Sport
Une des plus belles carrières de l’histoire du football, faite de gestes insensés, de courses, de dribbles et d’un sourire constant, s’est officiellement terminée.
Ronaldo d’Assis Moreira, dit Ronaldinho Gaucho au Brésil et simplement Ronaldinho dans le reste du monde, a officiellement mis un terme à sa carrière professionnelle.
Son frère Roberto Assis a annoncé mardi au journal O Globo que le crack mettait un terme à sa carrière à 37 ans, mais cela faisait des années qu'il n'était plus que l'ombre de lui même.
"Sa carrière professionnelle est terminée. Il veut désormais être un ambassadeur du football, aider les œuvres caritatives et travailler avec ses amis dans la musique."
Passes aveugles, passements de jambe et coups francs sous le mur: Ronaldinho, c'est toute la magie du football brésilien résumée en quelques gestes, mais aussi les dents du bonheur d'un éternel sourire qui respire la joie de vivre et les nuits de folie.
Ballon d'or 2005, Coupe du monde en 2002 avec le Brésil, Ligue des Champions en 2006 avec Barcelone, Copa Libertadores 2013 avec Atlético Mineiro: avec son numéro 10 sur le dos, Ronaldinho a soulevé tous les trophées dont un joueur peut rêver.
Jogo bonito
Né le 21 mars 1980 à Porto Alegre (sud), Ronaldo de Assis Moreira dribble tout ce qui bouge dès sa plus tendre enfance, en commençant par les chiens du quartier populaire de Vila Nova, où il a grandi.
Ronaldinho fait ses débuts professionnels en 1998 au Gremio, un des deux grands clubs de la ville, quelques jours avant ses 18 ans.
On l'appelle "Gaucho", nom donné aux habitants du sud du Brésil, pour ne pas le confondre avec l'attaquant star Ronaldo, surnommé Ronaldinho au début de sa carrière.
À peine un an plus tard, il est convoqué pour la première fois en équipe nationale. Et c'est sous le maillot jaune de la Seleçao qu'il explose littéralement, grâce à une action insensée, le 30 juin 1999, lors d'un match de Copa América contre le Venezuela.
Ce milieu offensif de génie restera avant tout le symbole du "jogo bonito", qui prend du plaisir et en procure aux supporters.
"Dieu a été bon avec moi, il m'a permis de vivre du football. J'aimais ce que je faisais (...) et j'ai la satisfaction de m'être amusé tout en amusant les autres", a-t-il déclaré dans un entretien au magazine So Foot, en juillet dernier.
Toutes ses étapes – au Gremio Porto Alegre, au Paris-SG (2001-2003), au FC Barcelone (2003-2008), au Milan AC (2008-2011), à Flamengo (2011-2012) et à l’Atletico Mineiro (2012-2014) – ont été marquées par des récompenses individuelles et des trophées collectifs, des courses fulgurantes depuis la ligne de touche gauche et des gestes incroyables. Et chacun de ses clubs lui a rendu hommage après l’annonce de la fin de sa carrière.
Ronaldinho a soulevé tous les trophées dont un joueur peut rêver. (© AFP/Luis Gene)
Applaudi debout au Bernabeu
Les plus grands clubs européens se l'arrachent et c'est le Paris SG qui finit par rafler la mise, en 2001, à l'issue d'un transfert controversé.
Des deux années passés dans le championnat de France, on retiendra quelques buts d'anthologie, notamment contre le grand rival Olympique de Marseille.
Mais son passage dans la ville lumière est surtout marqué par la frustration de ne pas l'avoir vu s'exprimer à hauteur de son immense talent. À l'époque, il écume les nuits parisiennes et part au clash avec l'entraîneur Luis Fernandez, qui le laisse une bonne partie de sa seconde saison sur le banc.
En 2002, Ronaldinho entre dans une autre dimension avec le titre de champion du monde au Japon et en Corée du Sud, au sein du trio des "3 R" avec Ronaldo et Rivaldo. Son coup franc légendaire qui a lobé le gardien anglais David Seaman en quarts de finale contre l'Angleterre reste un des ses chefs-d'oeuvre.
Mais c'est au FC Barcelone (2003-2005) qu'il sera au sommet de son art. Après deux saisons passées dans un championnat trop étriqué pour son talent, Ronaldinho s’envole pour l’Espagne et le grand Barça. C’est sur cette pelouse qu’il vit le zénith de sa carrière : 207 matchs, 94 buts, 61 passes décisives, deux victoires en Liga, deux Supercoupes, une Ligue des champions (2006), un Ballon d’or (2005), deux récompenses du joueur FIFA de l’année (2004 et 2005).
Parfois accusé de "choisir ses matches", il brille particulièrement contre le Real Madrid, au point d'être applaudi debout par tout le stade Santiago Bernabeu en novembre 2005, après avoir inscrit deux splendides buts lors d'une victoire 3-0 du Barça lors du clasico.
Déclin précoce
Ronaldinho avec le maillot de Flamengo (2011-2012).
Mais sa carrière commence à entrer dans le déclin après le titre de la Ligue des Champions de 2006.
Quelques semaines plus tard, il déçoit lors de la Coupe du Monde en Allemagne et ne retrouvera jamais son meilleur niveau.
Le Milan AC (2008-2010) n’était pas encore le crépuscule, mais presque. Une victoire en Serie A en 2010-2011, la dernière d’un club qui ne soit pas la Juventus depuis, et quelques gestes extraterrestres restent des beaux souvenirs pour les rossoneri qui ont salué "l’homme qui a enchanté San Siro et tous les fans de football".
Ronaldinho retourne au pays, à Flamengo (2011-2012), club le plus populaire du Brésil, frustrant les supporters de Gremio, où il est encore aujourd'hui persona non grata. Mais le retour au pays fut aussi un triomphe. Quand Ronaldinho arrive à l’Atletico Mineiro, c’est la définition du club du ventre mou du championnat. Il les portera jusqu’à la deuxième place du classement en 2012, et l’année d’après sur le toit de l’Amérique latine en remportant la Copa Libertadores, en 2013, une sorte de chant du cygne pour un joueur d'exception à la fin de carrière bien en deçà de son immense talent.
En 2013, Ronaldinho portera l'Atletico Mineiro sur le toit de l’Amérique latine en remportant la Copa Libertadores.
Après quelques piges au club mexicain de Queretaro et au Fluminense, il range les crampons, laissant aux supporters la nostalgie du temps où football rimait avec bonheur.
La Fédération brésilienne a salué "cette star qui a tant brillé avec le maillot jaune. Merci pour toute la magie, Ronaldinho." Un de ses plus beaux tours était ce lob sur David Seaman lors de la Coupe du monde 2002. Ce sera la seule que Ronnie remportera, après avoir joué 101 matchs et marqués 35 buts pour son pays.
En l’honneur du désormais ex-footballeur de 37 ans, Roberto Assis promet une tournée d’adieux mondiale "après la Coupe du monde en Russie, probablement en août". "Nous ferons plusieurs tournois au Brésil, en Europe et en Asie et, bien sûr, nous regardons pour disputer un match avec une sélection du Brésil", a-t-il confié à la chaîne Globo.
Si les contours et les dates de la tournée de Ronnie restent flous, Assis a déjà laissé entendre que "Nike participera à l’élaboration du projet" et que le fait que son frère soit déjà un ambassadeur pour le FC Barcelone facilitera sa conception.
Le palmarès de Ronaldinho
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