Société
Les douze militants du mouvement citoyen Lutte pour le changement (Lucha) interpellés vendredi à Kinshasa alors qu'ils tentaient de déposer un mémorandum au siège de l'Union africaine (UA) dans la capitale de la République démocratique du Congo, ont été libérés après sept heures d'interrogatoires.
Les douze militants, dont au moins une femme, ont été interpellés à quelques mètres du bureau de l'UA puis embarqués dans une jeep de la police par près d'une vingtaine d'agents.
Quelques instants plus tôt, les militants avaient été bousculés et s'étaient vu arracher les affiches qu'ils tenaient, sur lesquelles on pouvait lire : "Nous voulons l'alternance le 19 décembre 2016" et "Nous contestons les accords issus du dialogue" politique en RDC.
"La police les a libérés", a déclaré à l'AFP le colonel Rombaut-Pierrot Mwana-Mputu, porte-parole de la police.
Lucha est un mouvement congolais de jeunes indignés né à Goma, capitale de la province du Nord-Kivu, dans l'Est de la RDC, qui se définit comme une organisation apolitique et non violente.
Lucha a confirmé la libération de ses membres
Remy Mukweso, un des douze militants interpellés, a déclaré à l'AFP avoir "été jeté dans le cachot de la police" après avoir exigé la présence de son avocat.
Selon M. Mukweso, l'interrogatoire a tourné autour de "l'incitation à la désobéissance civile", "l'outrage aux autorités publiques" et "le trouble à l'ordre public".
Dans leur mémorandum intitulé "L'Union africaine complice du coup d’État constitutionnel en République démocratique du Congo", adressé à la présidente de la Commission de l'UA, Lucha estime que le dialogue politique facilité par l'UA "n'a fait qu'aggraver l'impasse" politique.
Pour Lucha, l'accord signé mardi entre la majorité et une frange minoritaire de l'opposition reportant à avril 2018 la présidentielle qui aurait dû avoir lieu cette année, entérine "le maintien au pouvoir du président Joseph Kabila au-delà de son second et dernier mandat" et "viole" la Constitution.
La RDC traverse une crise politique depuis la réélection contestée de M. Kabila en 2011 à l'issue d'un scrutin marqué par des fraudes massives. Le chef de l’État est au pouvoir depuis 2001. Son mandat expire le 20 décembre et la Constitution lui interdit de se représenter.
"L'Union africaine va-t-elle jouer au sapeur-pompier après avoir contribué à mettre le feu aux poudres ? Le temps d'empêcher la RDC de sombrer dans le chaos c'est maintenant ou jamais, et vous en avez la grave responsabilité", écrit le mouvement.
Par ailleurs, lors d'une conférence de presse, une centaine de mouvements citoyens congolais (dont Lucha) et organisations de la société civile ont appelé "le peuple congolais à s'exprimer pacifiquement (dans) l'ensemble du pays" les 26 et 27 octobre devant les assemblées provinciales.
A Kinshasa, un sit-in est projeté devant le siège de l'UA à Kinshasa pour exiger le départ de M. Kabila du pouvoir le 20 décembre.
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Manifestation pacifique des militants de Lucha devant la représentation UA à Kinshasa, le vendredi 20 octobre 2016. (© Twitter)