Economie
Le patron du groupe algérien Cevital, 10e fortune d'Afrique, lance un projet de chemin de fer géant. Objectif : faire de l'Afrique la locomotive mondiale.
De l'appétit, il en a... L'homme d'affaires algérien à la tête du groupe Cevital vient de lancer un méga-projet de réseau févoriaire transafricain. Selon lui, « c'est le moment où jamais pour l'Afrique de devenir la locomotive de la croissance ». « L'Afrique a plusieurs défis : la sécurité alimentaire, les infrastructures, l'électrification, l'eau… Mais si je dois les classer par priorité, c'est le désenclavement de beaucoup de pays africains. Pour y arriver, le meilleur moyen, c'est le chemin de fer », s'enthousiasmait-il à l'Africa CEO Forum, ce 20 mars à Genève.
Pourquoi sa parole compte-t-elle ? Issad Rebrab fait partie des dix hommes les plus riches d'Afrique, avec une fortune évaluée dans le dernier classement Forbes à 3,1 milliards de dollars (2,7 milliards d'euros). Le groupe Cevital réalise 50 % de son chiffre d'affaires à l'international et vise 25 milliards de dollars de revenus d'ici à 2025. C'est donc un patron qui compte.
Issad Rebrab a été élu PDG africain de l'année par le "Africa CEO Forum" en 2015.
Quel est son projet ?
Sur quoi fonde-t-il son projet ? D'abord, sur des données chiffrées de la démographie africaine. En 2050, la population devrait augmenter de 570 millions de personnes pour atteindre 2,5 milliards d'habitants.
« Nombre de pays du centre de l'Afrique subsaharienne sont totalement enclavés sans pouvoir produire pour exporter leurs ressources et matières premières, et ainsi équilibrer leur balance commerciale », d'où l'enjeu majeur d'accélérer la circulation des biens et marchandises et, en bout de chaîne, de faciliter l'accès aux infrastructures portuaires.
Pour ce faire, il envisage deux lignes continentales: la première relierait l'Afrique du Sud, via la Zambie, à la Méditerranée et la seconde, Djibouti à l'Atlantique.
Sa vision de l'Afrique
Il veut doter l'Afrique d'une « colonne vertébrale ferroviaire » qui la traverserait de la Zambie aux ports de l'Algérie. Pour lui, « le rail serait le catalyseur de toutes les énergies économiques du continent ». Il voit à travers ce maillage les retombées pour l'Afrique dans le « développement agricole et industriel alors que de nombreuses terres sont encore à l'abandon », la possibilité de « réduire les coûts de logistique trop lourds aujourd'hui », de « créer des emplois » et d'« assurer une croissance durable équilibrante pour tous ces pays ».
Dans ce futur tracé, Rebrab veut intégrer des pays comme la Zambie, riche en mines de cuivre, la RD Congo, deuxième réserve de minerais au monde. « Le chemin de fer traverserait la ceinture industrielle et agricole du Tchad au sud avant de se diriger vers le nord de la République centrafricaine » pour se terminer en Algérie, un hub par excellence selon l'homme d'affaires. « Une porte d'entrée et de sortie qui garantirait l'accès des marchandises à partir de trois pôles portuaires, des zones économiques et industrielles canaliseraient l'exportation. »
L’#Afrique a besoin d’un grand projet d'infrastructures, transformateur pour accélérer son intégration. - IR #ACF17 pic.twitter.com/Zkbpng7MFE
— Issad Rebrab (@IssadRebrab) 21 mars 2017
L'Afrique comptait 5,5 km de rail pour 10.000 habitants dans les années 1960. Aujourd'hui, ce ratio est retombé à 3,8 km pour 10.000 habitants. En comparaison, en France, on compte 150 km de rail pour 10.000 habitants, d'où l'urgence, selon lui, d'agir vite. Il veut susciter une mobilisation digne de ce qui a été fait au moment de la construction du canal de Suez.
Comment le financer ?
Pour y parvenir, il compte mobiliser une task force mais aussi les responsables politiques et économiques. Et le patron du premier groupe privé d'Algérie sait combien la volonté politique est l'une des clés du succès d'un tel projet.
Ce projet pharaonique aura un coût initial de 15 milliards d'euros, selon une estimation pas encore définitive donnée par Issad Rebrab. Globalement, il a expliqué qu'il y avait « environ 9.000 km de la Zambie à Alger, soit un investissement d'environ 9 milliards d'euros, augmentés du coût de quelques tunnels, rapidement amortissable ». D'après l'homme d'affaires, trouver les financements ne devrait pas poser problème.
Et de citer des potentiels partenaires financiers comme la Banque africaine de développement (BAD) mais aussi les institutions internationales comme la Banque mondiale, Eximbank aux États-Unis, l'Export-Import Bank of China et les fonds souverains. Plus qu'un projet, un véritable plaidoyer du milliardaire algérien qui veut décidément peser dans la construction de l'Afrique de demain.
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Issad Rebrab est à la tête de Cevital, premier groupe privé algérien. (© Bougherbal Ammar Redouane)