Economie
Longtemps gelée à la présidence sous Joseph Kabila par le fait d’une main noire téléguidée par la Sonas (Société nationale d’assurances), il a fallu attendre l’avènement du président Félix Tshisekedi pour que la libéralisation du secteur des assurances devienne enfin effective. Depuis le 27 mars 2019, six sociétés, dont quatre opérant dans les assurances et deux autres dans le courtage, ont reçu l’agrément de l’Arca (Autorité de régulation et de contrôle des assurances). Une décision qui met fin à 53 ans de monopole absolu de la Sonas. Pour cette entreprise du portefeuille, le défi est énorme. Elle joue sa survie. Innover ou disparaitre ? C’est le dilemme dans lequel se trouve aujourd’hui la Sonas.
La date du 27 mars 2019 scelle enfin la fin du monopole de la Sonas(Société nationale d’assurances). Celle-ci n’est plus le seul opérateur dans le secteur des assurances. Elle devra se battre à côté de six autres concurrents qui promettent d’apporter des solutions innovantes pour faire progresser ce grand marché.
Il a fallu attendre trois ans, depuis la mise en place en 2016 de l’ARCA (Autorité de régulation et de contrôle des assurances en RDC), pour que la libéralisation de ce marché devienne enfin effective.
En réalité, six opérateurs sont arrivés sur le marché des assurances. L’ARCA a, en date du 27 mars 2019, validé les agréments de quatre sociétés d’assurances et deux sociétés de courtage. C’est son directeur général a.i., Alain Kaninda, qui a eu la primeur de l’annoncer, jeudi 28 mars dernier, au public.
La fin du monopole de la Sonas devient une réalité. Ses premiers concurrents sont désormais connus, à savoir Société financière d’assurance Congo, Activa assurance RDC, Rawsur SA et Rawsur Life SA. Deux sociétés vont œuvrer dans le courtage d’assurances, notamment la française Gras Savoye RDC et Allied Insurance Brokers Sarl. Ces agréments consacrent donc la libéralisation effective du marché des assurances en RDC.
Avec sa banque, la Rawbank, leader du secteur bancaire en RDC, l’empire RAWJI a décidé d’aller à la conquête du marché des assurances. Deux sociétés d’assurances battront pavillon Rawji. Il s’agit de Rawsur SA et Rawsur Life SA.
Quitte ou double
Avec cette libéralisation effective du marché des assurances, la Sonas joue désormais sa survie. Innover ou disparaitre ? C’est la difficile équation que devra résoudre la Sonas.
Créée depuis 1966, la Sonas a vécu pendant 53 ans sous les mamelles de l’Etat congolais. Elle a bénéficié de l’entière protection de l’Etat pour régner en maître dans un marché, sans jamais parvenir à remplir correctement sa mission.
Avec le vent d’ouverture qui souffle sur le marché des assurances, la Sonas est appelée à se battre à armes égales avec ses concurrents. L’Etat Congolais, son principal actionnaire, ne saura donc plus la protéger, comme il l’a fait depuis 53 ans. Au risque de fausser les règles de la concurrence.
La Sonas devra se battre pour survivre. Sinon, c’est sa disparition qui sera au rendez-vous.
Proposer des solutions innovantes
Avec la libéralisation effective du secteur des assurances, c’est une ère nouvelle qui s’ouvre dans l’économie congolaise. En effet, pendant plus de 50 ans, la Sonas a brassé des millions Usd sans que l’économie congolaise n’en profite réellement. Aujourd’hui, elle ne pourra plus jouir de la grande protection que l’Etat congolais lui a toujours accordée pour mobiliser la grande épargne interne par le biais des assurances. D’autres concurrents – et non des moindres – promettent d’amener des solutions innovantes pour donner plus de protection aux souscripteurs des assurances.
Avec ses deux sociétés d’assurances, le groupe RAWJI, propriétaire de la RAWBANK, première banque commerciale de la RDC, s’est fixé de grandes ambitions, en explorant un pan des assurances jamais exploré par le passé, c’est-à-dire la branche assurance-vie.
