Economie
La Fibank, First International Bank, a été dissoute en fin de semaine dernière par la Banque centrale du Congo, qui annonce plus tard sa reprise par Afriland First Bank/RDC. De quoi s’interroger sur le sort de la Banque internationale pour l’Afrique au Congo (BIAC), l’autre banque à problèmes de la RDC dont la liquidation/dissolution est toujours en cours...
D’une procédure de liquidation forcée à une dissolution de la First International Bank RDC, le pas a été très vite franchi en fin de semaine dernière par Déogratias Mutombo Mwana Nyembo, le gouverneur de la Banque centrale du Congo (BCC), qui, dans un avis daté du 8 juin 2017, faisait état de la première option, désignant le cabinet Elie Ngomo Tongbo Bangaye comme liquidateur.
Et de demander aux actionnaires, administrateurs, déposants et toute personne disposant à un titre quelconque d’un droit sur les fonds ou avoirs conservés ou détenus par la banque, de faire valoir leurs créances dans un délai de 60 jours francs pour les résidents, et 120 jours pour les non-résidents.
Ce n’est qu’au lendemain, vendredi 9 juin, que le gouverneur va annoncer une « meilleure solution » selon lui, celle de la dissolution. Surtout que la banque est tout de suite reprise par une autre, explique-t-il, Afriland First Bank RDC, qui « présente des bases solides ».
En effet, selon ses explications, les actionnaires de la Fibank n’ont été capables ni d’apporter des capitaux frais, ni d’ouvrir le capital social de leur banque mise sous tutelle depuis déjà 18 mois à d’autres investisseurs. Ainsi, ses activités devront donc reprendre ce lundi sous la direction d’Afriland First Bank, qui en a pris le contrôle total.
Pour rappel, la Fibank est dirigée depuis décembre 2015 par un comité provisoire nommé par la BCC, comité dirigé depuis lors par Alphonse Guy Ramazani. Son équipe avait pour mission d’assurer une bonne gestion courante de la banque et surtout d’élaborer un plan de redressement de cet établissement bancaire.
La banque traversait, en effet, une situation délicate, et ne disposait plus suffisamment de fonds propres devant lui permettre d’être à l’abri en cas de choc. Cette opération « Liquidation-Transfert » est la première du genre dans le secteur bancaire du pays.
Quid de la BIAC ?
Dès le mois d'avril 2016, de nombreux clients, croyant la fatalité de la banque imminente, ont retiré leurs dépôts. (© John Bompengo/J.A.)
Egalement gérée par un comité provisoire, la Banque internationale pour l’Afrique au Congo (Biac) est hantée par le même sort, tel qu’annoncé en novembre 2016 par le gouverneur. « Nous sommes actuellement en discussion avec la Biac et la Fibank à qui nous avons octroyé des licences. Une banque chinoise pour prendre la Biac et une banque congolaise pour la Fibank », avait-il précisé.
Pour sa part, cette banque, l’une des mieux implantées en RDC, vit depuis 2012, une situation délicate, actée par une plainte déposée fin mai 2016 contre l’ex. direction et les actionnaires par le gouverneur.
En effet, la banque mise sous surveillance de la banque centrale depuis lors, souffre de plusieurs maux énumérés dans un rapport d’audit daté de février 2016. On y note, entre autres, que « le conseil d’administration est resté muet devant les investissements décidés par les propriétaires dans la province du Katanga et ailleurs sans ressources y afférentes en dehors des dépôts de la clientèle et du refinancement dont dépend l’exploitation de la banque ».
Par ailleurs, « le portefeuille-crédits demeure caractérisé par une frange importante des créances à risque dépassant les limites généralement tolérées soit plus de 51% contre 3% admis par les saines pratiques », selon le rapport dit provisoire sur la revue générale des activités de la Banque, exercice 2012, 2013, 2014 et juillet 2015.
L’Etat aussi en a eu pour son compte : près de 30 millions de dollars de créances douteuses, le tout couronné par de mauvais payeurs publics à l’instar de la société congolaise des postes et télécommunication et la police nationale, cités par le rapport.
La crise qui secoue le milieu bancaire en RDC est symptomatique d’une singularité congolaise. Sur les 18 banques que compte le pays, quatre sont familiales. La Biac, donc, mais aussi la Banque commerciale du Congo, détenue par les Belges Forrest ; Rawbank, appartenant aux Rawji (également propriétaires du leader local de la grande distribution, Beltexco) ; et Trust Merchant Bank, contrôlé par les Levy. « Il y a cinq ans, ces familles détenaient 80% des activités bancaires en RD Congo, nous explique un acteur du secteur. Avec l’arrivée de groupes comme Afriland First Bank, Ecobank ou Bank of Africa, cette part est tombée à 50%. Ce qui reste énorme et problématique car, pour recapitaliser ces banques, leurs propriétaires ont des moyens limités.
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La BIAC qui est placée sous administration provisoire le 30 mai 2016 continue son feuilleton entre dissolution et la liquidation.