Provinces
L’ONG Médecins sans Frontières (MSF) tire la sonnette d’alarme: la situation humanitaire, très difficile dans l’est de l’ex-Katanga, est en train de se compliquer encore avec l’alliance de différents groupes armés de cette région et du Sud-Kivu voisin. « Il y a de moins en moins d’espace pour le travail humanitaire à cause du pillage et de l’insécurité et cela a des conséquences directe sur la santé des habitants », a indiqué à La Libre Afrique.be une responsable de MSF, de retour de la République démocratique du Congo (RDC).
Laurence Gaubert est responsable adjointe des programmes pour MSF. A son retour d’une visite de terrain en RDC, elle a accordé un entretien à La Libre Afrique.be, pour lancer l’alerte sur l’aggravation de la situation à l’est du Congo. Au centre de ses préoccupations: le conflit entre pygmées et bantous au Tanganyika (province issue du démembrement de l’ex-Katanga, en 2015; chef-lieu: Kalemie) qui a provoqué d’importants déplacements de populations, touchant, selon les estimations, quelque 500.000 personnes, « surtout à l’intérieur du Tanganyika », précise Mme Gaubert, « mais également au Haut-Katanga », au sud, « et au Kasaï », à l’ouest, deux provinces voisines du Tanganyika.
Pas pu rentrer chez eux
« Quand nous sommes arrivés dans le Tanganyika, en mars dernier, on estimait que 250.000 déplacés vivaient dans la province, chez l’habitant, dans des écoles ou des marchés, ou sur la colline », explique la responsable MSF. « Beaucoup de gens ont, depuis lors, quitté les sites de regroupement – qui ne sont pas des camps et ne sont pas aménagés pour recevoir des habitants – et il n’y aurait plus qu’environ 80.000 personnes dans ces sites aujourd’hui. Mais il n’est pas sûr que ceux qui sont partis soient rentrés chez eux. Beaucoup de familles sont en effet bloquées en brousse à cause de l’insécurité ».
Cette dernière a augmenté « depuis plusieurs semaines », à la suite de la hausse du nombre de groupes armés, indique Laurence Gaubert. « Il y a eu des alliances de groupes impliqués dans les violences » entre pygmées et bantous au Tanganyika « avec des groupes armés du Sud-Kivu », appelés « Maï Maï » et qui mélangent revendications politiques et grand banditisme, ou se contentent de vivre sur l’habitant.
« Beaucoup de gens se sont armés et le banditisme s’est accru. L’axe entre Kalemie et le Sud-Kivu, au nord, et celui vers le Kasaï, à l’ouest, sont devenus très dangereux », ajoute Mme Gaubert. « Cela fait penser à ce qui se passe au Nord-Kivu », avec une explosion du nombre de groupes armés et une dérive vers le grand banditisme, à partir d’un conflit politique non résolu. La responsable MSF craint que cette évolution, « qui fait tache d’huile », implique prochainement le Kasaï, pas encore débarrassé des violences liées à la rébellion Kamina Nsapu. « C’est tout l’est du Congo qui est déstabilisé », souligne-t-elle.
Pillage des postes de santé
« Il y a de moins en moins d’espace pour le travail humanitaire à cause du pillage et de l’insécurité et cela a des conséquences directes sur la santé des habitants », poursuit Laurence Gaubert. « Le système sanitaire du Congo, qui était déjà structurellement fragile, est encore affaibli parce que des centres de santé ont été détruits pas parce qu’ils étaient visés, comme au Kasaï, mais parce que de nombreux villages ont été brûlés dans le conflit » pygmées/bantous.
Or, qu’il s’agisse des déplacés restés dans les sites de regroupement ou de ceux bloqués en brousse, des milliers de personnes sont « privées d’eau potable » et n’ont pas de logement, en pleine saison des pluies.
« Les autorités du Tanganyika nous avaient interdit, jusqu’il y a une semaine, de distribuer du matériel pour aider les déplacés parce qu’elles ne voulaient pas qu’ils s’installent. Mais ils ne peuvent pas rentrer chez eux, faute de sécurité suffisante; et cela fait des mois que cela dure. Nous avons donc insisté pour pouvoir distribuer du matériel – et vacciner, car il y a la rougeole et, comme dans d’autres régions du Congo, une énorme épidémie de choléra. Depuis une semaine, MSF a reçu la permission de distribuer 1600 kits comprenant des bâches, des moustiquaires, du savon et des ustensiles de cuisine », indispensables à la survie.
Mais MSF peine devant l’ampleur de la tâche dans un pays longtemps négligé. « Nous sommes très seuls », pour venir en aide aux populations, dit Mme Gaubert. Alors que le conflit pygmées/bantous n’est pas terminé.
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