Société
Si quelqu'un, un membre de famille ou une simple connaissance, vient vous informer qu'il a donné votre nom à son rejeton qui vient de découvrir ce monde merveilleux, ne vous réjouissez pas trop vite. Commencer par vous poser des questions sur ce que vous étiez hier et examinez ce que vous êtes aujourd'hui. Ensuite, examinez bien la vie de ses parents qui ont brusquement décidé de vous honorer. Etes-vous vraiment certain que dans leur for intérieur ils ont pensé vous honorer ?
Les choses ont beaucoup changé dans ce pays, surtout à Kinshasa, cette ville pervertie. Avant, c'est-à-dire avant que la crise multiforme ne vienne corrompre les esprits comme aujourd'hui, donner à son rejeton le nom de quelqu'un était quelque chose de sacré.
On honorait généralement un être à qui l'on vouait une grande considération, surtout s'il ne s'agissait pas spécialement d'un membre de famille. La personne vénérée en était très reconnaissante. Il se tissait alors de très solides relations de fraternité entre tous ces parents. Et l'honoré se sentait en partie responsable de l'enfant. Il vivait tout ce qui lui arrivait de positif ou de négatif exactement comme ses propres géniteurs.
Quant à lui, l'enfant considérait l'aîné éponyme comme ses propres géniteurs. Il était l'enfant de la famille éponyme. Lorsqu'il arrivait à l'honoré de se préparer pour l'au-delà, il n'oubliait pas cet enfant dans son testament, fut-il verbal.
Mais la responsabilité, comme souligné plus haut, était partagée. Car l'enfant avait, pour l'aîné éponyme, les mêmes droits et devoirs que ceux qu'il avait vis-à-vis de ses géniteurs. Le nom était généralement donné en fonction des valeurs morales qu'incarnait une personne.
On ne donnait pas à son enfant un nom pour le plaisir de le faire. Il fallait au préalable passer au peigne fin la vie de la personne en question, car une tradition veut que le nom influe sur la personne qui le porte. Lorsqu'on donnait à son rejeton le nom d'un voleur, on ne devrait pas s'étonner de voir le pauvre rejeton suivre l'exemple de son illustre éponyme.
Mais il arrivait aussi que quelqu'un sollicite lui-même à un frère ou un ami que l'enfant que portait son épouse porte son nom à sa naissance. Evidemment, on ne pouvait quand même pas adresser une telle demande à une femme, au risque de lui attirer des suspicions.
Mais aujourd'hui, les choses ont changé. C'est le matériel qui conditionne tout. Quelles que soient les valeurs morales ou intellectuelles que vous incarnez, n'espérez pas voir votre nom attribué à l'enfant d'un ami ou d'un membre de famille si vous logez le diable dans vos poches.
Lors du mandat passé du président Kabila, on a ainsi vu plusieurs triplés à qui les parents avaient donné au premier le nom du chef de l'Etat, au deuxième celui du Premier ministre, et au troisième le nom du président de l'Assemblé nationale.
S'il y avait une fille parmi ses enfants, évidemment, il ne fallait pas s'attendre à autre chose que le nom de l'épouse du chef de l'Etat. Je me demandais à l'époque si ces noms seraient quand même donnés à ces enfants si ces illustres personnalités n'avaient pas été ce qu'elles étaient à cette époque-là.
Aujourd'hui, lorsque vous avez un peu un peu, comme disent les Ivoiriens, et qu'il vous arrive un malheur, celui de voir votre nom donné à un enfant appartenant à une famille nécessiteuse, préparez-vous à arrondir vos bourses. Car cet enfant, que vous n'avez pas désiré, pour lequel vous n'avez pas sollicité l'attribution du nom, deviendra vite un cauchemar pour vous.
Ses parents vont très vite se décharger et c'est vers vous que ce pauvre enfant se tournera pour ses frais scolaires, ses soins de santé, voire, de temps à autres, un petit pain pour son ventre bedonnant.
Ce qui vaut pour les homonymes vaut aussi pour les parrains de mariage. C'est une lourde responsabilité que de parrainer un mariage. On ne devrait pas s'amuser avec ces choses comme on le fait présentement. C'est une responsabilité que l'on prend pour la vie. Mais on remarque souvent, en tout cas de plus en plus, que des futurs mariés se choisissent des parrains friqués. On se moque bien de ce qu'ils peuvent représenter en termes de valeurs morales. Seul ce qu'ils peuvent apporter intéresse.
Ainsi, les parrains ont une sorte d'obligation d'apporter leur part financière, et pas n'importe laquelle, au mariage de leurs filleuls, au risque que ceux-ci s'en désintéressent carrément.
Le matériel prime donc désormais sur tout aujourd'hui. Là aussi, les Congolais ont beaucoup perdu, sur le plan des repères.
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