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Pavel Dourov, l'enfant terrible du Web russe

2016-05-19
19.05.2016
Société
2016-05-19
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Pavel Dourov, l'activiste du Web russe, est décrit par ceux qui l'ont cotoyé comme insaisissable, introverti et étrange.

Sa messagerie Telegram aurait servi aux terroristes du 13 novembre. Le mystérieux « Zuckerberg russe » s'en moque. Pour lui, la liberté individuelle est au-dessus de tout. Quitte à choquer.

C'est le Mark Zuckerberg du Web russe, et l'un des plus farouches opposants à Vladimir Poutine. L'un des plus discrets, aussi. Contraint à l'exil après ses démêlés avec le Kremlin, Pavel Dourov brouille les pistes et n'est jamais là où on l'attend. En décembre dernier, à l'ouverture du plus grand forum de Moscou consacré à l'économie d'Internet, beaucoup espéraient sa venue. Mais le fondateur de VKontakte, principal réseau social du pays, et de la sulfureuse messagerie Telegram n'y a pas fait la moindre apparition. « Sans surprise... Il est hors système ! » lâchent plusieurs participants, tous plus jeunes et décontractés les uns que les autres. « Il ne veut pas associer son image à la Russie. Sa vision et ses projets sont globaux. »

Depuis son bras de fer avec les autorités en 2014 à propos de VKontakte, jugé trop indocile et finalement repris par des amis du Kremlin en échange d'un gros pactole (évalué entre 50 et 100 millions de dollars), Pavel Dourov, trente et un ans, est officiellement en exil. Mais, régulièrement, il reviendrait à Saint-Pétersbourg voir sa famille. Peu le croisent néanmoins dans sa ville natale, où, en 2006, il avait créé ce réseau social à sa sortie d'université. Certains l'imaginent à Berlin ou à Bali. D'autres l'ont rencontré à Barcelone et à San Francisco.

Pour contacter « Pasha », comme on l'appelle, le meilleur moyen est encore de tenter sa chance sur la Toile, via les nombreux réseaux sociaux, messageries et adresses e-mail qu'il utilise. En vain... Après deux mois de multiples prises de contact, pas le moindre signe de vie.

« Sans surprise... » réagit à son tour Pavel Kushelev, expert réputé du Web russe. « "Pasha" répond quand ça l'arrange, quand il a le temps ! Pionnier dans son secteur, il est conscient de son influence, celle d'un entrepreneur à succès devenu un média à lui tout seul », explique-t-il, montrant sur l'écran de son téléphone le dernier message personnel reçu de Pavel Dourov. C'était juste après les attentats du 13 novembre à Paris. Telegram, la messagerie lancée en 2013 avec son frère Nikolaï, était alors pointée du doigt.

Conçue pour protéger ses utilisateurs du contrôle des autorités grâce à un système de cryptage plus complexe et plus sûr que celui de sa concurrente WhatsApp, elle s'est révélée un formidable outil pour les terroristes, qui auraient apparemment communiqué en toute impunité via cette application avant les attaques de Paris et de Saint-Denis.

Face aux critiques, Pavel Dourov a répondu en bloquant 78 comptes liés à l'Etat islamique et réaffirmé sa vigilance à l'égard des contenus pornographiques. Tout en répétant son mot d'ordre : « Si critiquer un gouvernement est illégal dans un pays, Telegram ne participera pas à une telle censure. » En Russie, cible d'un attentat le 31 octobre, peu avant les attaques de Paris, certains ont réclamé l'interdiction de Telegram et des autres messageries. Pourquoi ne pas « interdire les mots », a rétorqué Pavel Dourov ?

Dans les milieux du Web russe, beaucoup manient la même ironie : « S'il y a meurtre au couteau, le couteau est-il le coupable ? » Telegram n'est pourtant pas au-dessus de tout soupçon, accusé d'avoir su depuis longtemps que les djihadistes passaient par sa messagerie. « Dès sa création, quelque 90.000 personnes par jour au Moyen-Orient l'ont rejointe. C'est énorme. Cela n'a pas pu passer inaperçu.

Très vite l'information a filtré que, parmi ces utilisateurs, il y avait des gens de Daech. Mais ce n'est qu'après les attentats de Paris que Pavel Dourov a décidé de bloquer des comptes », raconte le spécialiste d'Internet Igor Achmanov.

Cette figure reconnue du Web russe a lui-même fait affaire avec Pavel Dourov, lorsque le fondateur de VKontakte avait encore besoin de relais pour son développement. « Un jeune homme au comportement étrange, dit-il, le roi des trucs bizarres. Il s'est d'ailleurs fâché avec beaucoup de monde. » Igor Achmanov se souvient d'un épisode à la fois insolite et déplacé : du haut de ses bureaux à Saint-Pétersbourg, Pavel Dourov avait lancé par la fenêtre des billets de 5.000 roubles (quelque 120 euros à l'époque) pliés en forme de petits avions et s'amusait à regarder les passants. « Il est sauvage ! » résume Achmanov. « Il a cette mentalité de jeune nouveau riche gâté qui ne réfléchit pas à ce qu'il fait. Mais qui prend ensuite peur des conséquences de ses actes. »

