Politique
La MP a déployé un arsenal propagandiste dont l’objet est d’écarter de la course électorale tous ceux qui peuvent obstruer son plan de conservation du pouvoir. Les plus visés sont évidemment Moïse Katumbi, chef de file du mouvement « Ensemble pour le changement », Pierre Lumbi, coordonnateur du G7 et Félix Tshisekedi, président du Rassemblement.
De fil en aiguille, la MP plante le décor d’une contestation à grande échelle de prochaines élections. En définitive, la MP est en train de torpiller le processus électoral, dissipant ainsi toute assurance sur la tenue effective d’élections apaisées.
Le président Joseph Kabila ne sera pas candidat à la présidentielle de décembre 2018. La Constitution le lui interdit. Malgré ce handicap, le chef de l’Etat, qui reste en même temps autorité morale de la Majorité présidentielle, pilote toutes les manœuvres politiques dans son camp. Rien ne se fait dans la MP sans son aval. C’est le maitre à jouer dans la MP.
Ce qui est sûr c’est que la MP n’accorde pas de répit à ses adversaires politiques. Au cas où elle serait obligée de lâcher du lest, tout serait mis en place pour rafler la grande mise aux élections de décembre 2018. Elle a mis toutes les batteries en marche pour y arriver. Dans le short list de la MP, il y a des adversaires qui ont été ciblés, lesquels constituent une obstruction à son plan de conservation du pouvoir.
Sont principalement visés, Moïse Katumbi, candidat déclaré à la présidentielle de cette fin d’année et Pierre Lumbi, coordonnateur du G7 et vice-président d’ « Ensemble pour le changement », plateforme électorale qui porte la candidature de Katumbi Chapwe. Félix Tshisekedi, président du Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement, qui nourrit également des ambitions pour la présidence de l’UDPS, est aussi dans le viseur de la MP.
KATUMBI, LE CANDIDAT GÊNANT
Ancien gouverneur de la riche province du Katanga, Moïse Katumbi est actuellement le mal aimé de la MP. Dans le camp présidentiel, on ne cache plus l’animosité envers celui qui était pourtant adulé et présenté comme un modèle de gestionnaire de l’Etat.
Candidat déclaré à la présidentielle de décembre 2018, Katumbi fait l’objet d’attaques ciblées de la part de la MP. Affaire de mercenaires, spoliation d’immeuble et enfin remise en cause de sa nationalité congolaise, la liste n’est pas exhaustive.
Katumbi donne véritablement des insomnies à la MP. L’on ne sait pas quelle autre affaire celle-ci va inventer ou réchauffer dans les prochains jours afin de le disqualifier de la prochaine présidentielle. Illustration : les médias, les mass medias et autres canaux, sont inondés d’affirmations aussi grotesques qu’invraisemblables sur la nationalité étrangère de Moïse Katumbi. Et pourtant, personne ne lui dénie le fait qu’il a été élu député provincial, député national avant de diriger la province du Katanga à l’issue d’un scrutin gagné haut la main.
Question : comment son dossier de candidature a-t-il pu être retenu par la centrale électorale, laquelle est censée maitriser la loi ou les lois du pays ? Raison pour laquelle les siens parlent d’un faux débat dans la mesure où ses racines comme membre du royaume des Bayeke sont incontestables. L’on pourrait épiloguer longuement sur les témoignages attestant que Moïse Katumbi a une nationalité congolaise d’origine. De même, faux est le débat engagé sur l’acquisition d’une autre nationalité que celle congolaise.
Cela dans la mesure où nombreux sont les acteurs politiques congolais, toutes tendances confondues, qui sont dans cet escarcelle. A-t-on oublié si tôt pour quelle raison Vital Kamerhe, alors président de l’Assemblée nationale, avait proposé un moratoire de trois mois pour que les concernés se mettent en ordre ? A ceux qui vocifèrent dans les médias, il est rappelé que ce moratoire n’a jamais été levé ! C’est tout dire.
Comme dans une fiction à rebondissement, le procureur général de la République (PGR), Flory Kabange Numbi, vient de réactiver l’épineux dossier de mercenaires alors que l’Américain Darryl Lewis, considéré comme principal acteur dans cette scabreuse affaire, a été relaxé en juin 2016.
Mal en a pris à la MP car, dans sa requête adressée à la Cour suprême de justice, le PGR ne traite pas Moïse Katumbi comme un sujet étranger. A signaler en passant que d’aucuns voient dans cette démarche un vice de procédure dans la saisine de la Haute cour. Si le PGR reconnait l’ancien gouverneur du Katanga comme Congolais – ce qui devrait clore la polémique autour de sa nationalité – la « requête aux fins de fixation d’audience » lancée contre Katumbi est un nouveau rebondissement dans la détermination de la MP à bloquer la voie à la présidentielle pour le chef de file d’« Ensemble pour le changement ».
