Musique
Résolument rumba, le premier album du chanteur congolais vibre surtout au rythme de l'Afrique.
Sa conquête de l'Afrique n'en finit plus. Après avoir signé pour trois albums avec Obouo Music, le label de David Monsoh, Héritier Watanabe a conclu une collaboration de cinq ans avec Because Music, l'un des principaux labels indépendants de musique en France. Producteur de l'artiste Christine and the Queens, entre autres. Alors qui se cache derrière cette voix cristalline destinée à un grand avenir ? Il se confie au Point Afrique.
Nouvelle pépite de la musique africaine
Cela faisait très longtemps qu'on n'avait pas autant attendu la sortie d'un album de rumba congolaise. Chose promise, chose due, Héritier Watanabe, 34 ans, vient rompre cette attente avec son tout premier album : Carrière d'honneur (Retirada). Un titre certes un peu pompeux, fidèle à la tradition congolaise, et qui lance définitivement la carrière de cet artiste talentueux bien connu du public congolais. Mais, à part cela, Héritier ne fait rien comme les autres artistes de rumba. C'est même le contre-exemple de ce qu'on a connu jusqu'à présent dans le show-biz congolais. On est donc assez surpris au premier abord : pas d'artifices bling-bling, pas de frasques, pas un mot plus haut que l'autre. Son corps mince, son visage d'adolescent et son sourire forcent d'emblée la sympathie. Son humeur positive est même contagieuse en cette matinée d'interviews, alors qu'il vient d'enchaîner une grosse semaine de promo. Et depuis la sortie de l'album, c'est un franc succès, dans toute l'Afrique, et bien au-delà. Inespéré dans cette période charnière pour la musique, avec notamment la rumba congolaise en perte de vitesse depuis dix ans. Héritier Watanabe se propulse en première place des hits dès la sortie du premier titre « B.M » sorti en septembre 2016. En 2017, l'artiste compte bien surfer sur les autres titres qui sortent un à un, passant d'un style à l'autre. Kuduro-house, afrobeat, RNB, rumba bien sûr, mais aussi pop. L'artiste est un touche-à-tout.
Calme et posé, après plusieurs reprises d'enregistrement de la vidéo et coaché par son coproducteur, Mamadou Coulibaly, l'artiste commence à dérouler son parcours. « Carrière d'honneur (Retirada) est plus qu'un titre, c'est un résumé de mon parcours. Retirada, c'est en espagnol et ça veut dire retiré. C'est une nouvelle carrière qui commence pour moi, une nouvelle vie, où je deviens aussi chef d'orchestre et responsable d'un groupe », explique-t-il. L'artiste, qui s'est retiré du groupe du chanteur Werrason, veut démontrer qu'on peut faire de la musique made in Congo autrement. Il y a quelque chose d'assez noble dans sa manière d'expliquer sa musique. Héritier pourrait se vanter d'avoir été le premier chanteur à donner un concert complet au club Romeo Golf, donc en dehors d'un bar dans la capitale, le 24 avril 2015. Et ce, avant même d'avoir sorti le moindre titre. Mais il ne le fait pas. Il préfère chercher les mots justes pour expliquer son cheminement artistique et sa conception de la musique.
Un jeune prodige du chant
Héritier Watanabe est avant tout un jeune prodige du chant. Il commence de manière classique dans la chorale de l'église de son quartier à Kinshasa. Là-bas, on chante dans les orchestres, lors de shows, où on peut très vite être repéré. C'est ce qui arrive au jeune Héritier, qui sera détecté lors d'une démonstration devant tout le gratin, comme JB Mpiana, Werrason ou encore Fally Ipupa. Et c'est le jackpot, Werrason est saisi par son talent et veut l'embaucher dans son groupe... JB Mpiana aussi, mais chez les Watanabe, les études avant tout ! Werrason convainc alors la mère du jeune homme de l'engager en échange de la promesse qu'il n'arrêtera pas les études avant d'avoir eu son bac. Héritier n'a alors que quinze ans. Le groupe Wenge Musica Maison Mère du roi de la forêt, dit Werrason, le prend sous son aile dans son orchestre, où il chante sans être musicien, en gravissant les échelons, pour devenir chef d'orchestre, c'est-à-dire, chef du groupe. À ce titre il peut faire des solos, une étape déterminante dans la carrière d'un artiste au Congo. Son diplôme en commerce et informatique en poche, il a pu se consacrer entièrement à la musique. De cette période, Héritier Watanabe garde de très bons souvenirs et exprime beaucoup de respect pour le chanteur de rumba qui l'a lancé.
Mais Héritier voit déjà plus loin, son talent ne cesse de s'affirmer, et les éloges sur sa personnalité renforcent ses ambitions musicales. « Contrairement à d'autres artistes congolais qui évoluent essentiellement dans la rumba, moi, j'ai voulu ouvrir l'horizon. Toucher d'autres sphères musicales. La mixité m'importe beaucoup », confie-t-il. Mais rien ne s'est fait du jour au lendemain. C'est après dix-sept ans de carrière chez Werrason qu'Héritier quitte le groupe pour se lancer en solo. Il a tout de suite été approché par David Monsoh, un producteur ivoirien reconnu sur tout le continent, particulièrement en RD Congo, où il a détecté et produit Koffi Olomidé dans les années 80, et plus récemment Fally Ipupa.
Un artiste résolument panafricain
Héritier Watanabe, dernier coup d'éclat de David Monsoh, préfère insister sur son attachement aux autres musiques africaines, en plein essor : la naija music, le coupé-décalé ivoirien, le kuduro. « Il ne faut pas perdre de temps sur la rumba, il faut, à mon sens, voir plus grand », avance-t-il, « quand je vois des artistes comme le Sénégalais Waly Seck, qui vient de faire le Bercy à Paris, je me dis que je ne peux pas passer à côté », explique-t-il, avant de détailler : « Dans notre duo, je chante en wolof et un dialecte de Guinée, et lui [Waly Seck] en lingala. Pour moi, c'est important de me faire comprendre par tout le monde. » Avec son producteur, il s'entoure des meilleurs compositeurs du moment, comme Chris Wanted. On retrouve aussi un autre featuring avec l'artiste français Fababy, pour des tubes plus calibrés pour les clubs comme « Cala Boca » ou « Give Me ». « B.M », le premier titre accompagné d'un clip vidéo hyper-sensuel, atteint les 100 000 vues dès le premier jour de sa diffusion. Il a depuis dépassé le million. Les ventes de l'album atteignent en ce début janvier les 20 000 exemplaires, selon les producteurs. Ses inspirations ? L'amour, la foi, l'amitié, la reconnaissance, etc. Bien loin des clichés et des textes sulfureux des auteurs de rumba congolaise. On vous la fait courte : on l'adore !
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