Présidentielle 2018: J-P. Mabaya recommande dignité et intégrité morale à l’opposition

Candidat n°1 à la présidentielle du 23 décembre 2018 sur la liste publiée par la Céni, Jean-Philibert Mabaya Gizi Amine passe pour un outsider au sprint électoral de cette fin de l’année. Loin d’être un handicap, l’actuel questeur du Sénat considère plutôt cette fonction comme un atout qu’il pense capitaliser pour faire entendre sa voix. Tel un fin tisserand, il construit à pas feutrés sa stature de présidentiable, loin du brouhaha populaire. Son ambition est contenue dans le programme qu’il a présenté en septembre dernier. Il se positionne comme un candidat de la rupture pour un nouveau départ de la RD-Congo.

Il faut s’habituer à ce nom : Jean-Philibert Mabaya Gizi, candidat à la présidentielle du 23 décembre 2018. Ce n’est donc pas par hasard que, sur la liste définitive publiée par la Céni, il se positionne en première position. Candidat n°1, est-ce prémonitoire ?

Dans son bureau privé du quartier des ambassadeurs de la commune de la Gombe où nous avons été à son contact, il a évité de se livrer à l’exercice des chiffres. Son positionnement sur la liste des candidats à la présidentielle importe peu, clame-t-il. C’est une pure coïncidence.

Toujours est-il que derrière les chiffres parfois inaccessibles au commun de mortels Jean-Philibert Mabaya est peut-être sur cette lignée. En août dernier, c’est à la surprise générale qu’il avait décidé de concourir à la présidentielle de décembre prochain sous les couleurs de la plateforme électorale, Arc-en-ciel du Congo (AAC). Certains ont tenté de le dissuader, lui faisant savoir qu’il n’avait pas la stature appropriée pour se mesurer aux gros calibres de la présidentielle. Mais, jusqu’au bout, il a cru à son instinct.

« Je me suis fixé un défi. Ma candidature est celle de la rupture parce que j’ai un projet pour ce pays. J’ai senti l’appel et je n’ai pas pu résister », nous confiait-il, peu avant que la Céni ne publie la liste définitive des candidats à la présidentielle du 23 décembre 2018.

CORRIGER « LES RATÉS HISTORIQUES »

Depuis la table-ronde de Bruxelles qui a jeté les bases de l’indépendance en 1960 jusqu’au dernier dialogue du Centre interdiocésain qui a abouti à la signature de l’accord, dit de la Saint-Sylvestre, Jean-Philibert Mabaya note que la RDC a accumulé plusieurs ratés historiques. Selon lui  les principales causes de ces ratés historiques sont notamment : « le manque de réelle volonté politique, l’hypocrisie et la médiocrité de la classe dirigeante ; la persistance de la crise de légitimité des institutions nonobstant le semblant des élections démocratiques ; la corruption ». Il est temps d’inverser cette tendance ; aussi penset-il que « les élections prévues le 23 décembre 2018 constituent une opportunité à saisir pour renverser cette situation. Elles devraient permettre à la RDC le passage d’un Etat potentiellement riche à un Etat réellement riche, au service de l’homme, de tout l’homme et de tout homme ». 

« L’ homme congolais nouveau ». C’est le sens qu’il donne à sa candidature. « A un Congo nouveau, des Congolais nouveaux », prône-t-il. Le Congolais nouveau, dit-il, est une personne digne, responsable, libre et brave, une personne juste et artisan de paix, une personne solidaire et généreuse – une personne utile à la société – une personne fière d’être congolais ». Voilà le projet qu’il propose ; un projet de rupture qui va dans le sens de récréer le Congo et les Congolais en même temps.

Sa candidature à la magistrature suprême s’inscrit aussi dans la dynamique de la rupture. « Je suis là pour briser les stéréotypes : ceux sur lesquels on a toujours identifié les Congolais – dans le mauvais sens d’ailleurs ». Une rupture par rapport au passé où on a fait rater à la RDC toutes les opportunités pour bâtir au cœur de l’Afrique un pays plus beau qu’avant. Jean-Philibert Mabaya note néanmoins que cet espoir de réaliser le vœu repris dans notre hymne national est encore permis. Il attend d’imprimer cet élan pour l’éveil de tout un peuple et la reconquête de la grandeur perdue d’un pays.

LES DEUX VALEURS DE L’OPPOSITION

Rangé dans les rangs de l’opposition, Jean-Philibert Mabaya appelle l’opposition à se ressaisir pour donner une chance à l’alternance démocratique en décembre prochain. Face à une opposition qui se perd en conjectures au risque de se disperser, Mabaya peint le portrait robot de l’opposant. Dignité et intégrité sont les deux piliers sur lesquels il voit l’opposition bâtir son idéologie de l’alternance.

La dignité implique l’unité de l’opposition autour des valeurs. Un vrai débat d’idées, dit-il, est nécessaire au sein de l’opposition pour contrecarrer le projet de la majorité au pouvoir qui, à ce jour, n’a plus rien à proposer au peuple congolais. Et pour éviter que l’opposition se rentre dedans au point de faire le lit du FCC (Front commun pour le Congo) qui cherche à tout prix à la fragiliser, Jean-Philibert Mabaya insiste sur l’intégrité morale qui doit guider les opposants.

« Le peuple a soif de l’alternance. C’est à l’opposition de saisir cette chance en faisant preuve de créativité pour se positionner en une alternative réellement crédible en décembre prochain », soutient le candidat n°1 sur la liste des présidentiables. Jean-Philibert Mabaya est donc un candidat à prendre au sérieux. Un candidat qui pourrait bien surprendre le 23 décembre 2018.