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Somalie : l'attentat le plus meurtrier d'un conflit qui n'en finit pas

2017-10-19
19.10.2017 , Mogadiscio, Somalie
2017-10-19
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http://www.mediacongo.net/dpics/filesmanager/actualite/2017-actu/10-octobre/16-22/somalie_attentat_17_0001.jpg Mogadiscio, Somalie-

Un soldat somalien sur le site de l'attentat au camion piégé, le 15 octobre 2017, à Mogadiscio

La population somalienne subit régulièrement des attentats, le plus souvent revendiqués par les shebabs. Le gouvernement ne parvient pas à réduire l'emprise du groupe djihadiste.

En hommage aux victimes de l'attentat de samedi, à Mogadiscio, la tour Eiffel s'est éteinte une heure lundi soir. Jamais un véhicule piégé n'avait fait autant de morts en Somalie, pays en proie à une guerre civile depuis 1991. Le dernier bilan faisait état de 276 morts et 300 blessés. Seuls l'Irak, en 2007 (plus de 400 morts) et en 2016 (323 morts), et le Liban (double attentat du 23 octobre 1983, 299 morts) ont connu des bilans plus meurtriers pour ce type d'attaque. 

Rien ne semble enrayer le cycle de violences entamé par l'effondrement de l'État somalien au début de la décennie 1990. Mogadiscio est le théâtre régulier d'attentats sanglants revendiqués par les shebabs. Cette organisation, affiliée à Al-Qaïda, s'est imposée comme la principale force d'opposition islamiste depuis que l'Union des tribunaux islamiques a été chassée de Mogadiscio en 2006 par des troupes éthiopiennes - troupes relayées ensuite par les forces de l'Union africaine (Amisom). 

"Au début, les shebabs faisaient des attentats contre tous ceux qui interagissaient avec le gouvernement et ses soutiens, explique Roland Marchal, chercheur au CERI de Sciences Po*. Après 2012, ils se sont concentrés sur des cibles d'officiels ou d'étrangers, mais ils n'attaquent plus par exemple la petite vendeuse de thé aux soldats".

Un gouvernement incapable

L'attentat de samedi est-il l'oeuvre des shebabs ? Il n'était pas encore revendiqué ce mardi. S'il est survenu dans un quartier commerçant très animé, les premiers éléments d'enquête laissent penser que la cible pourrait ne pas avoir été, à l'origine, la population civile. L'explosion d'une voiture piégée, deux heures après la première, faisant deux morts, fait penser qu'il pourrait s'agir d'une opération typique des shebabs qui aurait pris un tour non prévu. 

Mogadiscio comporte de nombreux check-points et les shebabs ont en effet l'habitude d'ouvrir la voie à un véhicule bourré d'explosif par un premier attentat à la voiture piégée. L'objectif est en général une cible officielle, administrative, gouvernementale ou étrangère. "Ce ne serait pas la première fois qu'une telle explosion est provoquée, pour ne pas donner la victoire d'une capture au gouvernement, estime Roland Marchal. Il est même arrivé aux shebabs de s'excuser pour des dommages collatéraux, en ajoutant que les victimes allaient directement au paradis". 

Des shebabs, le 21 octobre 2010, à Mogadiscio.
Des shebabs, le 21 octobre 2010, à Mogadiscio.

Le terrible attentat de samedi rappelle la situation de faiblesse dans laquelle se trouvent les autorités, en particulier le président Mohamed Abdulli Mohamed, dit "Farmajo", élu en février dernier. Contrairement à ce qu'il prétend, la situation est loin de s'améliorer en Somalie. La veille de l'attentat, il a dû faire face à la double démission de son ministre de la Défense et de son chef d'une armée nationale qui ne résisterait pas aux attaques des shebabs sans aide extérieure. 

"Depuis son élection, Formajo a dit qu'il allait constituer une armée nationale, discuter avec les shebabs et les battre. Ceux-ci répondent par des attentats, notamment à chaque fois que le gouvernement revendique une victoire", constate Roland Marchal. 

S'ils ont perdu le contrôle de plusieurs villes dans le sud de la Somalie, les shebabs restent actifs et maintiennent leur emprise sur suffisamment de territoires pour mener des attaques régulières dans la capitale. "Les shebabs sont aussi une organisation de guérilla. Certaines attaques contre des camps militaires leur ont permis de récupérer de l'armement pour faire des bombes, indique Roland Marchal. L'Amisom [22 000 hommes dans le pays, appelés à se retirer bientôt] ne contrôle pas, la nuit, toutes les cités où elle se trouve. Et dans les zones rurales, il y a soit les shebabs, soit personne".

Les shebabs "régulent les problèmes"

Dans les zones qu'ils contrôlent, les shebabs proposent des services que le gouvernement, perfusé par l'aide internationale, inefficace et corrompu, n'est plus en mesure de rendre. "Contrairement à Boko Haram, les shebabs n'empêchent pas les écoles de fonctionner et ils régulent les problèmes. Sur les questions foncières, leurs tribunaux, que la population reconnaît comme non corrompus, rendent des jugements", précise Roland Marchal.  

Alors que Bill Clinton avait progressivement désengagé les États-Unis après le fiasco de l'intervention de 1993, Barack Obama a lancé une campagne de Somalie sur le modèle des interventions en Syrie ou en Libye, avec du soutien logistique - des frappes aériennes - et de la formation au sol. Mais cette politique menée depuis plusieurs années se révèle incapable d'enrayer le phénomène islamiste. 

"Les dommages collatéraux des forces spéciales facilitent les recrutements par les shebabs, estime Marchal. On ne fait que donner des armes et former des soldats, mais personne ne veut s'attaquer aux problèmes politiques".

S'il est le plus meurtrier jamais perpétré dans le pays, l'attentat de samedi ne devrait pas être le dernier. 

Clément Daniez
L'Express
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