Politique
On attendait un discours de vérité sur la suite qu'il allait donner à son parcours politique, on a eu de la part de Joseph Kabila un discours aux accents patriotiques qui n'a levé aucun voile.
Devant les deux chambres du Parlement réunies en Congrès, Joseph Kabila a prononcé jeudi un discours qui a duré une cinquantaine de minutes. Sur le papier, cette intervention, très attendue à l'approche des élections présidentielle et législatives prévues le 23 décembre prochain, après une série de reports, était la dernière du genre pour cet homme qui a pris le gouvernail de la République démocratique du Congo depuis 2001, à la faveur d'un malheureux concours de circonstances : l'assassinat de son prédécesseur de père, Laurent-Désiré Kabila.
Le suspense toujours
Nombreux sont les Congolais qui voulaient entendre le président hors mandat envoyer des signaux sur son intention de céder le pouvoir au vainqueur du prochain scrutin présidentiel qui suscite fantasmes et inquiétudes dans le pays. Mais Joseph Kabila, qui a l'art d'entretenir le suspense jusqu'au bout, s'est montré combatif. Sans dévoiler toutes ses cartes, il s'est contenté d'une formule sibylline : « Notre engagement à respecter la Constitution demeure, lui aussi, sans équivoque. »
Mais quel sens accorder à son propos dans un pays où, aussi paradoxalement que cela puisse paraître, des manifestants ont été tués lors de marches pacifiques organisées pour réclamer « le respect de la Constitution » ? Des manifestations contre une nouvelle candidature de Kabila ont été interdites ou réprimées dans le sang.
Respect de la Constitution ?
Certains ont cru entendre « je ne serai pas candidat » et d'autres l'exact contraire. Les observateurs qui décryptent ses faits et gestes et qui tentent de cerner ce qui se cache derrière les nominations auxquelles il a procédé tout récemment au sein de l'armée et à la Cour constitutionnelle n'excluent pas une candidature de celui qui a proclamé sa « passion pour le Congo » devant sénateurs et députés regroupés. Reste une inconnue de taille : comment la population accueillerait-elle un tel scénario ? L'accord dit de la Saint-Sylvestre, conclu sous l'égide de l'Église catholique par les principales tendances politiques en décembre 2016, et en vertu duquel certaines des institutions actuelles ont été mises en place, prévoit sans ambiguïté le départ de Kabila après l'installation de son successeur.
Les compteurs remis à zéro
Ceux qui le soupçonnent de chercher à rempiler envers et contre tous s'appuient notamment sur le fait que depuis quelques semaines, des ténors de son parti, le Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD), écument les plateaux télé et les studios de radio pour défendre une nouvelle candidature de Joseph Kabila, au motif que la révision constitutionnelle intervenue en 2011, selon les termes de laquelle l'élection du président s'effectue à la majorité simple des suffrages exprimés, a remis les compteurs à zéro concernant les mandats.
Ils expliquent que Joseph Kabila, au pouvoir depuis 2001, reste éligible, car la RDC a changé de cadre constitutionnel il y a 7 ans. Certes, ils constituent une minorité, mais leur démarche ne semble pas anodine. Argument fragile et facilement démonté pièce par pièce par la majorité des constitutionnalistes qui s'est exprimée sur cette question. Pour ceux-ci, le président sortant est devenu inéligible, depuis la fin de son second et dernier mandat en… décembre 2016. Ce débat juridique agite les milieux universitaires et les réseaux sociaux.
La carte souverainiste
Le chef de l'État fait vibrer la corde souverainiste dès qu'il se sent en difficulté et sous pression. « J'en appelle à la vigilance et au patriotisme de la classe politique, toutes tendances confondues, afin que les prochaines élections, ouvertes, du reste, à tous ceux qui en remplissent les conditions légales d'éligibilité, soient un moment de célébration de la cohésion et de l'unité nationales », a martelé Joseph Kabila.
D'ores et déjà, la perspective d'une candidature de Moïse Katumbi semble s'éloigner. L'ancien gouverneur du Katanga, en exil en Europe, est non seulement sous le coup de condamnations liées notamment à une affaire immobilière, mais aussi empêtré dans une histoire de double nationalité qui fragilise sa position.
Des élections avec Bemba et Tshisekedi
En revanche, l'hypothèse d'une présence de Jean-Pierre Bemba sur la ligne de départ paraît crédible depuis son acquittement, en appel, par la Cour pénale internationale qui siège à La Haye.
L'ancien vice-président congolais, qui vient de passer une dizaine d'années en prison, après avoir été reconnu en première instance coupable de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité, pourrait regagner Kinshasa juste à temps pour déposer son dossier, lui qui a été désigné par son parti, le MLC, pour défendre ses couleurs lors de ce scrutin qui s'annonce ouvert.
Les faits qui lui étaient reprochés remontaient au début des années 2000, lorsque Jean-Pierre Bemba, alors chef rebelle, avait envoyé ses combattants soutenir les forces gouvernementales centrafricaines malmenées par les rebelles de François Bozizé qui avait gagné cette guerre et ensuite pris le pouvoir. Jean-Pierre Bemba semble à l'abri de toute poursuite judiciaire s'il rentre en RDC.
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