Kinshasa : accrochages entre policiers et manifestants dans certains quartiers de la capitale

Kinshasa est emballée par des accrochages entre policiers et manifestants ce lundi 19 septembre 2016.

La colère est montée d'un cran suite a l'obstruction de la police de voir les militants du Rassemblement manifester dans la rue. Kingasani, Lingwala, Lemba, Matete, Bandal, Limete, Kasa-Vubu, etc. presque tous les quartiers sont sous l'emprise de la violence.

C'est depuis 7h que des coups de feu sont entendus du côté de la commune de Kalamu, principalement aux quartiers Kauka, Victoire, Matonge, Yolo-Nord et Yolo-Sud.

Des manifestants font face aux éléments de la police déployés en grand nombre pour sécuriser la marche du Rassemblement, du reste autorisée par le gouverneur de la ville de Kinshasa, André Kimbuta.

Pas un seul véhicule sur la route. Même des motos sont brûlées, des bus et taxis-bus saccagés. La police use de tirs de sommation et grenades lacrymogènes, en vain. Face à une foule innombrable, elle se voit obligée de rebrousser chemin. Et la foule avance.

Sur l'avenue Kimwenza, au croisement avec Bongolo, quelques habitants de Yolo-Nord défient des policiers sur le lieu, en leur jetant des pierres. Plus loin, vers Yolo-Sud, une grosse fumée s'y dégage.

Pour l'instant, la population se dirige, sous des coups de feu, vers la place de l'Échangeur pour faire jonction avec les manifestants venus de Masina, N'djili, Kimbanseke, Matete et Lemba, en vue de débuter la marche.

Un mort à Mombele

Un habitant de Mombele joint au téléphone nous a prevenu le matin: "Si l'on n'y prend garde, la situation risque de dégénérer terriblement au quartier Mombele, commune de Limete". Quelques heures plus tard, c'est une vague de violences sans pareil.

En effet, un jeune homme d'une vingtaine d'années a été abattu par des policiers. Furieux, les habitants de ce quartier sont sortis en masse pour se faire justice et régler des comptes à ces agents de l'ordre. Du coup, ces derniers ont pris la poudre d'escampette.

A Bandal, signale-t-on, pas de circulation. Des jeunes ont brûlé des pneus pour barricader les avenues.

Limete : zone hautement militarisée

Selon des sources concordantes, la situation s'est vite dégénérée à Limete, fief du président du Rassemblement.

Devant le siège de l'UDPS, un véhicule brûlé. Des coups des feux et des balles réelles tiraient de partout.

En guise de représailles, le siège du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD), le parti présidentiel, a été saccagé.

Matonge : l'avenue Kasa-Vubu désertée et des pneus brûlés

Des manifestants ont brûlé des pneus sur l'avenue Kasa-Vubu et déferlé sur le boulevard triomphal vers le stade des Martyrs. Des chants hostiles au pouvoir sont entonnés à l'unisson. Devant le siège de l'Opeka, une organisation soutenant la mémoire de l'ancien président Kasa-Vubu, la population chante l'hymne national. Routes barricadées, magasins fermés, l'avenue est le miroir d'une ville morte.

A quelques mètres de là, la population en colère déracine les poteaux des caméras de surveillance installées au croisement Oshwe-Kasa-Vubu.

Les échos en provenance de N'Djili renseignent que le point de vente Bukanga-Lonzo au Marché de la liberté a été pillé. Des tirs nourris entendus. Une station service (entrée Kimbuta) située au quartier 1 à N'Djili a été incendiée, affirme un habitant du coin contacté dans la matinée ce lundi 19 septembre.

A Bandal, l'école Mme de Sévigné, appartenant au député Willy Bakonga, pillée. Des morts d'hommes sont enregistrées lors des échauffourées entre les forces armées et la population.

Des opposants violentés

Dans le lot des leaders de l'opposition agressés, Fayulu a été brutalisé par les forces de l'ordre. Visage tuméfié, suite aux coups de crosse reçus, il a été conduit a l'hôpital.

Quant au député Fabrice Puela, il a été grièvement blessé et acheminé dans un centre médical.

A Bandal

Il convient de noter que deux journalistes ont été mis aux arrêts : Dady Songhorozo (Ex. Rtg@) et John Kikendu de Tv5.

L'Ong Acaj qui a donné l'alerte, exige aussi leur libération.