Politique
D’où, l’activation de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba en février au niveau de la CIRGL (Conférence internationale sur la région des Grands Lacs) et l’adoption de la Résolution 2098 en mars au Conseil de sécurité de l’ONU, suivies de la mise en place d’une Brigade d’intervention des Nations-Unies chargée de neutraliser toutes les forces négatives, y compris le M23.
Le facilitateur Kiyonga devrait prendre acte
A présent que ce mouvement rebelle a été vaincu militairement par les FARDC sur le champ de bataille, les observateurs pensent que Kampala, où les négociations se trouvent suspendues entre les délégués de Kinshasa et ceux du colonel Sultani Makenga, est devenu une coquille vide. En toute logique, le projet d’accord controversé entre les deux parties n’a plus sa raison d’être. En principe, le facilitateur ougandais Crispus Kiyonga devrait prendre acte de la déroute militaire du M23 et en tirer toutes les conséquences, à commencer par la clôture sans suite du dossier des négociations. Faute d’interlocuteurs pouvant revendiquer le contrôle d’un quelconque territoire congolais ou la défense des intérêts d’une quelconque minorité ethnique, les délégués du gouvernement devraient boucler leurs valises et rentrer à Kinshasa.
La solution militaire a finalement triomphé et mis fin aux requêtes de Sultani Makenga et consorts portant sur l’amnistie générale à ses membres, l’intégration et la réintégration de ses combattants au sein des FARDC, le rapatriement des rebelles des FDLR (Forces démocratiques pour la libération du Rwanda) dans leur pays d’origine. Vidé de son contenu, le cahier des charges du M23 devrait normalement être versé dans les archives de la République, pour les besoins de l’histoire.
Pas d’agenda caché ?
Si la communauté internationale n’a pas d’agenda caché, elle devrait s’empresser de tourner la page des négociations de Kampala, pour se focaliser sur la consolidation de la victoire militaire des FARDC sur une force négative qu’elle avait décidé elle-même d’éradiquer, à travers sa Brigade d’intervention, en synergie avec les Casques bleus de la Monusco (Mission des Nations-Unies pour la stabilisation du Congo). Elle devrait aider aussi les Congolais à tourner la page d’un mouvement rebelle qui rêvait d’ériger, dans les limites du territoire de Rutshuru, en attendant d’aller au-delà, un Etat autonome à l’intérieur des frontières de la RDC.
Au cas où une quelconque invitation partirait de l’ONU, de l’Union européenne, de l’Union africaine, de la CIRGL ou de la SADC pour demander encore au gouvernement congolais de rentrer autour de la table des négociations à Kampala, pour conclure un nouvel accord avec le M23, les Congolais seraient en droit de croire que la communauté internationale entretiendrait un agenda caché au sujet de véritables enjeux de l’occupation d’une partie de leur territoire nationale par une rébellion instrumentalisée par le Rwanda. Ils pourraient du coup douter de toutes les déclarations de bonnes intentions onusiennes allant dans le sens du respect de l’intégrité territoriale et de la souveraineté nationale de la RDC, de la recherche d’une paix durable au Nord-Kivu, de la dénonciation des soutiens du Rwanda et de l’Ouganda au M23, de la condamnation des pillages des ressources naturelles congolaises et des exactions de ce mouvement rebelle sur les populations civiles, etc.
Le peuple congolais pourrait tout accepter, sauf faire marche arrière pour permettre à cette force négative de rebondir et de recommencer à lui faire mal.
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