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Société

L’Etat congolais appelé à revoir les conditions de travail des policiers

2014-04-09
09.04.2014 , Kinshasa
Société
2014-04-09
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Sans un minimum de bien-être, les efforts dans l’enseignement des vertus risquent de ne produire aucun effet.

La récente parade des policiers de la ville de Kinshasa, présidée par leur commissaire général Célestin Kanyama Tshishiku, le dimanche 06 avril au stadium Vélodrome de Kintambo, reste encore parmi les sujets d’actualité dans la capitale. Civils et policiers ressassent sans cesse les différentes décisions annoncées au cours de cette causerie morale. Même si les policiers de roulage ont été les plus directement intéressés, la leçon de la rencontre de Kintambo a concerné tous les policiers employés dans différentes unités de la Police nationale congolaise (PNC), prestant dans la ville province de Kinshasa.

La parade du Vélodrome aura eu le mérite d’être une sorte d’audience foraine au cours de laquelle le général Célestin Kanyama, très célèbre dans les rues de Kinshasa, a annoncé son "réquisitoire". Il a, à l’occasion, signé l’arrêt de mort du policier ancien, au profit d’une attestation de naissance d’un nouveau policier congolais en général. Et, particulièrement, le policier kinois.

Paraphrasant les Saintes écritures, le premier des policiers de Kinshasa souligne que la PNC a désormais, besoin d’un policier né de nouveau. Ce "Nicodème" tant attendu dans les rangs de la PNC doit être un policier discipliné. Un policier qui incarne des valeurs. Plus qu’un agent de l’ordre, le policier, nouvel homme doit tourner le dos aux pratiques qui déshonorent le kaki bleu. Ces tares sont principalement la corruption, le trafic d’influence, l’arbitraire dans la qualification des contraventions… Puis le trafic d’influence. Dans les milieux des automobilistes de Kinshasa, les orientations du commissaire général de la PNC, ville province de Kinshasa, ont valeur de mise en demeure.

DÉMARCHE LOUABLE DU GÉNÉRAL

Toujours dans le cadre de la campagne d’assainissement de la PCR, il a été décidé qu’aucune amende transactionnelle ne doit plus être payée et perçue dans les rues. Bien au contraire. Tout conducteur, auteur d’une contravention routière devra, dorénavant, s’acquitter de ses obligations auprès d’un guichet de la Banque. En contrepartie, une quittance lui sera remise en signe de preuve de payement. Les policiers PCR n’ont pas été la seule cible des recommandations du général Célestin Kanyama. Car, la causerie de Kintambo a également concerné, sans doute à proportions inégales, les conducteurs et les propriétaires des véhicules automoteurs.

Aux chauffeurs et propriétaires de véhicules automoteurs, l’homme très fort de la PNC, ville province de Kinshasa, a rappelé l’échéance du 2 mai 2014. Cette date, insiste-t-il, coïncide avec la fin du moratoire accordé pour que les taxis-motos, taxis et bus se mettent en ordre avec le contrôle technique. "Mettez-vous en ordre. Ce jour-là …", prévient le général Kanyama dans une suspension qui alimente un suspense à couper au couteau. Comme qui dirait, l’Après 2 mai prochain se veut une période de discipline libertaire à imposer aux chauffeurs et propriétaires têtus de véhicules.

Toujours à l’occasion de la parade du stadium Vélodrome, le général Kanyama avait également annoncé la restructuration de la PCR. Désormais, les policiers servant le pays au sein de cette unité de la PNC, seront regroupés en deux bataillons. On aura donc, un bataillon PCR pour Kinshasa Est et un autre pour la partie Ouest de la métropole congolaise. Comme innovation, c’en est une. Et, comme pour annoncer les couleurs de ce changement auquel il tient tant, Célestin Kanyama Tshishiku a même frappé. Les chanceux ont été permutés. Par contre, les malchanceux ont carrément quitté les rangs de la PCR et mis à la disposition de l’Inspection provinciale de la PNC/ville de Kinshasa qui les emploiera comme elle l’entendra.

DANS UNE SOCIÉTÉ EN CRISE, LA MORALE N’EST-ELLE PAS SUSPENDUE ?

Nulles vertueuses gens ne sauraient faire de reproches au général Kanyama. Ce, dans la mesure où ses préceptes concourent à la cohésion nationale. Du moins, dans une cohabitation pacifique et harmonieuse entre le civile et le policier. C’est vrai que le défi à relever est important. Autant la PNC aligne des éléments instruits, disciplinés et compétents, autant qu’elle en compte également des pêcheurs en eau trouble.

Sans conteste, nombreux ont été des Kinois qui, le même dimanche, ont vite réagi au message du commissaire général Célestin Kanyama, pour dire que ce n’était pas du tout différent de toutes les causeries morales de tous ses prédécesseurs. Certains ont même dit que le bel élan autrefois imposé par le général Célestin Kifwa, sous le pouvoir du défunt chef de l’Etat Laurent-Désiré Kabila, avait finalement baissé de régime. L’un ou l’autre camp a peut-être raison. Cependant, les auteurs des deux jugements semblent avoir tort, dans la mesure où toute comparaison n’est pas raison. S’il est vrai que les différents responsables qui se sont succédé à la tête de la PNC/ville de Kinshasa, avaient les mêmes objectifs, il est autant vrai aussi que tous n’ont pas la même méthode.

En ce qui concerne le général Célestin Kanyama, les Kinois lui reconnaissent bien de mérites. Jusqu’au-boutiste, cet officier général de la Police nationale congolaise est d’un charisme qui met ses subalternes d’accord. A ce titre, il charrie des atouts lui permettant d’affronter le défi. Et, il sait bien le faire. L’un des épisodes de l’Opération "Likofi" sous sa conduite, a produit des effets salués globalement par les Kinois. En l’occurrence, l’assainissement des parkings de Kinshasa, l’évacuation des kiosques et étals érigés sur la voie publique…

Toutefois, au-delà de tous ces enseignements, le fondamental demeure. Aux yeux de certains analystes, l’assainissement des mœurs au sein de la PNC est la conjugaison de deux facteurs. La morale seule ne suffisant pas, les mêmes observateurs estiment qu’il faille y associer l’amélioration des conditions de travail et de vie du policier congolais. Il semble que c’est là, le hic même du problème. Bien évidement, il s’agit-là, d’une partie du "Contrat social " que la partie Gouvernement doit remplir. Si les officiels de la Police se limitent aux aspects pédagogique et administratif, il va de soi que les Finances relèvent des Pouvoirs publics.

C’est vrai, comme le disait Jean Racine, "l’argent en honnête homme peut ériger un scélérat". Il est aussi vrai que sans argent, il n’y a point de vie. Sinon, celle-ci devient intenable et conduit finalement à la mendicité. Tout bien considéré, quand la crise secoue une communauté, c'est généralement la morale qui en pâtit. Celle-ci est donc suspendue au profit d’une lutte permanente pour la survie. Et donc, bienvenue aux valeurs négatives. Par rapport à la situation de nos policiers, il est de bon sens que le Gouvernement y pense sérieusement. Car, sans un minimum de bien-être, la vertu est nulle.


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