Politique
Moustache broussailleuse, barbe rasée. Lorsqu'il quitte son estrade pour s'avancer vers le pupitre, Joseph Kabila fait face à 430 députés sur les 500 que compte le Parlement et à 78 sénateurs sur les 108 du pays. La salle est comble, animée par moment par les chants et les danses des souteneurs du camp présidentiel qui tranchent avec la solennité de l'événement soulignée par Aubin Minaku qui présidait la séance.
Le président congolais a déploré une situation économique particulièrement difficile de ce pays de 80 millions d'habitants. Il a rappelé la « fragilité des fondamentaux de notre tissu économique tourné vers le secteur tertiaire et marqué par l'importation des biens de première nécessité et l'exportation des matières premières, source principale du financement de notre mais dont nous ne contrôlons pas les prix ». Il propose à la place un soutien de l'Etat « au secteur privé productif en soutenant les PME, notamment celles engagés dans l'agro-industrie ». Et Joseph Kabila de conclure : « Il faut produire ce que nous consommons »
La situation dans les Kasaï (central et oriental) a occupé un pan du discours présidentiel. Joseph Kabila y dénonce des « actes de barbarie inacceptables [qui] ont été commis : profanation des édifices publics, des lieux des cultes, des morts enregistrés dont deux experts de l'ONU ». Le chef de l'Etat congolais loue la réaction des forces de sécurité non sans faire référence aux milices Kamwina Nsapu, accusée d'avoir perpétré l'assassinat des deux experts onusiens. Il a aussi rappelé les sept militaires arrêtés pour le massacre au Kasaï central où l'armée tente de mater la rébellion de la milice.
Face à cette situation sécuritaire, le président congolais plaide pour un rétablissement de l'autorité de l'Etat « par tous les moyens légaux ». Dans l'attente des enquêtes ouvertes par la hiérarchie militaire et par le gouvernement, « je lance un appel au calme dans le Kasaï Central et j'invite les jeunes engagés dans des aventures sans lendemain à déposer les armes et à cesser leurs aventures criminelles », exhorte Joseph Kabila.
Pour fermer cette parenthèse, Joseph Kabila a réclamé, « Pour toutes les personnes qui ont perdu leurs vies et pour le président de l'UDPS, Etienne Tshisekedi, je vous invite à observer une minute de silence ».
C'est la seule annonce forte du discours à la Nation. Trois mois après la signature de l'accord de la Saint-Sylvestre et le constat d'échec de la médiation des évêques de la Cenco, Joseph Kabila a fait sauter un des verrous du blocage de l'accord politique. Il a annoncé la nomination sous 48 heures d'un Premier ministre.
Les noms qui circulent pour prendre la succession de Samy Badibanga ? Bruno Tshibala, porte-parole et membre du conseil de sages, de même que Valentin Mubake, un cadre de l'UDPS), Felix Tshisekedi, tous issus du Rassemblement d'opposition sont les candidats les plus sérieux. En embuscade, Raphaël Katebe, le frère de Moïse Katumbi ou encore Roger Lumbala, fondateur du Rassemblement des Congolais démocrates et nationalistes. Ce dernier, originaire du Kasaï semble avoir la préférence présidentielle.
Cette annonce de Kabila est perçue par les observateurs comme un coup de pression sur l'opposition « radicale » qui veut engager l'épreuve de force avec des manifestations prévues du 10 au 24 avril en complément de la journée « villes mortes » du 03 avril. Un coup de pression qui a finalement porté ses fruits puisque le Rassemblement devrait rencontrer le président pour discuter de la question de la nomination du Premier ministre. Mais le temps presse...
Le discours de Joseph Kabila laisse en suspens plusieurs questions importantes. Sur la question de la nomination du président du Conseil national de suivi de l'accord (CNSA), le chef de l'Etat congolais renvoie la balle dans le camp de l'opposition. Il demande à la classe politique de poursuivre les discussions pour trouver une personnalité consensuelle qui devrait prendre la succession d'Etienne Tshisekedi.
La mise sur pied de ce conseil est pourtant primordiale pour établir le calendrier qui devrait conduire à l'organisation des élections d'ici la fin de l'année 2017 (au plus tard en décembre). Le président joue ici sur les dissensions de l'opposition entre ceux qui veulent remettre le poste à l'UDPS de Tshisekedi et ceux qui veulent remettre en jeu le poste après la mort du leader.
« L'objectif poursuivi en organisant le dialogue reste et est l'organisation des élections » a pourtant rappelé Joseph Kabila indiquant que les élections seront maintenues à date échue sans préciser le calendrier. Joseph Kabila a encore joué sa carte maîtresse : le temps !
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