Dépréciation du franc congolais à la BCC : alerte maîtrisée

« Le marché des changes demeure stable, en dépit de légères pressions observées les deux dernières semaines du mois de septembre où le taux de change a oscillé dans la fourchette de 920 et 930 CDF le dollar américain à l’interbancaire ainsi que 925 et 935 CDF sur le marché parallèle ». L’annonce est du Gouverneur de la Banque centrale du Congo, Deogratias Mutombo Mwana Nyembo. Il l’a faite à l’issue de la 9ème réunion ordinaire, la 5ème sous son mandat, du Comité de politique monétaire tenue le vendredi 4 octobre 2013.

A la préoccupation des journalistes de connaître les causes de la surchauffe du taux des changes, le Gouverneur Deogratias Mutombo a rejeté l’idée,  indiquant qu’il y a eu seulement une légère dépréciation de la monnaie nationale évaluée à 0,8%. Parmi les facteurs ayant provoqué cette situation, il a cité entre autres l’élasticité de la paie des fonctionnaires par les banques commerciales. Selon lui, certaines ont tendance à retarder les opérations de paie pour privilégier des transactions à courte durée qui leur sont profitables, mais préjudiciables à la stabilité monétaire. Des dispositions ont été prises à cet effet, a-t-il promis.

Pour ce qui est de la croissance de l’économie nationale estimée au- dessus de la moyenne de l’Afrique subsaharienne, soit 5,1%, sans qu’elle ait impact significatif sur le social de la population, Deogratias Mutombo a souligné qu’il s’agit d’une croissance de rattrapage. Car, fait-il savoir, la croissance qu’on observe actuellement est appelée à combler d’abord la décennie 1990 jugée perdue au plan économique.

Raison pour laquelle, il faudra encore attendre pour qu’elle ait un impact significatif sur les conditions sociales de la population.

En outre, les secteurs où la croissance est observée ne sont pas créateurs d’emplois, a-t-il souligné. 

Des réserves en devises pour 9,3 semaines d’importations

Comme à l’accoutumée, le gouverneur de la BCC (Banque Centrale du Congo) a fait le point de la situation générale de la conjoncture.

Sur le plan international, il a dit que les inquiétudes sur les perspectives de l’économie mondiale dues aux tergiversations relatives à l’orientation de la politique monétaire de la Réserve Fédérale Américaine, se sont atténuées avec la décision de la Banque centrale américaine de maintenir sa politique d’assouplissement quantitatif. Option adoptée également par la Banque centrale européenne, tout comme celle du Japon en vue de soutenir l’activité économique.

Toutefois, indique le rapport du CPM (Comité de politique monétaire), l’économie mondiale demeure encore fragile au regard du niveau élevé du taux de chômage dans les grandes économies mondiales, ainsi que du blocage budgétaire actuel aux Etats-Unis.

Sur le plan national, l’économie congolaise enregistre une croissance de 0,2%. Ce qui fait que celle-ci est passée de 7,8% à 8,0%.

Cette croissance qui place l’économie nationale au-dessus de la moyenne de l’Afrique subsaharienne, chiffrée 5,1%, s’observe dans les secteurs ci-après : mines, commerce, construction et agriculture.

Par ailleurs, pour faire face à la légère dépréciation de la monnaie nationale constatée ces deux dernières semaines, la BCC a activé l’un de ses instruments de la politique monétaire, en l’occurrence le BTR, en élargissant ses fourchettes d’appel d’offres.

« Cette option lui a permis d’opérer à ce jour une ponction substantielle de la liquidité sur le marché, soit plus de 52,2 milliards de CDF par rapport à fin août, avec pour conséquence la baisse de la demande des devises par les banques et la tendance à la stabilisation des taux sur les différents segments du marché des changes », renseigne le Gouverneur, avant d’annoncer : « Les réserves internationales se situent à 1.748,6 millions de USD contre 1.645,0 millions à fin décembre 2012, soit une accumulation annuelle des devises de 103,5 millions de USD. En termes de couverture, ces réserves représentent 9,3 semaines d’importations des biens et des services ».

Quant au  taux directeur, le CPM annonce qu’il reste maintenu à 3% et la régulation de la liquidité va se poursuivre à travers la fourchette d’appel d’offres des BTR.

En vue d’assurer une bonne coordination des politiques macroéconomiques, la Banque centrale du Congo recommande une harmonisation de vues afin de régler durablement la question d’injection brutale de liquidité effectuée par certains mécanismes budgétaires en place.