Selon la requête du PGR, Moïse Katumbi est accusé d’« avoir à Lubumbashi […], sans préjudice de date précise mais au courant de la période allant de l’année 2014 à l’année 2016, période non couverte par la prescription de l’action publique, levé ou fait lever des troupes armées, engagé ou enrôlé, fait engager, enrôler des soldats et leur avoir fourni des armes et munitions sans ordre ni autorisation du gouvernement ».
En réalité, le pouvoir en place à Kinshasa n’est pas prêt à lâcher l’adversaire politique qui lui donne du tournis. On ne le dira jamais assez : Moïse Katumbi fait peur. Aussi la MP a-t-elle juré d’utiliser tous les moyens à sa disposition pour l’empêcher de concourir à la présidentielle de décembre 2018.
Pierre Lumbi et Félix Tshisekedi également dans le viseur de la MP
En dehors de Moïse Katumbi, Pierre Lumbi se trouve également dans le viseur de la MP. Ancien conseiller spécial du chef de l’Etat en matière de sécurité, Pierre Lumbi s’est rangé dans l’Opposition où il coordonne les actions de G7, plateforme du Rassop formée par les sept anciens partis de la MP. Depuis le 12 mars 2018 – date de création d’« Ensemble pour le changement », Pierre Lumbi a acquis le statut de vice-président du mouvement électoral qui porte la candidature de Moïse Katumbi.
Père fondateur du MSR (Mouvement social pour le renouveau), Pierre Lumbi s’est vu dépouiller de la paternité du MSR, au terme de la dernière séance plénière extraordinaire du CNSA (Conseil national de suivi et d’évaluation de l’accord du 31 décembre 2018).
A l’instar de Moïse Katumbi, la MP ne porte pas dans son cœur Pierre Lumbi. Par le CNSA interposé, elle a réussi à ravir le MSR, en reconnaissant l’aile dissidente placée sous la direction du député Rubota.
Félix Tshisekedi, président du Rassop, n’échappe pas non plus à la guillotine brandie par la MP. Après le débauchage, d’abord de Samy Badibanga et, ensuite, de Bruno Tshibala, considéré jadis comme un proche d’Etienne Tshisekedi, la MP poursuit son plan de déstabilisation de l’UDPS. Et Félix Tshisekedi, qui nourrit des ambitions d’accéder à la présidence de l’UDPS, est parmi les cibles idéales de la MP. Le dédoublement de l’UDPS s’inscrit dans ce cadre.
Sur la toile, un CV attribué à Félix Tshisekedi est commenté dans tous les sens. Comme toujours, la MP n’est pas loin de ce coup fourré. En effet, après le décès en février 2017 de son père, Félix Tshisekedi s’est confirmé comme le potentiel candidat à sa succession. D’ailleurs, il ne cache sa volonté de présider aux destinées du premier parti d’opposition en RDC. Et dans la MP, l’ascension de Félix Tshisekedi n’est pas bien perçue.
Le débauchage de Bruno Tshibala n’ayant pas produit les effets escomptés, la MP lorgne sur une autre piste – l’essentiel étant de discréditer Félix Tshisekedi dans l’opinion en remettant en cause ses capacités intellectuelles.
LA MP BROUILLE LES CARTES
Les membres de la MP reçu par le Président Kabila lors de consultations en vue de finaliser les Accords particuliers de la Cenco, le 04 avril 2017 (© Présidence)
Autrement dit, à neuf mois des élections de décembre 2018, la MP souffle le chaud et le froid.
D’un côté, le camp présidentiel continue à clamer sa volonté de faciliter le jeu électoral, de l’autre, il excelle dans les combines pour disqualifier ses adversaires politiques. Peut-on dès lors s’attendre à des élections apaisées en décembre 2018 ? Ce n’est pas évident.
Déjà, le week-end dernier, André-Alain Atundu a donné la preuve de la détermination du président Kabila à marquer de son empreinte le processus électoral.
Dans la MP, on ne jure que par Joseph Kabila. Alors qu’en principe, le chef de l’Etat est constitutionnellement écarté de la course à la prochaine présidentielle. Mais, dans la MP, l’ombre du président Kabila plane à tout point de vue. Au sein de la MP, le président Kabila passe pour le maitre à jouer. En réalité, rien ne se fait ou ne peut se faire sans lui.
Quant à la question de celui qui portera les couleurs de la MP à la présidentielle de décembre 2018, le camp présidentiel continue à entretenir le mystère. En réalité, la MP ne s’imagine pas organiser de scrutins sans Kabila. Des élections apaisées ne rentrent pas non plus dans son agenda.
Le doute revient sur la tenue effective de ces scrutins attendus par tous. Quant à la MP, elle reste accrochée à la hantise d’écarter par tous les subterfuges tous les adversaires qui pourraient bien gêner son plan. Moïse Katumbi, Pierre Lumbi et Félix Tshisekedi sont les plus visés.
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