Société
Les autorités de la ville de Brazzaville ont lancé, depuis le dernier week-end, une opération de traque de malfaiteurs baptisée « Mbata ya mokolo ». Alors que celle-ci devait avoir un caractère général et impersonnel, il s’avère au fil des jours qu’elle s’est transformée en une véritable chasse aux sorcières dirigée contre les Congolais de Kinshasa. Arrêtés à partir de leurs lieux de résidence, dépouillés de tous leurs biens et parfois frappés avant d’être regroupés dans différents commissariats de la capitale d’en face et conduits au port de Brazzaville, nos compatriotes reviennent à Kinshasa complètement démunis.
Selon les témoignages de plusieurs victimes de l’opération «Mbata ya mokolo» rencontrées au beach de Kinshasa, pratiquement toutes les femmes congolaises de moins de trente ans sont également expulsées sans management, sous prétexte qu’elles se prostitueraient et porteraient ainsi atteinte aux mœurs. Des chiffres en circulation font état de plus d’un millier de nos compatriotes chassés de la capitale du Congo/Brazzaville, au mépris des règles du droit international.
Réaction timide et tardive de Kinshasa
Dans leur colère et désarroi, les Congolais de Kinshasa ont appris que leur gouvernement a élevé une protestation et même convoqué l’ambassadeur du Congo/Brazzaville aux Affaires Etrangères, en attendant qu’une délégation officielle se rende de l’autre côté du fleuve Congo pour s’enquérir de ce qui arrive à nos compatriotes.
Ce qui intrigue et indigne les Congolais vivant au pays comme à l’étranger, c’est la tendance de Kinshasa à réagir toujours mollement et tardivement face aux tracasseries administratives et policières dont sont souvent l’objet nos compatriotes en territoires étrangers. Cette tiédeur diplomatique a pour conséquence de laisser les victimes des expulsions à la merci de leurs bourreaux sur de longues durées. Le gouvernement congolais affiche des attitudes de nature à faire croire à un aveu de faiblesse ou d’impuissance, dont les répercussions sont néfastes sur le sort des compatriotes parfois en danger de mort.
Les missions diplomatiques congolaises à l’étranger semblent frappées du même mal, au point que les compatriotes menacés d’expulsion qui vont chercher refuge dans les locaux de nos ambassades sont tantôt abandonnés à eux-mêmes, tantôt priés d’attendre des solutions qui ne viennent jamais, tant et si bien que chacun se débrouille pour trouver le chemin du retour au pays natal, sans biens ni argent.
Angola, Zambie, Tanzanie, Rwanda, Burundi, Ouganda : même scénario
Le calvaire que sont en train de vivre les Congolais de Kinshasa à Brazzaville n’a pas de quoi étonner. C’est le même scénario qu’ils vivent en Angola, en Zambie, en Tanzanie, au Rwanda, au Burundi, en Ouganda…Lorsque les autorités de ce pays s’avisent à traquer des soi-disant clandestins, dont curieusement le gros des effectifs se recrutent au sein des communautés congolaises. Pour ne prendre que le cas de l’Angola, les opérations d’expulsions de Congolaises et Congolais sont devenues des exercices permanents, avec les mêmes dérapages : saisies ou vols de leurs biens, viols, traitements inhumains et dégradants.
Le sentiment que laissent les protestations des décideurs politiques congolais est que leurs réactions n’ont aucun impact sur le terrain. En effet, le rapatriement forcé de nos compatriotes accusés de tous les maux à l’étranger n’a jamais obéi aux règles internationales en la matière. Les Congolais refoulés de quelque part rentrent toujours les mains vides au pays de leurs ancêtres. Ils n’ont jamais bénéficié de la moindre indemnité pour les préjudices moraux, physiques, matériels ou financiers subis.
D’aucuns se demandent finalement à quoi servent les multiples accords de coopération que la RDC ne cessent de signer avec ses voisins au fil des années. On s’interroge aussi sur la raison d’être des présences congolaises dans les organisations continentales et sous-régionale telles que l’Union Africaine, la CEEAC (Communauté Economique des Etats d’Afrique Centrale), la SADC (Communauté de Développement de l’Afrique Australe), le CEPGL (Communauté Economique des Pays des Grands Lacs), le Comesa (Marché Commun de l’Afrique Centrale et Orientale), la CIRGL (Conférence Internatonale sur la Régon des Grands Lacs),etc. Pourquoi conclure des accords d’amitié, de bon voisinage et de coopération qui n’ont aucun impact sur le quotidien des Congolais à l’étranger ?
La misère : ennemie n°1 des Congolais
Les ressortissants de la RDCongo jouissent désormais de la triste réputation de peuplades nomades, à la recherche de l’eldorado à travers la planète. Ces immigrés économiques fuient en réalité un ennemi mortel au pays : la misère. Des observateurs sont d’avis que si les richesses potentielles du grand Congo sont exploitées rationnellement et leur fruit distribué correctement, ses citoyens n’accepteraient plus de se faire humilier en Angola, au Congo/Brazzaville, en Zambie, en Tanzanie, au Burundi, au Rwanda, en Europe, en Europe, en Amérique, en Asie ou en Océanie.
D’où les gouvernants congolais ont un terrible challenge à gagner, celui de faire réellement du Congo un pays émergent à l’horizon 2030. Si les Congolais d’aujourd’hui retrouvent leur niveau de vie de 1960, ils n’iraient plus mendier ni se faire insulter et fouiller nulle part. Brazzaville vient de nous rappeler que nous sommes devenus « un problème » pour l’Afrique et le monde.
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