mausolée construit en sa mémoire dans la commune de la N’Sele. Il l’a mérité. Toutefois, son héritage politique cristallisé dans le slogan « Le Peuple d’abord » place le président de la République devant ses responsabilités, à savoir, relever le défi pour honorer le long combat politique de son père. Le peuple ne fait pas mystère de ses attentes. Après trois jours de deuil, le chef de l’Etat doit se recentrer sur les nombreuses priorités et mettre fin au temps de grâce. C’est par les œuvres qu’il sera jugé.

La République démocrati que du Congo et la grande famille Tshisekedi ont fait leur deuil. C’est dans la liesse populaire que le peuple congolais, dans un élan patriotique qui a rassemblé toutes les tendances politiques du pays, a accompagné en sa dernière demeure de la N’Sele Etienne Tshisekedi wa Mulumba.

Les funérailles organisées en sa mémoire ont été à la hauteur du grand combat que le lider maximo de l’Udps a mené durant une bonne partie de sa vie pour défendre la démocratie et l’avènement d’un Etat de droit en RDC. A la postérité, Etienne Tshisekedi lègue une maxime qui fera date : « Le peuple d’abord ».

Plus qu’un slogan, c’est le testament politique qui résume toute la vision de l’homme politique que fut Etienne Tshisekedi. Il s’est battu pour le triomphe de cet idéal. C’est cette flamme que son fils, Félix-Antoine Tshisekedi, arrivé au pouvoir au terme de la présidentielle
de décembre 2018, s’est engagé à perpétuer.

Dans l’homélie qu’il a prononcée le samedi 1er juin au stade des Martyrs, l’archevêque de Kinshasa, Mgr Fridolin Ambongo, le lui a rappelé. « Rappelez-vous de sa devise : ’’Le peuple d’abord’’. Tout par le peuple, avec le peuple et pour le peuple (…). Le meilleur hommage est de nous mettre ensemble et de réaliser cet idéal d’unité nationale», a déclaré le prélat.

Autrement dit, concernant le chef de l’Etat, Félix Tshisekedi, l’état de grâce est terminé. Après le deuil d’Etienne Tshisekedi, le peuple voudrait maintenant le voir à l’œuvre pour traduire dans la réalité le combat de son père. Toute sa vie, Etienne Tshisekedi a fait du triomphe de la démocratie et de l’Etat son leitmotiv. Il s’est sacrifié pour défendre cette vision.

Son fils, au pouvoir depuis le 24 janvier 2019, est lié par le sermon à la vision de son père. A chacune de ses apparitions en public, le peuple – autrement dit « la base » - ne manque pas de le lui rappeler. « Fél ix n’oubl ie pas ce que papa a dit, le peuple d’abord ». Cet engagement, le chef de l’Etat devra le porter tout au long de son mandat. C’est le fil conducteur de son mandat.

Après plus de deux ans d’attente, Etienne Tshisekedi a eu droit à des obsèques dignes qui traduisent la profondeur de son action politique. Sa mort n’a pas étouffé cet idéal. Bien au contraire, elle l’a ravivé, via son fils, dans sa nouvelle stature de président de la République démocratique du Congo.

Tous les regards sont désormais rivés sur le chef de l’Etat, digne héritier politique d’Etienne Tshisekedi. Après la mort du sphinx, c’est lui qui a pris les rênes de l’Upds, jusqu’à ce qu’il soit porté à la magistrature suprême au terme de la présidentielle du 30 décembre 2018. Et aucune erreur ne lui sera permise. Il a devant lui l’obligation de donner au peuple congolais ce qu’Etienne Tshisekedi lui a toujours promis, c’est-àdire l’émergence d’un véritable Etat de droit où la démocratie sera la règle d’or .

LE TEMPS EST À L’ACTION

Le temps est à l’action et non aux nouveaux discours. C’est le moins que l’on puisse dire. Passé les obsèques d’Etienne Tshisekedi wa Mulumba, c’est une page de l’histoire politique de la RDC, faite de hauts et de bas, qui est définitivement tournée. Ce n’est pas pour autant qu’on doit vite passer l’éponge sur le grand combat politique mené par ce grand combattant de la liberté. Une tâche dévolue au chef de l’Etat, Félix Tshisekedi.

Se mettre au travail suppose pour le président de la République la mise en place, le plus rapidement possible, d’un gouvernement qui devra directement s’attaquer aux urgences de toute la République. Les tergiversations de ces derniers mois n’ont plus de sens. La nomination d’un Premier ministre, en la personne de Sylvestre Ilunga Ilunkamba, a mis fin à un long moment de suspense. La formation de son gouvernement ne devait pas non plus tenir en haleine toute une nation. En RDC, tout est prioritaire. Et en face, le peuple, meurtri par ce long passage à vide, veut voir un début de solution à ses nombreuses aspirations. Le temps de grâce, doit-on encore le rappeler, est révolu.

Le président de la République n’a plus de raison de tourner en rond. Il doit aller de l’avant, déboulonner, s’il le faut, l’ancien régime et  traduire dans les faits la phrase magique d’Etienne Tshisekedi : « Le peuple d’abord ».