Société
La ville de Kinshasa est en ébullition. La capitale vibre sous l’effet des réactions explosives des finalistes des humanités qui ont été surpris, hier mercredi 6 juillet, par la publication des résultats de la 50ème édition de l’examen d’Etat 2015-2016. A la cité comme au centre-ville, dans les principaux carrefours de la ville comme dans les quartiers résidentiels, l’annonce des résultats de cette session a suscité une liesse spontanée et générale, ponctuée de quelques cas de désolation.
"Nazwiii ! Nazwiii ! Nazwiii !", s’écrie en lingala Déborah M., 18 ans, sautant de joie au milieu d’une foule de curieux, agglutinés autour d’une jeune dame en gilet bleu, aux couleurs d’une société de télécommunication locale qui a, depuis quelques années, le privilège de publier en exclusivité les résultats de l’examen d’Etat en République démocratique du Congo.
"J’ai réussi ! "J’ai réussi ! J’entre enfin à l’université !", entonne, cette fois en francais, Virginie K., 19 ans, qui vient aussi de réaliser que ses efforts au cours de l’année scolaire 2015-2016 n’ont pas été vains. Entourée de ses amies et soeurs, comme bon nombre d’autres jeunes finalistes des humanités qui ont pris d’assaut le rond-point des Huileries, dans la commune de Lingwala, elle soupire enfin, après des minutes interminables d’attente de ses résultats dans une cabine téléphonique de la place.
Aussitôt après l’annonce de la nouvelle par un des jeunes agents ambulants de cette société de télécommunication, qui font les cent pas dans ce carrefour public, en qûete de clients, l’explosion de joie est rétentisante. Les bienheureux lauréats poussent soudain un cri strident ou rauque, selon qu’il s’agisse d’une fille ou d’un garcon. Aux cris de jubilation, succède un vacarme éblouissant de sifflets et de vuvuzela, associé à un tintamarre de klaxons de motos et de taxis qui rôdent dans les parages, en attendant leurs éventuels passagers.
SCENES DE JOIE
La scène se poursuit avec un jet de poudre sur la tête du lauréat ou de la lauréate qui se lance dans une course effrénée sur la voie publique, poursuivi (e) par ses proches. S’ensuivent alors des accolades et des embrassades. Certains de ces élèves sont même transportés sur le dos par leurs amis, au comble d’extase.
Bien généralement, ces finalistes ne tiennent pas à quitter de si tôt cette place publique avec leurs têtes poudrées, préférant plutôt passer des coups de fil pour annoncer la bonne nouvelle et attendre leurs condisciples dans ce lieu de ralliement pour fêter en groupe cet événement heureux.
Pas étonnant de voir la longue attente des résultats tourner au drame. Si certains finalistes se contentent de sauter sur place ou de parcourir la voie publique dans une ambiance débridée, d’autres s’évanouissent carrément à l’annonce de la nouvelle. Non pas seulement parce qu’ils n’ont pas réussi, mais aussi quand ils ne s’attendaient pas du tout à franchir la moyenne au bout de cette épreuve nationale, qui a pris fin il y a à peine une dizaine de jours.
DES RESULTATS ENCORE PARTIELS
Si, au rond-point Huileries, on a commencé à assister aux premières affluences à partir de 14 heures, il a fallu attendre près d’une heure plus tard pour assister à l’engouement autour du rond-point Victoire de Kalamu, principal carrefour de Kinshasa. "Pourtant, les résultats dans quasiment toutes les options (Latin-philo, biochimie, commerciale...) ont commencé à être publiés à partir de 13 heures", nous informe le tenant d’une cabine téléphonique à Lingwala.
"Ces résultats concernent tous les finalistes de Kinshasa d’abord, affirme-t-il. Les autres provinces devront encore attendre". "C’est faux !", rétorque un jeune journaliste de passage sur les lieux. "La publication des résultats de l'examen d’Etat ne concerne, jusque-là, que des candidats qui ont effectué leur épreuve de fin de cycle dans les écoles situées à Kinshasa centre, puisque les finalistes de la Tshangu (Kinshasa Est) ne sont pas encore au parfum de leurs côtes et se retrouvent pour le moment dans l’angoisse", soutient-il.
AFFLUENCE MONSTRE DANS LES CARREFOURS
L’alerte a retenti si puissamment, de bouche à oreille, qu’en moins de deux heures, le rond-point Victoire était déjà noir de monde. Des adolescents, venant des quatre coins de la ville, affluaient par centaine, sifflets sur les lèvres, vuvuzela d’une main et un flacon de poudre de l’autre main.
Si les garcons s’y sont pointés en tenue plus ou moins decente, plusieurs filles ont défrayé la chronique en arborant des vêtements débridés (jeans déchirés au niveau des cuisses, petites culottes, mini-jupes, blouses au dos nu...), éveillant la curiosité des conducteurs et des passants.
UN MARCHE JUTEUX
Cette affluence non attendue dans les principaux carrefours de la ville a fait le bonheur de plusieurs marchands ambulants, qui ont trouvé l’occasion propice de proposer à la vente des lots de vuvuzela à 2.000 Fc (2 dollars Us) la pièce, de boîtes de poudre à 1.000 Fc (1 dollar Us) l’exemplaire, et des sifflets, cinq articles se négociant à 1.000 Fc.
L’engouement des lauréats fait aussi l’affaire des tenants de cabines téléphoniques qui conditionnent "la vision" (consultation) des résultats du candidat ou de la candidate, au paiement de 1.000 Fc. Comme ces vendeurs ambulants, les tenants des terrasses sont aussi aux anges, car la publication des résultats leur a toujours été favorable pour écouler à loisir leurs stocks de boissons.
MOTOS ET TAXIS TRES SOLLICITES
De même, les conducteurs des taxis et des motos ont tiré leur épingle du jeu, très sollicités pour acheminer les lauréats et leurs proches aux débits de boissons ou d’autres lieux de ralliement. "Ce soir, je vais faire de bonnes affaires avec ces finalistes qui seront nombreux à solliciter des courses à travers la capitale. Je vais travailler jusque très tard la nuit pour maximiser mes recettes journalières", a lâché un taximan desservant la ligne Victoire-Gombe.
Plus sollicités, les "wewa" (conducteurs des motos en jargon kinois) se sont mis à roder autour de plusieurs cabines téléphoniques où s’agglutinaient des finalistes. Que ce soit le long de la très fréquentée avenue Kabambare, qui relie les communes de Lingwala, Kinshasa et Barumbu, tout comme sur l’avenue des Huileries, Kasa-vubu, Victoire... où les buvettes et terrasses sont désormais prises d’assaut par les lauréats, avides de faire couler à flot l’alcool.
LA MISE EN GARDE DU GENERAL KANYAMA
Certains finalistes, désireux de manifester leur joie à la face du monde, n’ont pas hésité à enfourcher à trois, voire à quatre une moto, juste derrière le conducteur, roulant à vive allure sur les artères de la capitale, bondées de véhicules. C’est dans cette euphorie qu’une moto a échoué dans sa course hier en début d’après-midi au niveau de la 10ème rue, le conducteur, s’étant affalé sur le sol, grièvement blessé.
Conscient du danger, le commissaire provincial de la police de Kinshasa, le général Célestin Kanyama est vite intervenu hier sur les antennes d’une chaîne locale pour appeler les finalistes de la capitale à adopter "un comportement responsable", sous peine de sanctions. Un appel qui vaut son pesant d’or pour éviter toutes dérives malencontreuses en cette période politiquement sensible.
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