Economie
Colère des négociants et des Shegués de Kolwezi à l’occasion de la visite du Président Joseph Kabila. Le gouverneur Muyej et son ministre provincial des mines pointés du doigt dans le trafic de minerais bruts.
Ce mardi 11 septembre, Kolwezi célébrait la journée des miniers. Un événement incontournable dans cette ville minière qui attendait la visite du président Kabila.
Et pour accueillir comme il se doit le président en toute fin de mandat, le gouverneur et certains « entrepreneurs » chinois avaient mis les petis plats dans les grands. Usines et magasins étaient fermés pour que la population puisse pleinement se concentrer sur la visite présidentielle. Dès le petit matin, shégués, creseurs, jeunes désoeuvrés, marchands, cambistes, tous étaient réquisitionnés et revêtus d’un T-shirt jaune aux couleurs du parti présidentiel pour applaudir la descente d’avion du président.
Pour les motiver, les autorités avaient promis 20.000 francs congolais (un peu plus de 10 euros) à chaque « manifestant » qui acceptait de monter dans les camions mis à la disposition du gouverneur Muyej par ses « amis » chinois. C’est ainsi que trois camions surchargés et couverts de petits drapeaux jaunes ont déversé leur lot de passagers aux abords de l’aéroport de la ville… alors que Joseph Kabila arrivait finalement par la route. « Question de sécurité », explique un Lushois.
Sur la route, en ville, la foule était plutôt clairsemée. « La preuve que le pouvoir a perdu le Katanga », nous explique un témoin qui avoue avoir boycotté ce rendez-vous.
Promesse non tenue et colère des shégués
Flanqué du gouverneur, de quelques ministres, Joseph Kabila a fait deux haltes, l’une à Kisanfu, l’autre à Musompo, pour visiter des depôts et centres de négoce. « Pas certain que le président soit au courant que tout ce qu’il a vu appartient au gouverneur de la province du Lualaba », explique un « négociant », particulièrement remonté. La cible de toutes ces critiques, le « gouverneur Muyej, son fils et leurs amis chinois. »
« Le gouverneur a saccagé tous les dépôts qui pouvaient lui faire de la concurrence et qui, pourtant, étaient parfois installés dans la région depuis un certain temps », explique un « opérateur économique » qui se dit « ruiné par la mafia du gouverneur ». Plusieurs témoignages viennent confirmer ses dires. Le feu de la critique est nourri contre le gouverneur.
« Le gouverneur est devenu négociant de minerais bruts. Il impose, avec son ministre des mines, des conditions de travail pire que jamais aux creuseurs et des prix absolument insupportables », explique en choeur plusieurs autres négociants. « Il confie la gestion quotidienne à son fils », explique l’un des négociants. « Soit vous acceptez leurs conditions, soit vous vivez l’enfer? C’est la mafia. Jamais je n’aurais pensé vivre cela à Kolwezi », explique un autre, qui avoue « penser à quitter la ville, au moins pour un certain temps ».
Les shégués, eux, assuraient l’ambiance… jusqu’au départ du cortège présidentiel quand les cris ont tourné à un début d’émeute. « Les autorités avaient fait venir ces gens avec la promesse de distribuer 20.000 francs congolais. Ils ont reçu 5.000 quand ils sont montés dans les camions et devaient recevoir le solde au retour. Sauf que, évidemment, ils n’ont jamais vu les 15.000 francs restants. La tension est montée d’un cran et les sièges de certains partis politiques, comme l’ABD et le FIDEC ont été assiégés par ces jeunes qui réclamaient ce qui leur avait été promis ».
La menace des minerais bruts
Des responsables d’ONG, actives dans la région, pointent aussi un doigt accusateur en direction du gouverneur Muyej. « Des rapports sont en préparation », nous explique-t-on. « Le gouverneur Katumbi avait interdit l’exportation de minerais bruts. Ce qui avait eu pour effet de faire rentrer beaucoup d’argent dans les caisses de l’Etat et du Katanga », poursuit notre expert.
« Avec la scission de la province et l’arrivée du nouveau gourverneur, la donne a complètement changé. Le gouverneur s’est transformé en acteur économique et a repris l’exportation de minerais bruts. Avec des combines et des dessous de table, ces minerais traversent la frontière sans contrôle. Un trafc qui a une triple conséquence. La première, ce sont les pertes pour les caisses du pays et de la province et donc pour tous les Congolais au profit d’une poignée d’individus. Ensuite, le trafic est tellement important qu’il fausse le cours du cobalt. Du coup, ça accentue encore les pertes pour le budget de l’Etat. Enfin, et c’est très préoccupant, le cobalt brut contient des traces d’uranite que personne ne contrôle aujourd’hui ».
La RDC apparaît plus que jamais comme un Eldorado sans foi ni loi pour certains au détriment de 80 millions de Congolais qui n’ont jamais paru aussi démunis qu’aujourd’hui.
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