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Emmanuel Macron : l'ascension fulgurante d'un homme pressé

2017-05-08
08.05.2017
2017-05-08
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Emmanuel Macron lors d'un meeting à Bercy, le 17 avril 2017. (© Geoffroy Van Der Hasselt/AFP

Encore inconnu des Français il y a peu, Emmanuel Macron, 39 ans, a conquis l'Élysée au terme de sa toute première campagne électorale, affichant d'emblée, dès dimanche soir, sa volonté de « se battre contre les divisions » et porter « le changement ».

« Nous ne céderons rien à la peur, nous ne céderons rien à la division », a assuré celui qui devient le plus jeune président de l'histoire de France, avec plus de 65% des voix face à la candidate d'extrême droite Marine Le Pen, après avoir écarté les grands partis traditionnels au premier tour.

« Ce que nous avons fait depuis tant et tant de mois n'a ni précédent ni équivalent, tout le monde nous disait que c'était impossible », a dit celui qui s'est lancé dans la course présidentielle sans n’avoir jamais été élu et avec un mouvement créé de toutes pièces en avril 2016.

Macron l'ascension en marche

Toujours tiré à quatre épingles, ce fils de médecins aux yeux bleus et à la mèche bien peignée est entré discrètement sur la scène politique en 2012 comme conseiller économique du président socialiste François Hollande.

Il devient ministre de l'Économie deux ans plus tard, puis démissionne en août dernier en disant avoir retenu une leçon majeure, « le dysfonctionnement » du système politique, avant d'annoncer dans la foulée sa candidature à la présidentielle, suscitant une certaine condescendance dans le monde politique.

Le flou de son programme, son inexpérience des rendez-vous électoraux, sa campagne sans parti structuré, passent alors pour des obstacles infranchissables.

Mais celui qui se définit comme « progressiste » sait profiter des primaires de droite puis de gauche qui ont désigné des candidats laissant une marge de manoeuvre au centre à son jeune mouvement « En marche! ».

Les déboires judiciaires du candidat de la droite François Fillon lui permettent de rejoindre le peloton des favoris, puis de consolider au fil des mois une base électorale longtemps fragile et enfin de sortir en tête du premier tour, le 23 avril, avec 24,01% des voix.

« Macron a eu l'intuition, précisément parce qu'il était extérieur à la vie politique traditionnelle, que les partis de gouvernement (...) étaient, pour reprendre un vieux mot, usés, fatigués, vieillis », a confié François Hollande à son sujet.

Surfant sur le désir de renouvellement politique des Français, le jeune ministre fonde « En Marche! » -ou EM comme ses initiales- avec un mode d'organisation type « start-up » qu'il affectionne. Les adhésions affluent, jusqu'à dépasser 300.000 adhérents, et les soutiens de tous bords lui donnent de l'épaisseur.

Présidentielle: Emmanuel Macron en meeting le 7 janvier à la Grande Halle d'Auvergne (© Maxppp/Thibaud Moritz)

Ses rassemblements attirent les foules, l'omniprésence de son épouse Brigitte, son ancienne professeure de français de vingt-quatre ans son aînée, fait couler beaucoup d'encre. Émue aux larmes, elle l'a rejoint dimanche soir sous les ovations de milliers de partisans réunis dans la cour du Louvre, où il avait fait une entrée solennelle très scénarisée au son de l'hymne européen.

Son projet est d'inspiration sociale-libérale. Son coeur de cible: les classes moyennes, qu'il juge « oubliées » par la droite et la gauche.

Son discours transpartisan, libéral économiquement et sur les questions de société, plaît surtout aux jeunes urbains et aux milieux d'affaires. L'extrême droite et l'extrême gauche le dépeignent avec virulence comme le porte-voix des gagnants de la mondialisation.

Face aux attaques de Marine Le Pen lors du débat télévisé houleux de l'entre-deux-tours, ce philosophe de formation qui fut un élève brillant des plus grandes écoles françaises a montré sang-froid et pugnacité. Il rend coup pour coup et se pose en défenseur de « l'esprit de conquête français » face à son « esprit de défaite ».

Le face-à-face Marine Le Pen Emmanuel Macron lors du debat du second tour (© TF1)

Ses détracteurs voient en lui un « illusionniste », dénoncent son programme « composite », son positionnement jugé trop proche des milieux économiques, en lui reprochant son passé de banquier, qu'il assume pleinement et qui lui a valu le surnom de « Mozart de la Finance ».

Au premier tour, plus de 40% de ses électeurs affirmaient l'avoir choisi par défaut. Les appels à faire barrage à l'extrême droite ont alimenté les votes en sa faveur, mais ceux qui renvoyaient dos-à-dos son projet jugé trop libéral et le nationalisme de Marine Le Pen ont alimenté l'abstention au second tour, à environ 25%, soit un record depuis 1969.

« Je sais les divisions de notre nation, qui ont conduit certains à des votes extrêmes », a-t-il assuré dimanche soir en promettant « d'apaiser les peurs », de « renouer avec l'optimisme », au terme d'une campagne qui a mis en lumière une France profondément divisée entre gagnants et perdants de la mondialisation.


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