Monde
Battue dimanche par le centriste pro-européen Emmanuel Macron, la patronne de l’extrême droite française Marine Le Pen n’est pas parvenue à conquérir la présidence de la République mais a réussi à inscrire son parti dans le paysage politique.
Nettement battue par Emmanuel Macron au second tour de l’élection présidentielle, dimanche 7 mai, Marine Le Pen se décrit désormais comme la cheffe de l'opposition et entend bien mener son parti lors des élections législatives des 11 et 18 juin 2017.
Quinze ans après l’échec de son père Jean-Marie Le Pen, la candidate du Front National (FN), 48 ans, a recueilli moins de 35% des voix (contre plus de 65% à son rival) selon les premières estimations. Elle comptait bien, pourtant, bénéficier de la vague populiste qui a conduit les Britanniques à voter pour le Brexit et les Américains à élire Donald Trump.
Mais son score inédit, qui témoigne de la poussée nationaliste en Europe, montre qu’elle a réussi à faire du FN, hostile à l’UE et à l’immigration, un parti « comme les autres ».
Mais il y a défaite et défaite. Perdre d’un cheveu à cause d’un détail ou être sévèrement battu en raison d’une stratégie vouée à l’échec n’entraîne pas les mêmes conséquences. Marine Le Pen va sans doute le découvrir très bientôt. Car son score de 34 à 35%, plus faible qu'espéré (sa nièce espérait atteindre la barre des 40%), au second tour de l'élection présidentielle, dimanche 7 mai, pourrait à la fois affaiblir son leadership et mettre à mal sa stratégie "patriotes" contre "mondialistes".
Les deux sont en effet en cause dans cette défaite. Marine Le Pen a certes réussi à se qualifier pour le second tour en battant le record de voix jamais obtenu par son parti (près de 7,9 millions de voix au premier tour), elle n’est pas arrivée en tête au premier tour comme de nombreux sondages le prédisaient pourtant.
D’autre part, avec environ 11 millions de voix au second tour, selon les premières projections, ce peu de voix qu’elle est parvenue à rassembler démontre son incapacité à attirer massivement des électeurs en dehors de son cercle de partisans. Ce faible gain constitue d’ailleurs la preuve qu’il existe bel et bien un plafond de verre au niveau national, et en particulier dans les grandes villes où se concentrent la majorité des électeurs.
Marine Le Pen a eu beau débarrasser le FN des éléments les plus extrémistes, elle reste assimilée, qu’elle le veuille ou non, à l’extrême droite. Elle a eu beau remiser son père aux archives et tenter d'invisibiliser son nom, elle conserve ce patronyme qui reste épidermique pour plusieurs générations.
A la tête de la campagne législative du FN
Par ailleurs, son refus de se revendiquer clairement de droite, au grand désarroi de sa nièce Marion Maréchal-Le Pen, constitue également un frein à tout projet d’alliance avec une partie des Républicains, avec qui pourtant il existe une certaine proximité idéologique, mise à mal par le positionnement du FN sur l'euro et l'Union européenne. Enfin, sa prestation lors du débat d’entre-deux-tours a montré sa difficulté, pour ne pas dire son incapacité, à endosser la stature présidentielle.
Toutes ses raisons font du rendez-vous des élections législatives, les 11 et 18 juin prochains, un incontournable pour la patronne du Front national. Un rendez-vous qu'elle a confirmé vouloir mener, lors de son discours de défaite : "Je serai à la tête du combat des législatives afin de rassembler plus largement encore ceux qui veulent défendre la France. Le Front national doit lui aussi se renouveler pour être à la hauteur de l'attente des Français."
Tout autre résultat qu'une victoire personnelle aux législatives, dans la 11e circonscription du Pas-de-Calais (où elle avait déjà échoué en 2012), et une hausse substantielle du nombre de députés frontistes, conduiront certainement quelques cadres du FN à remettre en cause son leadership. Car dans la perspective où le FN devrait pouvoir constituer un groupe parlementaire (il faut 15 députés pour cela), Marine Le Pen ne peut pas se permettre d’être absente à l’Assemblée nationale lors du prochain quinquennat. Sinon à laisser Marion Maréchal-Le Pen devenir le visage parlementaire de l’opposition.
Une « transformation profonde » du Front national
Elle a également indiqué qu’elle entendait « proposer d’engager une transformation profonde » du Front national, « afin de constituer une nouvelle force politique que de nombreux Français appellent de leurs vœux ».
« Le Front national, qui s’est engagé dans une stratégie d’alliances, doit se renouveler profondément afin d’être à la hauteur (…) des attentes des Français », a estimé la candidate FN devant ses partisans à Paris. Quasiment au même moment, le numéro 2 du parti, Florian Philippot, indiquait sur le plateau de TF1 que le parti « va se transformer en une nouvelle force politique qui, par définition, n’aura plus le même nom ».
Suivez le discours de Marine Le Pen après sa défaite au 2ème tour de la présidentielle :
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Marine Le Pen battue au second tour de la présidentielle, le 7 mai 2017. (© Michel Spingler/AP/SIPA)