Provinces
C’est l’épilogue de son passage à Kananga. Il y était depuis mardi. Et, il n’aura pas dit un seul mot à la population,certes. A la place, le Président Kabila a consulté les têtes couronnées de ce coin du Congo-Kinshasa. Dès ce vendredi 2 mai 2017, sauf imprévu, il devra fouler le sol de Mbuji-Mayi, chef-lieu de la province du Kasaï Oriental. Où, surement, des doléances fleuves et propositions l’attendent.
Heureusement qu’il a toujours eu l’oreille pour écouter. Le cap de Mbuji-Mayi est crucial. Pourquoi ? Parce que c’est notamment de ce coté du Grand Kasaï que des miliciens dits de Kamuina Nsapu se refusent de déposer les armes, malgré l’accord trouvé entre le Gouvernement et la famille de ce chef, par l’entremise du VPM Ramazani Shadary.
Ainsi, la présence de Joseph Kabila constituera-t-elle un signal plus que fort. Au Grand Kasaï depuis maintenant une poignée de jours, l’opinion tant nationale qu’internationale continue de se poser des questions sur ce que va décider et annoncer le Président du Congo-Kinshasa face au dossier Kamuina Nsapu qui, à présent, intéresse plus d’un. Ce, de New York à La Haye, en passant par Washington, Bruxelles et ailleurs. Toutefois, jusque-là, seule la patience est conseillée. Car, Kabila continue son voyage et consulte toujours.
L’arrivée du Président Joseph Kabila à Kananga, capitale de la province du Kasaï-Central, le 30 mai 2017. (@Presidence, Twitter)
Le périple en plus de ne pas être de tout repos, sera à plus d’un titre remarqué tellement il s’avère comme l’ultime acte de la pièce que peut constituer le dossier Kamuina Nsapu au Kasaï. Depuis la mort de Jean-Pierre Mpandi, ex-chef coutumier de Bajila Kasanga, mieux connu sous le nom Kamuina Nsapu, bien de choses se sont passés dans l’espace Kasaï à travers les affrontements qui ont opposé les forces de l’ordre aux miliciens.
Plus de 20.000 réfugiés externes en Angola, des milliers de refugiés internes, d’innombrables foyers brisés, des fosses communes trouvées, massacres à Mwanza Lomba et ailleurs, assassinat des experts de l’ONU, risque d’exclusion des zones rouges des Kasaï dans le processus électoral etc. Voilà des brûlants sujets qui dressent le tableau combien sombre de la situation dans cette partie du pays.
Joseph Kabila à l'écoute des couches sociales
Le Président Kabila poursuit les consultations dans le Kasaï. (@Presidence, Twitter)
Quelle sera l’orientation que va prendre Joseph Kabila pour trouver des réponses à toutes ces lancinantes préoccupations ? Ces dernières, faut-il le dire, au-delà des légitimes inquiétudes congolo-congolaises attirent les regards de la communauté internationale. C’est certainement fort de tous ces enjeux que Joseph Kabila se réserve jusque-là de prendre des options par un oral ou des actes concrets. Conformément à ce silence qui le caractérise, il écoute.
A Kananga, il a reçu quasiment tous ceux qui avaient des choses à lui dire. Des représentants du pouvoir législatif et exécutif, de la société civile et spécifiquement des confessions religieuses sont passés vider leurs sacs. Les notabilités, les chefs coutumiers de différents territoires ainsi que la jeunesse Kanangaise n’ont pas aussi manqué à l’appel.
Lors d’une rencontre à huis clos, des chefs coutumier l’ont prié de mettre fin à la guerre, mais aussi de lancer le processus « d’enrôlement des électeurs » dans les provinces du Kasaï, réputées acquises à l’opposition. Comme pour réclamer des élections malgré la guerre.
