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Les Etats-Unis désormais isolés sur la scène internationale après leur retrait de l'accord de Paris sur le climat, l'UE et la Chine se sont aussitôt affichées comme les nouveaux porteurs de flambeau de la diplomatie climatique.
Les réactions ont fusé des quatre coins de la planète - dans la sphère politique mais aussi économique - entre stupeur, colère et effarement, mais aussi détermination à poursuivre l'effort collectif promis à Paris.
Le président russe Vladimir Poutine s'est toutefois refusé à "condamner" son homologue américain, plaidant pour un "travail en commun" avec les Etats-Unis.
Dès l'ouverture d'un sommet entre l'UE et la Chine ce vendredi matin 2 juin 2017 à Bruxelles, le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker a dessiné les contours d'un nouveau moteur pour la "diplomatie climat".
"Notre partenariat aujourd'hui est plus important que jamais", a assuré M. Juncker. Et la lutte contre le changement climatique, "plus importante aujourd'hui qu'hier", a lancé le chef de l'exécutif européen en guise d'introduction.
Aux côtés de la Chine, l'engagement des Etats-Unis de Barack Obama avaient largement participé à la réussite de l'accord de Paris, signé en décembre 2015 par plus de 190 pays et qui vise à contenir la hausse de la température moyenne mondiale "bien en deçà" de 2°C par rapport à l'ère pré-industrielle.
Le retrait américain de cet accord pourrait, "dans le pire des scénarios", se traduire par une augmentation supplémentaire de 0,3 degré de la température du globe au cours du 21ème siècle, a estimé ce vendredi 2 juin 2017 l'ONU.
Washington, deuxième émetteur mondial de gaz à effet de serre après la Chine, se retrouve désormais isolé dans le dossier climatique : seuls la Syrie et le Nicaragua n'avaient pas rejoint la coalition mondiale.
L'UE s'est dite prête à porter le flambeau, "à montrer la voie", selon l'expression du commissaire européen à l'Action pour le climat et négociateur à Paris, Miguel Arias Canete.
La Chine de son côté est prête à "chérir le résultat chèrement gagné" à Paris, et à prendre des mesures concrètes pour permettre la mise en oeuvre de l'accord.
Une déclaration conjointe de l'UE et de la Chine était attendue en ce sens. Une conférence de presse commune prévue à la mi-journée a pris du retard.
Selon un projet de déclaration commune rédigé avant même le retrait officiel américain, et que l'AFP a pu consulter, les deux parties s'apprêtent à "confirmer leurs engagements" pris à Paris et à "accélérer leur coopération pour améliorer la mise en oeuvre" de l'accord.
Autre puissance asiatique, l'Inde a appelé au respect de l'accord de Paris.
Pour Geneviève Pons, de l'ONG de défense de l'environnement WWF, la décision américaine "est une invitation à d'autres pays pour intensifier leur coopération, voir plus grand et être plus téméraire pour s'attaquer au changement climatique".
Plus déterminés que jamais
Jeudi, après avoir longtemps entretenu le suspense, Donald Trump a annoncé que "l'heure (était) venue" pour son pays de quitter l'accord de Paris, depuis les jardins de la Maison Blanche, dans un long discours - parfois confus.
Affichant sa volonté de négocier un "nouvel accord" ou de renégocier l'accord existant, Donald Trump, élu sur la promesse de "L'Amérique d'abord", est resté extrêmement évasif sur les engagements que les Etats-Unis seraient prêts à prendre.
La réponse des Européens, tranchante, ne s'est pas fait attendre: s'ils "regrettent" cette décision, Berlin, Paris et Rome ont souligné, dans un communiqué commun, que l'accord ne pouvait en aucun cas être renégocié.
Un traité international "engage un pays, pas un parti" politique, a vertement réagi Miguel Arias Canete, pour qui les Etats-Unis n'ont pas tiré les leçons de Kyoto, précédent accord sur le climat auquel ils n'avaient pas participé.
Les Nations Unies, qui chapeautent l'accord, ont fait part de leur "grande déception".
La chancelière allemande Angela Merkel affirmé être "plus déterminée que jamais" à agir pour le climat après la claque infligée par Donald Trump.
"On ne peut pas arrêter l'action concernant le climat", pas plus que le changement climatique est indéniable, a souligné de son côté le secrétaire général des Nations-Unies Antonio Gutteres.
En opposition au président américain qui affiche sa volonté de soutenir les énergies fossiles au nom de la défense de l'emploi, les Européens, mais aussi le Brésil ou la Nouvelle-Zélande, ont réitéré que la transition énergétique est un facteur de croissance.
Le président français Emmanuel Macron a même appelé les scientifiques, ingénieurs et entrepreneurs américains à venir travailler en France sur "des solutions concrètes" pour le climat. "Make our planet great again", a-t-il lancé en anglais, dans une paraphrase du slogan de Donald Trump ("Make America great again" -rendre sa grandeur à l'Amérique-).
Revers pour le leadership américain
La décision de jeudi va au-delà de la question climatique. Elle donne une indication sur le rôle que les Etats-Unis sous la direction de Donald Trump entendent jouer sur la scène internationale dans les années à venir.
Aux Etats-Unis, de nombreuses figures du monde économique ont fait part de leur déception, et ont insisté sur l'urgence d'agir face au réchauffement.
Elon Musk, par exemple, le très médiatique PDG du constructeur de voitures électriques Tesla et ardent défenseur des énergies renouvelables, a immédiatement quitté les différents cénacles de grands patrons conseillant Donald Trump, suivi par le PDG de Disney. "Quitter Paris n'est pas bon pour l'Amérique et le monde", a tweeté Elon Musk.
De New York à la Californie, plusieurs dizaines de villes et d'Etats américains ont immédiatement organisé la résistance, promettant qu'au niveau local l'Amérique continuerait d'avancer vers une économie verte.
Barack Obama a amèrement regretté l'arbitrage de son successeur, mais gardait espoir que "nos Etats, villes et entreprises seront à la hauteur et en feront encore plus pour protéger notre planète pour les générations futures".
L'objectif des Etats-Unis, fixé par l'administration Obama, était une réduction de 26% à 28% de leurs émissions de gaz à effet de serre d'ici 2025 par rapport à 2005.
Donald Trump devrait invoquer l'article 28 de l'accord de Paris, qui permet aux signataires d'en sortir. En raison de la procédure prévue, le retrait ne deviendra effectif qu'en 2020. Cependant, a pris soin de préciser M. Trump, les Etats-Unis cessent "dès aujourd'hui" son application.
Au-delà de la secousse que représente cette annonce, l'inquiétude est réelle concernant les financements, tant pour la Convention climat de l'ONU (23% du budget apportés par les Américains) et l'aide internationale aux pays les plus pauvres, à l'instar du Fonds vert.
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(g à d) Le président du Conseil européen Donald Tusk, le Premier ministre chinois Li Keqiang et le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker à Bruxelles, le 2 juin 2017