Dans un communiqué largement relayé dans la presse, le groupe RAWJI affiche déjà ses couleurs avec la création de ses deux sociétés d’assurances. « Rawsur SA exercera les activités d’assurance non-vie, regroupant les accidents, les incendies et les risques divers. Rawsur SA est extrêmement honorée de recevoir cet agrément qui lui permettra d’apporter une nouvelle vision et d’avoir un impact dynamique sur le secteur des assurances en RDC. Rawsur SA s’engage à cet effet à renforcer l’économie congolaise à travers la contribution au développement économique du pays, l’innovation et l’adaptation des produits et services d’assurances aux besoins du marché congolais. Rawsur LIFE SA, précurseur et première compagnie d’assurance agréée dans cette branche en RDC, exercera les activités d’assurance-vie. Avec son développement, l’assurance-vie va permettre de financer durablement l’économie congolaise, recueillir et mobiliser une épargne longue et stable. En ce sens, Rawsur LIFE SA est un nouvel investisseur institutionnel de premier plan ».
Le même communiqué indique aussi que la mission de ces sociétés d’assurances est de « donner les moyens à ses clients de vivre mieux et en sécurité, de protéger les personnes contre les pertes imprévues, de faire une réelle différence dans la vie des populations en les protégeant contre une diversité de risques et en leur permettant ainsi de saisir des opportunités et de sécuriser leurs moyens d’existence ».
Il faut s’attendre à un afflux de millions de dollars sur le marché congolais des assurances dans les tout prochains mois. A tout prendre, le marché congolais des assurances est encore vierge. C’est un secteur qui n’a pas été réellement exploité par la Sonas pendant ses 53 ans d’existence. Sur le Boulevard du 30 juin, au siège social de la Sonas, l’arrivée de nouveaux opérateurs dans ce marché a eu l’effet d’un tsunami.
Evidemment, le consommateur, c’est-à-dire les ménages, l’Etat congolais et des entreprises opérant en RDC placent de grands espoirs en ce vent de libération. De tout temps, les souscripteurs à la police d’assurances ont toujours nourri un seul espoir, celui de voir leur assureur les prendre réellement en charge en cas de sinistre. C’est que la Sonas n’a pas été en mesure de faire, malgré tous les avantages dus au monopole lui accordé par l’Etat congolais.
On s’attend donc à ce que les nouveaux arrivants sur le marché des assurances appliquent des tarifs qui cadrent bel et bien avec les réalités de l’économie congolaise. Libéraliser le marché des assurances, c’est bien, mais donner la possibilité au Congolais moyen de se faire assurer sans perturber sérieusement son maigre panier de la ménagère, c’est encore mieux. En tout cas, c’est ce qu’on attend de nouveaux opérateurs qui ont débarqué dans le secteur. La bataille s’annonce farouche. Et la survie de la Sonas est en jeu. Soit elle s’adapte en allant dans le sens de l’innovation, soit elle se laisse emporter par une concurrence qui promet d’être farouche.
53 ans de passage à vide
Il faut dire que la Sonas était jusqu’à la date du 27 mars 2019, la seule compagnie d’assurances sur le territoire congolais depuis 1966. Après avoir oscillé entre les périodes de gloire et de décadence, sous grande protection de l’Etat congolais, la société a tenté de remonter la pente en 2008 sous l’impulsion d’Herman Mbonyo, son directeur général. Mais, cet élan a été vite stoppé une année après avec la suspension de ce dernier. Depuis 2009, la société est dirigée par un comité de gestion provisoire, sous la direction de Carole Agito, dans une opacité indescriptible.
En décembre 2013, le Comité de pilotage de la réforme des entreprises publiques (Copirep) avait annoncé à la suite d’un audit mené par un cabinet spécialisé que la Sonas est en passe de disparaître si elle ne restructurait pas ses activités en profondeur. Avec l’arrivée de nouveaux opérateurs dans le secteur, c’est le défi qui s’offre aujourd’hui à la Sonas.
Plusieurs solutions de restructuration s’offrent à l’Etat congolais, son seul et unique actionnaire. Soit l’Etat congolais ouvre le capital de la Sonas aux privés, soit il se désengage complètement de cette entreprise en la cédant entièrement aux privés. Dans tous les cas, c’est la survie de la Sonas qui est en jeu.
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