Des sources bien informées ont rapporté que le leitmotiv de Joseph Kabila aura été d’écouter tout le monde sur les causes et conséquences du phénomène terroriste Kamwina Nsapu en vue de prendre des mesures draconiennes pour instaurer la paix de manière définitive au Grand Kasaï.
A Mbuji-Mayi, où Ngoyi Kasanji, le premier à dévoiler la nouvelle de la venue du Raïs compte bien l’accueillir, rien n’indique que le Président Kabila puisse s’éloigner de cette ligne. Plus d’une fois, avant de prendre des orientations majeures, Joseph Kabila a toujours tendu l’oreille, alertent des analystes.
A en croire Emmanuel Ramazani Shadary, le Vice-premier Ministre, Ministre de l’Intérieur et Sécurité, le président Joseph Kabila fait sa tournée dans l’espace Kasaï en vue de consolider la paix et réconforter moralement la population meurtrie par les atrocités de la milice Kamwina Nsapu.
Des observateurs espèrent que ce passage puisse donner le coup de grâce aux miliciens toujours actifs. Mais, pour y parvenir, le Président Kabila devra résoudre les multiples équations qui entourent la nébuleuse de ces milices. Et, ce faisant, répondre aux préoccupations qui vont avec. Il y va de sa responsabilité.
Miliciens de Kamuina Nsapu paradant à Kananga lors d'une cérémonie de réconciliation, le 19 mars 2017.
De nombreuses attentes des populations
Le Chef de l'Etat à Kananga en juillet 2016. (@ Christian Momat, Twitter)
Le Chef de l'Etat congolais a, il est vrai, donné de nouvelles orientations pour la relance de l'économie et le renforcement de la sécurité. Mais selon Arthur Padinganyi, le président de l'Association congolaise des droits de l'homme, la société civile du Kasaï a d'autres priorités qu'elle adresse à Joseph Kabila:
" Nous voudrions qu'il puisse retirer l'ordonnance qui met le Kasaï central sous le secteur opérationnel, tout en souhaitant que les militaires puissent rester en place. Puisqu'ils sont appelés de tous leurs vœux par les populations des contrées attaqués par les miliciens dans les coins où ils sont encore actifs.
Le Kasaï a été exclu du processus électoral. Nous attendons aussi qu'avec sa présence, nous puissions être remis dans le processus électoral, que les opérations d'enrôlement dans Kasaï central soient également effectifs à l'instar de toutes les autres provinces qui étaient restés "
Lors de son adresse à la nation, le 5 avril dernier, le président Joseph Kabila avait annoncé la création d'un secteur opérationnel dans le Kasaï, des mesures d'exception pour restaurer la sécurité et l'autorité de l'Etat dans cette partie du pays.
Pour les opérateurs économiques, le tissu économique provincial est étouffé par l’insécurité. Ils s’engagent à sensibiliser la population sur l’importance de la paix dans la recherche du développement.
« Avec tout ce qu’on a connu dans la province, la situation économique s’est dégradée davantage. Nous avons parlé avec le chef de l’Etat qui nous a dit que la pauvreté ne peut pas justifier cette barbarie. Parce que la pauvreté est partout. Cette pauvreté ne peut pas justifier la décapitation des gens. Au niveau des opérateurs économiques, nous sensibilisons la population pour qu’elle abandonne ce mouvement. Parce que sans la paix, on ne peut rien faire », conseille Jean Assaka Tchiombe, président provincial de la FEC.
Selon l’ONU, ces violences qui impliquent miliciens, soldats et policiers ont fait plus de 400 morts et causé le déplacement de 1,27 million de personnes. Une quarantaine de fosses communes ont été découvertes par les experts des Nations unies, dont deux d’entre eux ont été assassinés en mars. L’ONU a dénoncé les atrocités pratiquées par les miliciens ainsi que l’usage disproportionné de la force par les policiers et les militaires congolais. L’armée a de son côté déclaré à la mi-mai que plus de 500 personnes avaient été tuées depuis fin mars dans les opérations du Kasaï.
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