Leçons au gouvernement français

Cela a sans doute été le cas après ses commentaires sur les attentats de Paris lorsque « Pasha » est allé jusqu'à donner des leçons au gouvernement français : « Il est aussi responsable que l'Etat islamique. Il prend l'argent de ceux qui travaillent dur en France avec des impôts d'un niveau scandaleux et le dépense pour des guerres inutiles au Proche-Orient et pour créer un paradis social parasitaire pour les immigrants d'Afrique du Nord. » Loin du « politiquement correct », ses remarques ont provoqué quelques vagues. Pavel Dourov, qui passe désormais le plus clair de son temps dans le confort des pays occidentaux, a fini par s'inquiéter lui-même de leurs retombées négatives. Ennuyeux, au moment où il s'efforce de faire grandir Telegram, qui compte déjà 100 millions d'utilisateurs, pour en tirer des revenus. Une ambition commerciale qui cadre mal avec ses déclarations à l'emporte-pièce. Depuis, « Pasha » garde le silence.

« C'est avant tout un introverti. Avec son énergie mais aussi ses complexes », prévient Matveï Alekseev, un ancien de VKontakte. Célibataire, Pavel Dourov se drape régulièrement de noir et se montre rarement. Il compterait peu d'amis en dehors d'un petit groupe de fidèles. « C'est difficile de travailler avec lui. Il parle peu », raconte Alekseev qui, comme beaucoup de jeunes loups de l'Internet russe, fait partie de la « génération Dourov ». Et ne cache pas son admiration pour ce « Robin des bois du Web » qui, dans un pays au régime autoritaire, a placé la défense des libertés individuelles au-dessus de tout.

Long bras de fer

C'est précisément pour défendre sa liberté d'entrepreneur qu'en avril 2014, au bout d'un long bras de fer avec les autorités, Pavel Dourov a préféré quitter la Russie. « Malheureusement, la situation y est incompatible en ce moment avec le business sur Internet », avait-il alors déclaré, contraint d'abandonner la direction de VKontakte après avoir déjà dû en céder le contrôle financier à des hommes d'affaires pro-Kremlin. « J'ai refusé publiquement de coopérer avec les autorités. Elles ne peuvent pas me supporter », avait-il confié juste avant son départ. Un acte de bravoure face à l'Etat, qui redoutait la capacité de nuisance de VKontakte et de ses quelque 100 millions d'utilisateurs en Russie et dans les ex-républiques soviétiques. Notamment en Ukraine... Aux yeux du Kremlin, ce réseau social a joué un rôle crucial dans la révolution pro-européenne à Kiev et le FSB (l'un des héritiers du KGB) voulait récupérer les données des meneurs l'ayant utilisé pour mobiliser les foules. « Niet », a répondu Dourov.

En quelques mots, une fracassante démission et un soudain exil à l'étranger, Pavel Dourov est alors devenu malgré lui le symbole de la reprise en main du Web par le Kremlin. Un paradoxe car, parallèlement, les autorités encouragent le développement d'Internet. A Moscou, par exemple, la mairie a équipé de wi-fi gratuit les principaux parcs et, chaque jour, plus d'un million de passagers du métro se connectent à ce qui constitue le premier réseau wi-fi gratuit en Europe, en nombre d'utilisateurs. Mais les cas de censure sur le Web se multiplient. Ils ont décuplé en 2015 par rapport à 2014, selon le rapport « Le Triomphe de la censure » que vient de publier l'association d'avocats Agora. Il s'agit notamment de sites Web bloqués sur simple ordre ou de personnes poursuivies pour avoir posté des contenus jugés extrémistes. Avec, parfois, des peines de prison : en décembre, un blogueur de Sibérie a été condamné à cinq ans de camp de travail (et trois ans d'interdiction d'accès au Web) pour avoir mis en ligne des vidéos pro-ukrainiennes.

Juste avant l'exil de Pavel Dourov, le Parlement russe venait d'adopter une nouvelle réglementation imposant de strictes règles aux blogs : si le site reçoit plus de 3.000 visiteurs par jour, il doit s'enregistrer auprès de l'autorité de contrôle des médias et s'engager à vérifier la véracité des informations publiées. Depuis, appareils administratifs et judiciaires ne cessent de serrer la vis. Ces poursuites et réglementations, notamment la nouvelle loi à l'étude pour contrôler davantage les flux Internet, sont aux antipodes de la liberté d'expression défendue par Pavel Dourov. Avant même son bras de fer avec les autorités sur les données des meneurs de la contestation en Ukraine, il avait déjà refusé que VKontakte livre au FSB les données personnelles d'opposants russes. A son actif notamment : le refus de bloquer la page d'Alexeï Navalny, l'un des leaders de l'opposition anti-Kremlin.

« Pasha » n'est pas pour autant un dissident politique. Plus qu'un espace de débat d'idées, VKontakte a réussi à doubler Facebook en Russie avant tout parce que c'était une plate-forme de téléchargement et de streaming illicites de films et de musique. Avec VKontakte, Pavel Dourov voulait donner à tous, et surtout aux plus défavorisés, libre accès à ce qui était réservé à une élite aisée. Avec Telegram, il veut désormais défendre le droit des individus à la vie privée et, déjouant l'appétit de contrôle des autorités, garantir la liberté d'échanger des messages sans être lu. Un libertaire plus qu'un rebelle.

Benjamin Quénelle
lesechos
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